Les partisans du Guide suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, l'appellent le « guide des musulmans », un titre honorifique qui vise à le dépeindre comme un homme qui encourage l'unité dans le monde musulman.
Cependant, si l'on observe le temps qu'il a passé au pouvoir, on peut constater qu'il a été une figure de division en Iran, utilisant souvent le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) pour réprimer ses détracteurs.
À l'étranger aussi, le dirigeant iranien a utilisé la Force al-Qods, la branche extraterritoriale du CGRI, pour soutenir des groupes activistes chiites qui ont terrorisé la population musulmane majoritairement sunnite du Moyen-Orient tout en agissant comme intermédiaires de la République islamique.
« On a effectivement envie de verser des larmes de sang pour l'Iran sous la direction de Khamenei », a déclaré Shahin Mohammadi, un journaliste iranien vivant aux États-Unis. Mohammadi faisait référence à ce que Khamenei lui-même avait dit en 1989, lorsque l'Assemblée des experts de la République islamique l'avait choisi comme « Guide suprême » de l'Iran.
« Larmes de sang »
Les images de la réunion de l'assemblée, que l'on peut désormais facilement trouver sur Internet, montrent Khamenei, qui était alors un responsable relativement jeune mais éminent qui avait été président de l'Iran, affirmant qu'il ne devrait pas être choisi comme Guide suprême, parce qu'il n'avait pas les qualifications religieuses requises pour remplacer le fondateur de la révolution décédé, l'ayatollah Rouhollah Khomeini.
« Il faut verser des larmes de sang pour une société islamique dans laquelle la possibilité de voir quelqu'un comme moi devenir le Guide suprême est soulevée », avait déclaré Khamenei lors de la session qui l'avait élu le 4 juin 1989.
L'opposition à la présidence de Khamenei est encore active aujourd'hui dans certains quartiers de Qom, le centre iranien d'apprentissage religieux chiite. Il a été rejeté par certains religieux de haut rang à Qom pour son manque de qualifications religieuses.
Que l'opposition vienne des rangs du clergé ou du peuple iranien, Khamenei a systématiquement écarté et réprimé ceux qui le critiquent, souvent en utilisant le CGRI.
Il entretient des liens étroits avec le CGRI et le soutient fortement, lui alloue un budget de plus en plus important année après année et exerce une influence sur toutes ses décisions, stratégies et actions.
« Khamenei et le régime sont entièrement redevables au CGRI », a expliqué à Al-Mashareq un ancien analyste de la marine iranienne qui a demandé à conserver l'anonymat.
« Si vous regardez les quarante dernières années, je ne pense pas que vous trouverez un seul officier supérieur du CGRI tenu pour responsable d'une quelconque faute en Iran ou à l'étranger. Tout au plus, ils sont déplacés, reçoivent de nouveaux titres ou de nouveaux emplois », a-t-il fait savoir.
Direction du terrorisme au niveau national et à l'étranger
En juillet 1999, le CGRI et d'autres forces de sécurité avaient fait irruption dans un dortoir de l'université de Téhéran, arrêtant des manifestants étudiants. En 2009 et 2019, les forces du CGRI ont tué des manifestants non armés à Téhéran et dans d'autres villes lors de manifestations de masse contre les résultats des élections et la hausse du prix de l'essence, respectivement.
Hors d'Iran, le CGRI a perpétré quelque 360 attentats terroristes dans 40 pays, dont la plupart au Moyen-Orient, où la République islamique soutient des intermédiaires activistes pour étendre l'influence de Téhéran et déstabiliser les pays de la région.
Le 22 novembre, les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran ont tiré un missile sur une installation de stockage de combustible d'Aramco à Djeddah, en Arabie saoudite.
En Irak, la Kataeb Hezbollah et d'autres factions extrémistes fidèles à l'Iran ont monté des attaques contre des soldats de la coalition internationale, des soldats irakiens et des édifices diplomatiques dans la Zone verte de Bagdad.
Depuis octobre 2019, près de 90 attaques meurtrières à la roquette et à la bombe artisanale ont visé des ambassades étrangères, des soldats et d'autres installations dans tout l'Irak.
L'on peut dire que Khamenei est personnellement responsable de ces attaques et de bien d'autres, puisque le commandant de la Force al-Qods du CGRI contourne la hiérarchie normale du CGRI et lui fait directement rapport.
Ainsi, bien que ses partisans l'appellent le « guide des musulmans », il ne possède ni les qualifications religieuses ni la reconnaissance qui justifieraient un tel titre, selon les observateurs. Au contraire, il a montré pendant son mandat qu'il était prêt à utiliser le CGRI sur le territoire national afin de garder la mainmise sur le pouvoir, approuvant tacitement ou activement la répression des manifestations et de la dissidence.
Dans le même temps, il a utilisé la Force al-Qods pour terroriser des populations en Syrie, en Irak, au Yémen, en Arabie saoudite, au Liban et dans d'autres pays, par le biais d'intermédiaires. L'Histoire se souviendra de lui comme d'un despote, et non comme d'un chef religieux.