En vertu de nouvelles sanctions contre l'Iran et le Hezbollah entrées en vigueur plus tôt ce mois-ci, les pays, personnes morales et entreprises étrangères qui achètent du pétrole iranien ou font des affaires avec les banques iraniennes ne pourront pas entrer sur les marchés américains.
Les sanctions annoncées par le Trésor américain désignent 50 banques iraniennes et leurs filiales étrangères et nationales, ainsi que 400 autres cibles, dont plus de 200 personnes et navires des secteurs iraniens du transport maritime et de l'énergie, et une compagnie aérienne avec plus de 65 de ses appareils.
En prononçant ces sanctions, le Trésor a déclaré que ceux qui participent à des transactions avec les personnes morales ou physiques désignées pourraient s'exposer eux-mêmes à des actions, des désignations ou des sanctions de blocage.
Et à moins qu'une exception s'applique, toute institution financière qui facilite sciemment une transaction importante pour l'une des personnes morales ou physiques désignées peut faire l'objet de sanctions par les États-Unis.
Bien que le volume d'échanges commerciaux entre le Liban et l'Iran soit faible, la présence du Hezbollah, qui est lui-même sous le coup de sanctions américaines, pose de nouveaux problèmes aux banques libanaises pour ce qui est de la conformité aux lois et de l'évitement des sanctions.
Selon le ministère libanais des Finances, ces sanctions imposées à l'Iran n'ont pas de répercussions directes sur le Liban car le système bancaire et financier du pays respecte la réglementation internationale.
« Les banques disposent d'un mécanisme pour se conformer à toutes les normes internationales, quelles que soient les sanctions imposées à l'Iran », a fait savoir à Al-Mashareq Nassib Ghobril, économiste en chef de Byblos Bank Group.
Elles veulent lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, et elles respectent les normes définies par le Foreign Account Tax Compliance Act, la loi adoptée par le parlement sur l'échange d'informations fiscales, et les normes Basel sur les exigences de liquidités et de solvabilité, a-t-il rapporté.
Les banques libanaises ont une grande expérience de conformité aux normes internationales, et elles continuent de coopérer avec la Banque centrale du Liban.
« Nous disposons du mécanisme nécessaire pour assurer la conformité », a-t-il ajouté.
Conformité avec la Banque centrale
L'ancien Premier ministre Fouad Siniora a déclaré à Al-Mashareq qu'il était convaincu que les banques libanaises « respectent les règles et les normes internationales ».
Il a cependant exprimé son inquiétude quant aux répercussions de ces sanctions, rappelant que l'économie est intégrée, et que la pression sur un aspect en particulier peut en affecter d'autres.
Les banques libanaises n'auront pas besoin de prendre des mesures supplémentaires, car elles sont déjà protégées grâce à leur « respect des instructions de la Banque centrale », a affirmé Wissam Fattouh, secrétaire général de l'Union des banques arabes.
Les banques ont déjà mis en œuvre les instructions de la Banque centrale, a-t-il déclaré, et grâce à cela elles n'auront aucun problème pour gérer les nouvelles sanctions.
« La Banque centrale du Liban définit la stratégie du secteur bancaire », a rapporté à Al-Mashareq l'économiste Jassim Ajaka.
Depuis le début, son gouverneur « a suivi une stratégie basée sur l'intégration du secteur bancaire libanais dans le secteur financier et la conformité aux normes et lois internationales », a-t-il expliqué.
Les banques libanaises sont engagées depuis des années dans la mise en œuvre de sanctions, et les auditeurs internationaux peuvent en attester, a-t-il poursuivi.
Le volume annuel d'échanges commerciaux entre le Liban et l'Iran ne dépasse pas les 3 millions de dollars, a-t-il précisé, « ce qui représente une somme négligeable en matière d'échanges entre pays ».
« De plus, lorsque la Banque mondiale a examiné les envois de fonds par les expatriés libanais, il s'est avéré qu'ils sont proches de zéro », a-t-il rapporté.
Cela montre qu'il y aura peu de répercussions suite aux sanctions contre l'économie libanaise, a-t-il affirmé, car il existe peu d'activité commerciale et financière avec l'Iran.
Fermeture des comptes liés au Hezbollah
« Les banques libanaises sont familières des précédentes sanctions contre l'Iran, et elles ont bien respecté les normes internationales, ce qui a limité les répercussions », a déclaré Antoine Farah, rédacteur économique du journal al-Joumhouriya.
Les transactions officielles entre le Liban et l'Iran sont limitées, mais c'est l'association du Hezbollah avec l'Iran qui augmente la menace des répercussions suite aux nouvelles sanctions contre l'Iran, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.
L'objectif déclaré des sanctions est d'endiguer l'influence de l'Iran dans la région, et le Hezbollah est l'une de ses branches, a-t-il déclaré.
« Les banques fermaient les comptes des responsables politiques [du Hezbollah] conformément aux sanctions précédentes, et aujourd'hui elles ferment tous les comptes dont le propriétaire est suspecté de traiter avec le parti », a indiqué Farah.
Un des articles des sanctions stipule que la non-connaissance de l'association entre un client et le Hezbollah ne peut pas être utilisée comme excuse, a-t-il conclu.