Santé

En Iran, le bilan du coronavirus en hausse dans un contexte d'accusations de dissimulations

Sultan al-Barei à Riyad et AFP

Le vice-ministre de la Santé iranien Iraj Harirchi s'essuie le visage lors d'une conférence de presse à Téhéran, le 24 février. Le jour suivant, il a confirmé avoir été testé positif au coronavirus. [Mehdi Bolourian/FARS NEWS/AFP]

Le vice-ministre de la Santé iranien Iraj Harirchi s'essuie le visage lors d'une conférence de presse à Téhéran, le 24 février. Le jour suivant, il a confirmé avoir été testé positif au coronavirus. [Mehdi Bolourian/FARS NEWS/AFP]

L'Iran a confirmé sept nouvelles morts liées au coronavirus COVID-19 durant les dernières 24 heures, a fait savoir le ministère de la Santé jeudi 27 février, portant le bilan total à 26, le plus élevé en dehors de la Chine.

Cent six cas d'infections confirmées supplémentaires ont porté le nombre total de cas à 245 à ce jour, a indiqué le porte-parole du ministère Kianoush Jahanpour lors du point de presse journalier.

Les experts sanitaires internationaux ont fait part de leurs préoccupations à propos de la gestion par l'Iran de cette épidémie, et plusieurs soupçonnent que le nombre d'infections et de décès en Iran serait supérieur à ce qui est déclaré.

Parmi les dernières personnes atteintes par le nouveau coronavirus se trouve Mojtaba Zolnour, président de la commission parlementaire pour la sécurité nationale et les affaires étrangères, qui a été vu dans une vidéo postée par l'agence de presse Fars indiquant qu'il avait été placé en quarantaine.

Des personnes portant des masques de protection attendent dans une rue de Téhéran le 24 février dans un contexte d'épidémie de coronavirus COVID-19. [Atta Kenare/AFP]

Des personnes portant des masques de protection attendent dans une rue de Téhéran le 24 février dans un contexte d'épidémie de coronavirus COVID-19. [Atta Kenare/AFP]

Des personnes portant des masques de protection attendent à un arrêt de bus à Téhéran le 24 février dans un contexte d'épidémie de coronavirus COVID-19. [Atta Kenare/AFP]

Des personnes portant des masques de protection attendent à un arrêt de bus à Téhéran le 24 février dans un contexte d'épidémie de coronavirus COVID-19. [Atta Kenare/AFP]

Cet imam est député de la ville sainte de Qom, dans le centre de l'Iran, où les premiers cas de la maladie dans le pays avaient été détectés.

Cette annonce par Zolnour intervient deux jours après qu'un autre haut responsable, le vice-ministre de la Santé Iraj Harirchi, chef de la task force anti-coronavirus gouvernementale, a annoncé qu'il avait contracté le virus.

Le régime iranien « semble dissimuler des informations sur l'épidémie », a estimé mercredi l'instance de surveillance des médias Reporters sans frontières (RSF), accusant Téhéran de bloquer les reportages indépendants sur l'épidémie.

« Les autorités insistent sur le fait qu'elles ont la situation sous contrôle, mais elles refusent de publier les chiffres exacts des morts et des infections, et empêchent les journalistes qui tentent de couvrir l'affaire », a-t-elle indiqué. « Or, faire de la rétention d'informations peut tuer. »

RSF a indiqué que le journaliste indépendant Mohammad Mosaed avait été interrogé par les responsables des renseignements du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) le 23 février à propos de messages qu'il avait publiés sur les réseaux sociaux concernant l'épidémie.

Il a été libéré après son interrogatoire, mais son téléphone et son ordinateur ont été saisis et sa messagerie Telegram ainsi que ses comptes sur Twitter ont été fermés.

Selon la cyberpolice iranienne, 24 personnes ont été arrêtées et accusées de répandre des rumeurs sur l'épidémie, tandis que 118 internautes ont été brièvement détenus et ont reçu des avertissements.

L'Iran accusé de dissimulation

« Il n'est pas surprenant que le régime iranien dissimule des informations liées à la propagation du coronavirus », a expliqué à Al-Mashareq le spécialiste des affaires iraniennes Fathi al-Sayed, du Centre al-Sharq d'études régionales et stratégiques.

L'apparition des infections en Iran a coïncidé avec les récentes élections législatives, a-t-il expliqué, soulignant que divulguer des informations sur cette épidémie aurait entraîné une participation encore plus faible.

« Les élections auraient pu être reportées pour protéger le peuple », a-t-il indiqué.

Dans l'état, ces élections ont été marquées par une faible participation record, qui s'est établie à seulement 42,6 % des électeurs, le taux de participation le plus faible depuis quarante ans.

L'obstination du régime à tenir ces élections et à placer ses candidats loyalistes dans le gouvernement aurait pu avoir des « conséquences catastrophiques », a indiqué al-Sayed, au vu du brassage des électeurs dans les bureaux de vote.

Ces allégations de dissimulation rappellent les mesures prises par les autorités à la suite des inondations dévastatrices de l'an dernier, a-t-il ajouté, lorsqu'elles avaient caché les causes et l'ampleur de la dévastation et le nombre de morts et de déplacés.

Les responsables iraniens ont annoncé qu'ils ne mettraient en quarantaine ni ne boucleraient aucune ville, malgré le nombre croissant d'infections et de morts.

« Au lieu de mettre les villes en quarantaine, nous allons mettre en place des restrictions de déplacements pour les personnes soupçonnées d'être infectées », a déclaré le ministre iranien de la Santé Saeed Namaki mercredi lors d'une conférence de presse.

Cette décision intervient tardivement et pourrait ne pas suffire à empêcher le virus de continuer à se propager, a mis en garde al-Sayed.

Plusieurs pays ont suspendu les vols vers des pays qui ont signalé des chiffres d'infection même modestes, a-t-il ajouté, soulignant que « le gouvernement iranien n'a pris aucune mesure en dépit de leur extrême nécessité ».

Lenteur des autorités à répondre

Le régime iranien a rompu les accords sanitaires internationaux, a expliqué Sami Gheit, chercheur au Centre al-Sharq d'études régionales et stratégiques.

Ces accords internationaux de santé publique, destinés à empêcher la propagation des épidémies, stipulent que tous les pays doivent faire preuve de transparence, divulguer le nombre d'infections et fournir des mises à jour sur la situation, a-t-il rappelé à Al-Mashareq.

L'Iran ne l'a pas fait, a-t-il affirmé, dans le but de protéger ses propres intérêts.

La semaine dernière, l'Iran a annoncé ses deux premiers décès liés au coronavirus à Qom. Mercredi, cette seule ville enregistrait quinze nouveaux cas.

Mais au lieu de prendre des mesures urgentes, telles que la suspension des visites et la fermeture des mosquées et des hawzas (séminaires chiites) pour contrer la propagation, a poursuivi Gheit, les autorités se sont contentées d'annoncer de légères restrictions mercredi.

Les autorités iraniennes ont imposé des limitations d'accès aux principaux sites de pèlerinage chiites, notamment le tombeau de l'Imam Reza à Mashhad et le tombeau de Fatima Masoumeh à Qom.

Les visiteurs de ces sanctuaires seront autorisés à s'y rendre à condition qu'il leur soit fourni des « liquides de lavage de main, des informations (de santé) adéquates et des masques », a déclaré le ministre de la Santé.

Ils ne devront « pas se regrouper, et devront juste prier et quitter les lieux », a ajouté Namaki.

Le manquement par le régime iranien à refouler ou à imposer une quarantaine aux pèlerins chinois est la cause la plus probable de la propagation de l'infection, a affirmé Gheit, soulignant que l'absence de restrictions était probablement destinée à préserver les relations de l'Iran avec la Chine.

La Chine est un allié essentiel de l'Iran et l'un de ses principaux défenseurs au Conseil de sécurité des Nations unies, a-t-il précisé, ajoutant que l'Iran dépend fortement de ses fortes relations commerciales avec la Chine alors qu'il doit affronter une crise économique et les sanctions américaines.

« Garder Qom ouverte aux visiteurs a non seulement fait du tort au peuple iranien, mais a également contribué à répandre le virus dans les pays d'origine des pèlerins », a encore déclaré Gheit.

Il a souligné que les infections liées à ces pèlerinages étaient apparues dans des pays comme l'Irak, le Liban, le Koweït, Bahreïn, l'Afghanistan, Oman et les Émirats arabes unis.

Le premier cas confirmé du virus en Irak a été celui d'un ressortissant iranien étudiant dans un séminaire de la ville sainte chiite de Najaf. Ce jeudi, l'Irak comptait désormais six cas confirmés du virus du COVID-19, tous traçables vers l'Iran.

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3 COMMENTAIRE (S)

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Dieu me suffit et Il est le meilleur gérant d'affaires!

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Méfiez-vous d'elle!

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Que Dieu exige la vengeance de l'Iran!

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