Société

Les Iraniens nostalgiques de leur pays avant la révolution

Hassan al-Obeidi à Bagdad

Une Iranienne passe devant une fresque le 19 novembre à Téhéran. Plus de 40 ans après la révolution islamique de 1979, les Iraniens n'ont toujours pas vu les changements positifs qui leur avaient été promis. [Atta Kenare/AFP]

Une Iranienne passe devant une fresque le 19 novembre à Téhéran. Plus de 40 ans après la révolution islamique de 1979, les Iraniens n'ont toujours pas vu les changements positifs qui leur avaient été promis. [Atta Kenare/AFP]

Plus de 40 ans après la révolution islamique de 1979 qui a porté l'actuel régime iranien au pouvoir, le peuple n'a toujours pas vu les changements positifs qui lui avaient été promis, ont déclaré des analystes à Al-Mashareq.

L'Iran d'aujourd'hui est isolé et appauvri, ont-ils fait savoir, témoignant de l'échec de ses politiques intérieures et de son favoritisme, toute une classe de gens profitant de sa proximité avec le régime ou le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI).

Dans le contexte actuel, qui a vu des manifestations contre l'économie, beaucoup d'Iraniens ont la nostalgie de l'époque d'avant 1979 et de ses plus grandes libertés individuelles, son économie décente, sa stabilité interne et ses bonnes relations extérieures.

Le dissident iranien Sohran Belani, un chercheur qui habite en Autriche, a déclaré à Al-Mashareq qu'il se souvient des premiers jours après que le leader suprême de l'époque, Rouhollah Khomeini, eut rejoint Téhéran depuis Paris.

« Tout a commencé à décliner en Iran lorsque les gens ont permis à la doctrine de la Wilayat al-Faqih (Tutelle du Juriste) de gérer tous les aspects de leur vie, y compris l'économie, la politique, la sécurité et la société », a déclaré Belani.

« Des lois et des codes islamiques ont été publiés pour limiter les libertés individuelles », a-t-il déclaré, notant que « des codes aussi stricts ont créé un conflit » et ont même conduit à l'exécution de dissidents qui s'opposaient aux politiques répressives et dictatoriales du régime.

« Une économie de résistance »

L'actuel guide suprême Ali Khamenei a récemment inventé le terme « économie de résistance » pour décrire la tentative de l'Iran de supporter et de contourner les sanctions internationales qui lui sont imposées, a rapporté Belani.

« Mais en réalité, endurer les difficultés des sanctions mondiales ne s'applique qu'aux gens ordinaires », a-t-il noté. « Ceux qui sont affiliés au régime et défendent ses politiques ont accumulé des richesses et jouissent de leur statut ».

Pendant ce temps, « les gens ordinaires ont plongé dans la pauvreté ».

« L'Iran traverse actuellement sa pire crise économique, qui pourrait marquer le début d'un effondrement économique, car le régime n'a pas trouvé de remède à la corruption, au chômage et à la pauvreté généralisés », a indiqué Belani.

« Le régime est de toute évidence en difficulté, et le peuple iranien paie le prix de ses politiques irresponsables », a affirmé à Al-Mashareq Behzad Safari, membre du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI).

« Il s'est mis à dos le monde entier et espère qu'en alimentant la violence et en soutenant ses milices affiliées il pourra élever son statut mondial », a déclaré Safari.

« Les choses empirent pour les Iraniens, qui regrettent maintenant le passé et s'en souviennent avec nostalgie », a-t-il ajouté, notant que les nouvelles générations sont pleinement conscientes que leurs pairs dans d'autres pays ont de meilleures opportunités.

« Le régime a épuisé les richesses et les ressources énergétiques de l'Iran. »

Il a gaspillé les ressources de l'Iran « pour menacer et se mettre à dos le reste du monde sous la notion 'd'exportation de la révolution', ce qui n'a essentiellement rien apporté aux Iraniens », a-t-il ajouté.

« Incapable de relancer l'économie »

Face à une série de sanctions américaines, « le régime est incapable de relancer ses capacités économiques » et est dans le déni sur ce point, a fait savoir à Al-Mashareq Ahmed al-Hamdani, chercheur en affaires du Moyen-Orient.

« Les religieux au pouvoir invoquent le CGRI pour se protéger et faire taire ceux qui au sein de la population sont dissidents ou font entendre leur voix », a-t-il rapporté.

« Même au sein de l'armée, certains commandants et officiers ne sont pas satisfaits du régime, de ses politiques et du favoritisme extrême qui est accordé au CGRI », a noté al-Hamdani.

« Entre 1963 et 1979, l'Iran occupait un rang élevé au Moyen-Orient et en Asie en général en termes de produit intérieur brut (PIB), de revenu par habitant, de santé, de niveau d'éducation, de libertés individuelles, d'art, de culture et de tourisme », a-t-il rappelé.

« Mais aujourd'hui, il n'y a pas de comparaison », a-t-il indiqué, car l'Iran a non seulement vu son classement baisser, mais il n'est même plus dans la course.

La responsabilité de cette situation « n'incombe certainement pas au peuple, mais au régime », a-t-il déclaré.

« Le régime pourra-t-il abandonner ses ambitions expansionnistes et laisser les pays de la région vivre en paix sans ingérence », s'est-il interrogé.

« Le régime peut-il se consacrer à combler les lacunes internes et allouer des fonds à la construction d'écoles, d'hôpitaux, de rues et de ponts pour les Iraniens au lieu de créer des milices et d'envoyer des armes à l'étranger ? »

« Les iraniens sont fatigués des méfaits du régime, et leur seule préoccupation est de trouver de l'argent pour acheter de la nourriture et assurer le bien-être de leurs enfants », a déclaré à Al-Mashareq Amina Akbar, une Iranienne qui vit en Turquie.

« Nous ne savons pas combien de temps il faudra avant que Khamenei abandonne son rêve de contrôler la région et poursuive à la place le rêve d'offrir une vie décente au peuple iranien, mais je ne pense pas que cela se produira », a-t-elle déploré en conclusion.

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