En durcissant les sanctions contre le Hezbollah, un nouveau projet de loi américain vise à affaiblir la milice libanaise en coupant ses sources de revenus à l'étranger, dont la principale est le régime iranien.
Le 28 septembre, la Commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis a approuvé H.R. 3329, des amendements à la Loi sur la prévention du financement international du Hezbollah de 2017, qui imposent des sanctions plus sévères à la milice.
Celles-ci incluent des sanctions obligatoires sur les activités de collecte de fonds et de recrutement du Hezbollah, des modifications aux institutions financières répertoriées qui pratiquent certaines transactions, et des sanctions contre les États étrangers qui soutiennent le Hezbollah. La milice a déjà été désignée comme une organisation terroriste.
Ces sanctions comprennent des interdictions et des restrictions sur certains comptes tenus par des institutions financières étrangères, et des dispositions pour limiter les activités criminelles transnationales commises par le Hezbollah, comme le trafic de stupéfiants et le blanchiment d'argent.
Ces amendements viennent combler les lacunes de la loi originale et intensifient la répression contre les finances du Hezbollah alors qu'il étend ses activités en Syrie avec l'appui de l'Iran.
Les sanctions visent en particulier les activités de levée de fonds de la milice.
Elles incluent le gel des avoirs, le blocage des transactions financières et l'interdiction de délivrer des visas pour les États-Unis, et mentionnent nommément des institutions liées au Hezbollah, comme Bayt al-Mal, Jihad al-Bina et l'Association islamique de soutien à la résistance.
Sont également nommés : le Service des relations étrangères de la milice, l'Organisation de la sûreté externe, al-Manar TV, al-Nour Radio et le Groupe médiatique libanais.
L'objectif de ces sanctions
Les sanctions des États-Unis contre le Hezbollah cherchent à créer un cadre juridique pour encercler l'Iran économiquement et financièrement, a expliqué l'économiste Jassim Ajaka à Al-Mashareq.
Elles ont aussi pour but de « drainer les sources de financement du Hezbollah », a-t-il ajouté, notant que le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a déclaré que la milice ne détient pas directement de comptes bancaires.
Le Hezbollah transfère des fonds vers le Liban depuis l'étranger grâce à des sympathisants qui apportent des fonds sous la couverture d'activités économiques menées en leur nom ou celui d'entreprises qui leur sont affiliées, a-t-il rapporté.
« Ces individus, et par extension le Hezbollah, doivent donc faire face à des conséquences économiques et financières », a indiqué Ajaka.
Un autre objectif est de fracturer la relation entre le Hezbollah et sa base, et entre le Hezbollah et l'Iran en imposant des sanctions aux individus à chaque transaction faite pour le compte du Hezbollah, a-t-il déclaré.
L'Iran sera également sanctionné lorsqu'il fournit de l'aide à la milice.
« Cela permettra d'isoler le Hezbollah de sa base en créant un sentiment de peur chez les gens et dans l'environnement immédiat », a fait savoir Ajaka.
« Je pense que la réussite de ces objectifs dépend de la coopération internationale et de la participation des puissances économiques majeures pour leur mise en œuvre », a-t-il déclaré.
De nouvelles sanctions excluent les banques libanaises
Les nouvelles sanctions renforcées imposées au Hezbollah ne concernent pas les banques libanaises ni l'aide qu'elles fournissent à l'armée libanaise.
Le secteur bancaire s'est largement conformé aux lois contre le financement du terrorisme, en particulier avec l'imposition de la première phase de sanctions contre les institutions qui font des transactions avec le Hezbollah.
Ces sanctions avaient mené à la fermeture de cent comptes en banque liés aux membres du groupe, avait indiqué en juin 2016 Riad Salameh, gouverneur de la banque centrale.
La majorité des Libanais pensent que leur pays fait partie intégrante du théâtre régional et international, a fait savoir le politologue Bechara Khairallah, conseiller de l'ancien président libanais Michel Sleiman.
Le peuple libanais s'oppose à toute politique entrant en conflit avec la souveraineté de leur pays, ses intérêts ou sa sécurité, a-t-il rapporté à Al-Mashareq.
Le Liban est engagé envers les résolutions internationales et ne doit pas être lié aux actions régionales du Hezbollah, a-t-il affirmé.