Éducation

Les Houthis profitent d'une campagne de rentrée scolaire

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

La guerre imposée par les Houthis a détruit 80 % des bâtiments scolaires dans les zones sous leur contrôle au Yémen. [Haitham Mohammed/Al-Mashareq]

La guerre imposée par les Houthis a détruit 80 % des bâtiments scolaires dans les zones sous leur contrôle au Yémen. [Haitham Mohammed/Al-Mashareq]

Les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran ont lancé une campagne de rentrée scolaire destinée à remplir les coffres des milices et à promouvoir un programme sectaire au service du régime iranien, déclarent des pédagogues et observateurs yéménites.

Les bureaux de l'éducation et les écoles des zones contrôlées par les Houthis ont lancé une campagne de rentrée des classes à la mi-août, alors que la plupart des écoles publiques manquent de fournitures scolaires et de matériel pédagogique et que les salaires des enseignants sont suspendus depuis plus de deux ans à cause de la guerre.

Avec cette campagne, la milice cherche à collecter des dons en prétextant vouloir améliorer l'état des écoles publiques et de l'éducation dans les zones qu'elle contrôle, alors qu'en réalité cet argent est utilisé pour financer ses propres plans alignés sur ceux de l'Iran, ont fait savoir des observateurs.

Les écoles des zones contrôlées par les Houthis ont ouvert les inscriptions pour l'année scolaire 2019-2020 à la mi-août, et le ministère de l'Éducation de Sanaa a fixé au 14 septembre la date de la rentrée scolaire.

Le ministère de l'Éducation des Houthis à Sanaa a lancé une campagne de rentrée scolaire à la mi-août pour remplir les coffres de la milice et promouvoir un programme sectaire au service du régime iranien. [Haitham Mohammed/Al-Mashareq]

Le ministère de l'Éducation des Houthis à Sanaa a lancé une campagne de rentrée scolaire à la mi-août pour remplir les coffres de la milice et promouvoir un programme sectaire au service du régime iranien. [Haitham Mohammed/Al-Mashareq]

Dans le même temps, l'UNICEF a son propre programme à multiples facettes afin de soutenir des campagnes de rentrée scolaire, « mais ce programme est encore en discussion avec le ministère de l'Éducation et les autorités locales dans les zones contrôlées par les Houthis », a déclaré une source de l'UNICEF au Yémen à Al-Mashareq sous condition d'anonymat.

« Nous sommes à dix jours de la rentrée scolaire, et nous n'avons pas encore commencé à le mettre en œuvre, car le programme et les responsabilités de chaque partie restent à définir », a-t-elle déclaré.

Les Houthis « détruisent » le système éducatif

« Le groupe des Houthis mobilise tous les efforts des institutions de l'État, en particulier les établissements d'enseignement, pour promouvoir son programme sectaire et la doctrine de la Wilayat al-Faqih (Tutelle du Juriste) au service des intérêts de l'Iran dans la région », a rapporté à Al-Mashareq le politologue Faisal Ahmed.

L'acceptation de la doctrine de la Wilayat al-Faqih sert les intérêts expansionnistes du régime iranien et de son Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI).

« Depuis quatre ans, les Houthis obligent les hommes d'affaires de chaque district à conclure des partenariats avec eux pour soutenir l'éducation et les écoles de leur district, sans résultats visibles », a-t-il déclaré.

Les écoles publiques manquent de fournitures de base et les enseignants n'ont pas perçu leur salaire depuis deux ans.

« Cela rend l'éducation incertaine, car les Houthis veulent uniquement imposer leurs programmes et directives sectaires, ceux-là mêmes que l'Iran impose dans ses écoles, afin de mobiliser des combattants sur les champs de bataille sans se préoccuper de l'amélioration des capacités du système éducatif », a expliqué Ahmed.

« La guerre imposée par les Houthis a détruit le système éducatif et 80 % des écoles du Yémen », a-t-il ajouté.

L'avenir est « incertain »

La campagne de rentrée des classes dans les zones contrôlées par les Houthis a été lancée dans les médias, sur les réseaux sociaux et par les prédicateurs des mosquées pour inciter les parents à inscrire leurs fils et leurs filles à l'école, a rapporté Khalid Salem, du bureau de l'éducation du district administratif de Sanaa, qui a préféré utiliser un pseudonyme par peur pour sa sécurité.

« Certains hommes d'affaires et financiers fournissent un soutien en nature et en espèces aux bureaux de l'éducation ou apportent un soutien direct aux écoles de leurs districts », a-t-il fait savoir.

« Mais ce soutien n'est ni organisé ni contrôlé », a-t-il ajouté.

Salem a noté que les écoles privées sont mieux préparées pour la rentrée scolaire, contrairement aux écoles publiques.

Les écoles publiques « sont bloquées, parce que les enseignants n'assurent pas les cours et n'ont ni les ressources ni l'équipement [nécessaires], en particulier les manuels scolaires », a-t-il indiqué.

« Cela rend l'avenir incertain. »

« Le bureau de l'éducation [des Houthis] a également imposé des frais de 1000 riyals [4 USD] par élève pour assurer le transport des enseignants », a poursuivi Salem.

« La plupart des enseignants ont quitté les écoles publiques pour des écoles privées, et les bureaux de l'éducation des zones contrôlées par les Houthis ont remplacé les enseignants [absents] par leur propre personnel », a déclaré Hatem Ali, enseignant dans une école secondaire de Sanaa qui a demandé à utiliser un pseudonyme par crainte pour sa sécurité.

Cela contribuera à « diffuser le programme sectaire du groupe auprès des élèves, en particulier des lycéens, et à les attirer sur les champs de bataille », a-t-il affirmé à Al-Mashareq.

Les écoles publiques manquent des ressources les plus élémentaires, et les enseignants n'assurent pas leurs cours, parce qu'ils ne peuvent pas se rendre à l'école ou parce qu'ils ont pris un autre emploi pour subvenir aux besoins de leurs propres enfants, a-t-il conclu.

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2 COMMENTAIRE (S)

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Les Houthis sont des milices extrémistes qui sapaient la sécurité et la stabilité. Ils ont saisi les armes avec l'aide de l'Iran. Ils sont également des extrémistes car ils essaient de déformer notre religion et la tradition du Prophète (PSSL).

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