Politique

Les difficultés internes de l'Iran soulèvent des questions sur ses actions externes

Hassan al-Obeidi à Bagdad

Une Iranienne marche sur une route inondée le 13 janvier dans le village de Dashtiari, dans la région iranienne du Sistan-Balouchistan. De fortes pluies ont provoqué des crues dans toute la région, bloquant les routes et endommageant les habitations. [Alireza Masoumi/ISNA/AFP]

Une Iranienne marche sur une route inondée le 13 janvier dans le village de Dashtiari, dans la région iranienne du Sistan-Balouchistan. De fortes pluies ont provoqué des crues dans toute la région, bloquant les routes et endommageant les habitations. [Alireza Masoumi/ISNA/AFP]

Une vague de manifestations populaires en Iran où les manifestants s'insurgent contre la hausse des prix du carburant et l'abattage accidentel d'un avion de ligne ont mis le régime dans l'embarras et ont souligné ses défaillances, ont rapporté des experts à Al-Mashareq.

Les manifestations attirent une attention non désirée sur les échecs internes du régime iranien, pendant que son Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) tente d'étendre l'influence étrangère de l'Iran par le biais de milices intermédiaires.

Cette défaillance interne de la gouvernance a soulevé des questions dans la région sur la capacité de l'Iran à améliorer le sort des pays voisins par son intervention, alors qu'il ne peut pas répondre aux besoins de son propre peuple.

« Il est absurde qu'alors que les Iraniens manifestent contre la politique du régime qui a épuisé leurs ressources et les a isolés du monde, d'autres personnes dans d'autres pays croient aux fables et aux mensonges du CGRI », a fait savoir à Al-Mashareq l'activiste politique iranien dissident Mousa Afshar.

Le peuple iranien est mécontent, et sa situation est désastreuse, a-t-il dit, notant que depuis 1979, la qualité de vie en Iran est en déclin.

Selon Abdolreza Mesri, ministre iranien des Services sociaux et de la Sécurité sociale, il y avait en août 2017 environ 9,2 millions de personnes vivant dans la pauvreté en Iran, et deux millions de personnes vivant dans une pauvreté extrême.

Plus tôt ce mois-ci, la Banque mondiale a indiqué que l'économie iranienne se contracte à une vitesse plus élevée qu'auparavant, estimant qu'elle a diminué de 8,7 % en 2019, par rapport à l'année précédente.

La Banque mondiale prévoit une croissance du produit intérieur brut (PIB) de l'Iran de 0 % en 2020 et de 1 % en 2021 et 2022.

Une forte baisse du PIB par habitant et une inflation à deux chiffres devraient avoir un fort impact négatif sur le taux de pauvreté à travers le marché du travail et l'augmentation du coût de la vie, a expliqué la Banque mondiale.

Le CGRI « vend une illusion »

Le CGRI est actif dans les pays voisins, a noté Afshar, alors que « ce sont les Iraniens qui ont besoin d'eau, d'électricité, de services de santé et d'éducation, de liberté d'expression, d'un avenir sûr et [d'emplois] ».

Dans ses entreprises à l'étranger, le CGRI vend une illusion, et ceux qui y adhèrent « ne récolteront que du sang, de la ruine et de l'obscurantisme », a-t-il affirmé.

Personne ne devrait croire que s'aligner ou coopérer avec le CGRI changera leur vie pour le mieux, a-t-il déclaré, car le groupe « entre dans un pays pour le piller et détourner sa prise de décision, pas pour l'aider ».

Le CGRI ne peut pas promouvoir la justice, la liberté, l'économie, les emplois, les services ou une vie décente dans d'autres pays de la région lorsque ceux-ci n'existent déjà pas en Iran, a déclaré à Al-Mashareq l'expert en affaires yéménites Adel al-Ahmadi.

« La promotion ou la promesse de l'une de ces choses, que ce soit par le CGRI ou ses intermédiaires dans les pays souffrant de l'ingérence iranienne, serait risible », a-t-il poursuivi.

L'Iran « ne pourra rien apporter de bon » en intervenant dans des pays comme l'Irak, la Syrie, le Yémen et le Liban, a affirmé al-Ahmadi, car son propre peuple souffre d'un chômage et d'une pauvreté endémiques.

Pendant que l'Iran s'immisce dans les affaires régionales sous prétexte « d'exporter la révolution », la souffrance des Iraniens s'accroît depuis 1979, a déclaré Mohammed al-Tamimi, chercheur au Centre Rafidain d'études stratégiques.

« Les Iraniens se rappellent du passé et souhaitent y revenir », a-t-il rapporté à Al-Mashareq.

Le régime iranien devrait œuvrer pour améliorer les conditions de vie de ses propres citoyens, a-t-il conclu, plutôt que de gaspiller des fonds en créant et en armant des milices intermédiaires qui, à leur tour, alimentent les conflits dans d'autres pays.

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