Le parlement du Yémen s'est de nouveau réuni lors d'une session extraordinaire samedi 13 avril à Seiyun, dans la province de l'Hadramaout, après une interruption de quatre ans.
Le président Abdrabbo Mansour Hadi, près de 140 députés yéménites, et les ambassadeurs de 19 pays ont participé à cette session, organisée sous haute sécurité.
Le parlement a élu à la majorité Sultan al-Burkani comme président pour remplacer Yahya al-Raee. Trois vice-présidents ont également été élus parmi les partis politiques représentés au parlement.
Dans son discours d'ouverture, Hadi a déclaré que la reprise des sessions du parlement est une étape importante, car elle montre que les Yéménites de tous bords politiques se sont rangés du côté du gouvernement légitime et ont décidé de défendre les principes nationaux.
Cette séance a été le signe que « les Yéménites retrouvent l'une de leurs institutions les plus importantes après une longue lutte », a-t-il ajouté, soulignant que ce n'était qu'un pas vers le rétablissement complet des droits et des institutions.
Hadi a exhorté les législateurs qui n'ont pas participé à la session « à rejoindre leurs collègues au sein de cette institution pour défendre leur patrie ».
Cet appel a été lancé alors qu'il a été rapporté que certains législateurs avaient reçu des menaces de la part des Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran, qui cherchent à les empêcher de participer.
Restaurer les institutions de l'État
L'importance de la reprise du parlement réside dans la restauration des institutions légitimes de l'État, a déclaré le député yéménite Fouad Waked à Al-Mashareq.
« Le parlement est l'autorité législative qui contrôle la qualité du travail gouvernemental », a-t-il expliqué.
« Après cette session extraordinaire, organisée à la demande du président, le parlement doit se rassembler en session ordinaire afin de reprendre les sessions abandonnées depuis le coup d'État des Houthis », a-t-il poursuivi.
En plus de l'élection d'un nouveau président, les législateurs participant à cette session de deux jours ont élu les présidents des commissions parlementaires et ont abordé le budget national.
Le fait que le parlement ait recommencé à siéger et l'adoption du budget 2019 permettront au parlement de reprendre son rôle de contrôle et « d'aider le gouvernement à mettre en œuvre son programme, surtout dans le domaine économique », a ajouté Waked.
Sur les 301 députés élus précédemment, 34 sont décédés, a indiqué aux agences de presse locales le député Mohammed al-Salehi, ajoutant que le quorum légal pour convoquer le parlement est désormais de 135 députés.
Rajeh Badi, porte-parole du gouvernement, a pour sa part indiqué à Al-Mashareq que la reprise du parlement « est une étape importante dans le rétablissement de la plus importante autorité de l'État : l'autorité législative ».
« La convocation du parlement à Seiyun facilitera le gouvernement dans la mise en œuvre de ses programmes, notamment le budget de l'État, qui sera la première tâche du parlement », a-t-il ajouté.
Projet de budget à l'étude
Dimanche, le parlement a approuvé la remise du projet de budget 2019 à la commission des finances, qui en débattra plus en détail avant de soumettre ses recommandations au parlement.
Le Premier ministre Mouein Abdoulmalik Saeed a présenté à la représentation nationale le projet de budget dans lequel sont définis les objectifs que le gouvernement cherche à atteindre en termes de politiques financière, monétaire et institutionnelle.
Dans sa forme finale, le budget devrait inclure un soutien à la protection sociale, à la reprise économique, au développement et à la reconstruction.
« Au travers de la préparation et de la présentation de ce budget, le gouvernement cherche à harmoniser les travaux des différentes agences et institutions étatiques, et à définir une feuille de route cohérente », a-t-il indiqué.
Cela garantira la conformité du budget avec « les principaux objectifs du gouvernement et ses actions visant à restaurer les institutions de l'État et à améliorer leurs travaux et résultats », a-t-il ajouté.
Pendant la session, les législateurs ont débattu du budget, et les représentants des groupes parlementaires et plusieurs députés ont apporté leurs contributions et des remarques initiales.
Le gouvernement yéménite a approuvé le budget 2019, avec des dépenses estimées à 3,1 billions de riyals yéménites (5,6 milliards de dollars), et des revenus de 2,1 billions de riyals yéménites (3,9 milliards de dollars), et un déficit prévu jusqu'à 30 %.