Dans une tentative continue de réprimer la dissidence dans les régions du Yémen sous leur contrôle et d'asseoir fermement leur position au sein du gouvernement, les Houthis (Ansarallah) ont pris pour cible des membres du parlement élus de façon légitime.
Le mois dernier, la milice soutenue par l'Iran a ainsi annoncé qu'elle allait traduire en justice le président du parlement et 34 députés yéménites qui s'opposent à elle pour « trahison ».
Elle les a accusés de « saper l'indépendance et l'intégrité territoriale de la République du Yémen, et de communiquer avec des pays étrangers ».
Elle a également accusé ces législateurs d'avoir convoqué une session parlementaire dans la ville de Seiyun, dans la province de l'Hadramaout, qui est sous le contrôle du gouvernement légitime du pays.
Le parlement yéménite s'est réuni à Seiyun le 13 avril après une pause de quatre ans, pour y tenir une session extraordinaire, en présence du président Abdrabbo Mansour Hadi et de près de 140 parlementaires yéménites.
À cette occasion, certains législateurs ont indiqué avoir reçu des menaces de la part des Houthis, qui cherchaient à les empêcher d'y assister.
La dernière décision des Houthis, qui n'a aucune valeur juridique puisque la milice a pris le contrôle des institutions étatiques du gouvernement légitime par un coup d'État en septembre 2014, a suscité une condamnation globale du pays et de l'étranger.
Malgré cela, les Houthis ont débuté leur procès le 12 septembre, et le 14 septembre un tribunal de Sanaa contrôlé par les Houthis a rendu une décision ordonnant la saisie provisoire des actifs et des biens des 35 députés.
Condamnation générale
L'organe législatif de la Ligue arabe, le Parlement arabe, a condamné les actions des Houthis dans une déclaration du 16 septembre.
Les actions de la milice « sont en violation flagrante des lois, chartes et normes internationales, des résolutions des Nations unies et des traités internationaux, et constituent une violation flagrante des règles de l'Union interparlementaire », a-t-il affirmé.
L'envoyé spécial des Nations unies au Yémen, Martin Griffiths, a également condamné cette décision.
« Je regrette la confiscation provisoire des avoirs et des biens de 35 députés yéménites à Sanaa, qui envoie un message négatif quant au fonctionnement indépendant des institutions de l'État », a-t-il déclaré dans un message posté le 24 septembre sur son compte Twitter officiel.
« Les tribunaux des milices houthis n'ont aucune capacité juridique », a déclaré à Al-Mashareq Nabil Abdoul Hafeez, vice-ministre yéménite des Droits de l'homme.
« Ainsi, toute décision prise par eux est nulle et non avenue, car les Houthis ont pris le contrôle des institutions de l'État par la force », a-t-il expliqué.
Il a décrit le procès et la saisie des biens des députés comme « une extension des abus commis par les Houthis contre les parlementaires depuis leur prise de contrôle de Sanaa en 2014 ».
Même avant cela, a-t-il poursuivi, les Houthis avaient détruit les biens de 41 députés, confisqué les biens de 27 autres, saisi les biens de 17, gelé les comptes bancaires de 25, et transformé les maisons saisies et confisquées en quartiers généraux et casernes militaires.
Le procès des Houthis est illégal
Abdoul Hafeez a également noté d'autres violations commises par les Houthis contre des parlementaires, notamment la condamnation à mort de deux députés et le déplacement forcé de 105 autres.
« Les 35 députés sont jugés à cause de leur opposition déclarée aux Houthis », a-t-il déclaré.
Par cette mesure, les Houthis cherchent à « exercer une pression psychologique et à terroriser le reste des députés, à la fois ceux qui sont sous leur autorité et ceux qui sont sous les auspices du parlement du gouvernement légitime », a-t-il indiqué.
Le procès des législateurs et la saisie de leurs biens par les Houthis sont illégaux, a affirmé à Al-Mashareq Abdoul Rahman Barman, avocat et militant des droits de l'homme.
Cela a été « fait par la force des armes afin de terroriser le reste des députés et de les dissuader de prendre des positions publiques contre eux », a-t-il déclaré.
L'aspect le plus difficile de cette situation est le mauvais traitement infligé par les Houthis aux familles des législateurs, « qui sont harcelées, menacées et [craignent] d'être persécutées ou expulsées de chez elles par les Houthis », a-t-il conclu.