La dissimulation par l'Iran d'informations sur la propagation du nouveau coronavirus (COVID-19) et son retard à prendre des mesures de précaution découlent de la politique du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), ont déclaré des experts.
L'objectif premier du CGRI est de protéger ses propres intérêts, même si cette politique coûte leur vie à des Iraniens, ont-ils indiqué à Al-Mashareq.
Ce n'est pas seulement le peuple iranien qui paye de sa vie cette politique, mais aussi les citoyens des autres pays de la région où le CGRI et ses affiliés sont présents.
Le CGRI et les miliciens affiliés font des allers-retours entre l'Iran et ces pays sans subir de contrôles ni de procédures médicales de précaution.
« Le manque de transparence dans la communication des chiffres relatifs à la propagation du coronavirus, en termes d'ampleur de la propagation, d'infection et de décès, n'est pas une question interne qui ne concerne qu'un seul pays et sa population », a indiqué Sami Gheit, chercheur au Centre al-Sharq d'études régionales et stratégiques.
Il concerne « plutôt la région entière autour de ce pays, et le monde en général », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.
« Le CGRI a dissimulé des informations sur la propagation de la pandémie et n'a pas pris les précautions nécessaires » pour empêcher sa propagation, a-t-il ajouté.
« Le régime syrien suit le même schéma d'opacité », a-t-il poursuivi.
Répression des militants
Les autorités iraniennes ont commis « le crime le plus ignoble contre le peuple iranien en négligeant d'arrêter les vols à destination et en provenance de la Chine après la détection de l'épidémie de coronavirus en Chine », a accusé le dissident iranien Hussein Shayan.
« Pour protéger ses intérêts avec la Chine, le CGRI a ignoré tous les avertissements mondiaux » en continuant à autoriser les vols à destination et en provenance de ce pays, a-t-il déclaré à Al-Mashareq.
« "Les avertissements ne venaient pas seulement de l'étranger mais aussi de l'intérieur, car plusieurs militants iraniens ont publié des vidéos montrant que ces vols se poursuivaient », a rapporté Shayan.
En réponse à ces protestations, le régime iranien a réprimé ces militants, a-t-il raconté, « ce que font habituellement les autorités lorsque sortent des informations accablantes sur elles et leurs actions contre leur peuple ».
« Au vu de la persistance de cette opacité et du caractère exclusif des décisions prises par le CGRI, les informations publiées sur la pandémie et les chiffres relatifs aux infections et aux décès ne sont que parcellaires », a-t-il noté.
« Les militants font circuler des informations et des chiffres très élevés, plusieurs fois supérieurs aux chiffres annoncés jusqu'à présent », a-t-il rapporté, ajoutant que « la réponse médicale n'est pas à la hauteur de la menace ».
Selon un rapport publié mardi 14 avril par le parlement iranien, le nombre réel de victimes de l'épidémie en Iran est estimé à 80 % de plus que celui annoncé par le gouvernement.
Le nombre d'infections par COVID-19 a été estimé « huit à dix fois » supérieur, a fait savoir centre de recherche du parlement dans son rapport.
Il a déclaré que les chiffres officiellement annoncés étaient uniquement basés sur « les patients qui sont hospitalisés avec des symptômes graves ».
Il a également critiqué le gouvernement pour sa lenteur à agir contre l'épidémie et a déclaré qu'une « deuxième vague » du virus pourrait arriver l'hiver prochain, peut-être sans interruption en raison de mesures de confinement trop lentes.
Même rhétorique entre le CGRI, le Hezbollah et les Houthis
La politique menée par le CGRI et ses affiliés est basée sur la projection d'un contrôle total et le sentiment donné que la situation dans les zones sous leur influence est stable, et que toute lacune, si elle est constatée, est causée par une interférence extérieure, a expliqué Mazen Zaki, directeur du Centre Ibn al-Waleed d'études et de recherches de terrain.
Ce discours est repris par les dirigeants de la Force al-Qods, du Hezbollah libanais et des Houthis (Ansarallah) yéménites, a-t-il fait savoir à Al-Mashareq.
Tous travaillent dans un seul but : renforcer leur contrôle sur leurs zones de présence « de toutes les manières possibles, quel qu'en soit le prix », a-t-il déclaré.
Il était donc naturel « pour le CGRI de dissimuler des informations sur la propagation du coronavirus en Iran, faute de voir un effet négatif se développer dans les zones où il est présent », a-t-il indiqué.
Cela nuirait à sa popularité et conduirait à l'échec de son projet expansionniste, a ajouté Zaki.
Cependant, les informations actuelles sur la propagation du virus à l'échelle mondiale et le rôle que les réseaux sociaux jouent dans la transmission des faits ont rendu tout à fait impossible la dissimulation de la vérité, a déclaré Zaki.
« C'est pourquoi nous voyons le CGRI et ses affiliés réprimer, intimider et même arrêter » quiconque diffuse des informations qui vont à l'encontre des intérêts du régime, a-t-il conclu.