Les conservateurs iraniens ont déclaré victoire dimanche 23 février lors d'une élection générale marquée par le plus faible taux de participation depuis la révolution islamique de 1979.
Ce vote s'est déroulé dans un climat de colère du public contre le gouvernement, d'une crise économique et de la disqualification de la moitié des candidats.
Le ministère de l'Intérieur a annoncé les résultats de 95 % des 208 circonscriptions électorales du vote de vendredi, en déclarant les noms des candidats gagnants sans préciser leur appartenance politique.
Le ministre de l'Intérieur Abdolreza Rahmani Fazli a annoncé que le taux de participation s'était établi à 42,6 %, le plus bas depuis quarante ans.
Il a affirmé que le taux de participation était « acceptable » pour l'Iran, après une mauvaise météo dans le pays, une catastrophe aérienne, une épidémie de coronavirus et d'autres incidents à l'approche des élections de vendredi.
Une faible participation avait été prévue, car un organisme de surveillance électorale dominé par les conservateurs a disqualifié environ la moitié des quelque 16 000 candidats, pour la plupart des modérés et des réformistes.
Les bureaux de vote ont fermé vendredi après de multiples extensions qui ont vu le vote prolongé au moins cinq fois pour un total de six heures, afin de permettre au plus grand nombre de personnes de voter.
L'apathie des électeurs a marqué le scrutin, mais le Guide suprême d'Iran Ali Khamenei a loué la « participation massive » du peuple malgré ce qu'il a appelé la « propagande négative » des médias étrangers.
« Ces élections ont été une farce »
Les élections législatives n'ont été qu'une mise en scène du régime iranien, dirigée par le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), ont affirmé des experts en affaires iraniennes à Al-Mashareq.
Les élections n'ont pas reflété la véritable volonté du peuple, ont-ils déclaré, soulignant que cette abstention des Iraniens dans le processus de vote reflète leur désenchantement vis-à-vis de leurs dirigeants et leur manque de confiance envers les politiques menées depuis des décennies.
« Les élections législatives n'étaient rien d'autre qu'une farce », a déclaré Fathi al-Sayed, spécialiste des affaires iraniennes au Centre al-Sharq d'études régionales et stratégiques.
Elles visaient à maintenir le contrôle des partisans de la ligne dure sur le parlement et empêcher l'entrée des réformistes et des modérés, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.
Cela s'est manifesté avant les élections par le rejet de la candidature de milliers de personnes et leur exclusion de l'arène politique, a-t-il précisé.
Pour al-Sayed, c'est la raison pour laquelle le peuple iranien ne s'est pas rendu aux urnes, ajoutant que le taux de participation était le plus faible depuis l'arrivée au pouvoir du CGRI.
Les chiffres publiés par les institutions gouvernementales affirment que le taux de participation s'est établi aux alentours de 40 %, a-t-il déclaré, « alors qu'en vérité, selon les chiffres des bureaux de vote et les comptages, le taux de participation réel n'a été que d'environ 20 % ».
Manque de confiance dans le régime
Sheyar Turko, chercheur en affaires iraniennes, a attribué le faible taux de participation au manque de confiance du peuple iranien envers ses dirigeants et à son rejet des politiques menées au niveau national et à l'étranger.
Ces politiques ont mené à une situation économique désastreuse qui a conduit de nombreux Iraniens sous le seuil de pauvreté, épuisé le trésor iranien et vu l'utilisation de fonds publics pour financer le CGRI et ses opérations militaires à l'étranger, a-t-il déclaré.
Ces politiques ont également mené à l'imposition de sanctions contre l'économie iranienne afin de faire pression sur le CGRI pour qu'il mette fin à ses transgressions et ses provocations dans la région, a-t-il poursuivi, notant que la plupart des pays de la région sont maintenant en désaccord avec l'Iran.
Cette hostilité est la conséquence de l'ingérence continue de l'Iran dans leurs affaires intérieures, a expliqué Turko.
Un sentiment de frustration à l'égard de la classe dirigeante prévaut également en raison du manque de libertés individuelles et des mesures de répression continues à l'encontre de ceux qui réclament un changement et une modification des politiques menées par le régime, a-t-il conclu.
Salah Al Najar
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