La Banque centrale du Liban (BCL) exige désormais que les institutions non bancaires (les entreprises de transfert d'argent) recevant des transferts électroniques de l'étranger versent ces fonds uniquement en livres libanaises.
Cette réglementation, qui apparaît dans la circulaire n° 514 (décision n° 12978) du 14 janvier, aidera à contrôler l'apport monétaire sur le marché, et comblera les failles du secteur financer qui peuvent être exploitées pour le blanchiment d'argent, ont indiqué des experts.
Les entreprises de transfert d'argent Western Union, MoneyGram et OMT font partie des compagnies concernées par la décision, et elles ont déclaré vouloir la respecter.
OMT va commencer à prendre les mesures nécessaires pour mettre en œuvre la décision sans coût supplémentaire pour l'expéditeur, selon son directeur général Toufic Moawad.
Lutte contre le blanchiment d'argent
Cette décision de la banque centrale fait partie de « l'engagement à long terme du Liban pour lutter contre le blanchiment d'argent », a expliqué à Al-Mashareq l'économiste Jassim Ajaka.
Cet engagement remontre à 2001, lorsque la loi contre le blanchiment d'argent n° 318 a été ratifiée, a-t-il ajouté. Celle-ci a été amendée en 2015 avec la loi n° 44 de Lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.
La dernière décision de la BCL « a pour but de renforcer la position du Liban en ce qui concerne les lois de lutte contre le blanchiment d'argent », a-t-il fait savoir.
« Cette décision stipule que les institutions non bancaires (les entreprises de transfert d'argent) recevant des transferts électroniques de l'étranger doivent les verser uniquement en livres libanaises », a-t-il indiqué.
Cette décision, qui soumet les entreprises de transfert d'argent à la surveillance de la banque centrale, a été ajoutée à la circulaire basique n° 69/2000, qui est adressée à toutes les institutions effectuant des transactions financières et bancaires électroniques, a-t-il poursuivi.
« Cela permet surtout une meilleure surveillance des entreprises concernées grâce aux déclarations qu'elles envoient à la BCL », a-t-il expliqué.
« Cela met également fin à l'achat de contrebande en devises fortes, et au passage illégal de ces fonds par-delà les frontières (Loi n° 42/2015) », a-t-il fait savoir.
Réserves de devises étrangères
La décision « vise principalement à accroître les liquidités locales en dollar américain, dont la demande augmente en raison de la pression que subit la livre libanaise », a fait savoir à Al-Mashareq l'économiste Violette Ghazal al-Balaa.
Cette décision a été prise « après l'envolée du niveau d'inquiétude suite aux déclarations du ministre des Finances Ali Hassan Khalil, [qui avait suggéré] une prochaine restructuration de la dette publique du Liban », a-t-elle ajouté.
Cela nécessitait une position nationale, a déclaré le président Michel Aoun, « affirmant l'engagement du Liban à répondre à son obligation de dette selon le calendrier prévu, sans avoir recours aux dépôts bancaires », a-t-elle indiqué.
« La décision vise principalement à construire les réserves [en devises étrangères] de la BCL, qui sont passées d'environ 44 milliards de dollars à 40 milliards au cours des deux derniers mois », a rapporté al-Balaa.
« La BCL œuvre pour augmenter ses réserves de monnaies étrangères », a-t-elle ajouté, et elle affirme pouvoir couvrir 80 % des liquidités en livre libanaise.
En d'autres termes, a-t-elle expliqué, « elle peut répondre à toutes les demandes de conversion entre le dollar et la livre libanaise ».
Régulation du secteur bancaire
La décision de la banque centrale est la continuation de plusieurs autres actions, a indiqué Tony Farah, rédacteur économique du journal al-Joumhouriya.
La décision a deux buts, a-t-il déclaré à Al-Mashareq : contrôler l'arrivée d'argent sur le marché et tenter d'empêcher la sortie de monnaies fortes ; et combler les failles du secteur financier qui peuvent être exploitées pour le blanchiment d'argent.
Les entreprises de transfert d'argent et de change sont des maillons faibles dans la lutte contre le blanchiment d'argent, a-t-il indiqué.
Pour subvenir à cela, a-t-il ajouté, la BCL a publié des circulaires destinées à réguler le secteur bancaire, en accord avec les normes adoptées internationalement.
« La décision qui exige que les transferts [électroniques] d'argent soient déboursés en livres libanaises arrive dans le contexte d'une meilleure surveillance des fonds qui entrent au Liban par le biais d'entreprises de transfert », a indiqué Farah.