Politique

Khamenei appelle le CGRI à « élargir la résistance »

Sultan al-Barei à Riyad

Le guide suprême iranien Ali Khamenei en compagnie d'officiers du CGRI lors d'une cérémonie à Téhéran. [Photo fournie par l'agence de presse Fars]

Le guide suprême iranien Ali Khamenei en compagnie d'officiers du CGRI lors d'une cérémonie à Téhéran. [Photo fournie par l'agence de presse Fars]

Lors d'une récente rencontre avec des commandants du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), le guide suprême iranien Ali Khamenei les a appelés à « élargir la résistance » et à renforcer leur préparation à combattre sur de multiples théâtres.

Cette rencontre du 3 octobre s'est tenue dans un climat de tensions renforcées à la suite des attaques contre des installations pétrolières saoudiennes qui ont été très largement imputées à l'Iran, et montre que la République islamique adopte une posture méfiante et agressive, explique les analystes.

L'Iran cherche à étendre ses intérêts dans la région par le biais de la doctrine du Wilayat al-Faqih (la tutelle du Juriste), qui appelle à l'allégeance à Khamenei.

Le CGRI a mis en œuvre cette doctrine aux détriment des peuples de la région, alimentant le sectarisme et formant des milices intermédiaires pour l'aider à réaliser ses ambitions, ont expliqué à Al-Mashareq des spécialistes des affaires iraniennes.

Des imams et des militaires du CGRI lors d'un défilé militaire à Téhéran. [Photo fournie par l'agence de presse Fars]

Des imams et des militaires du CGRI lors d'un défilé militaire à Téhéran. [Photo fournie par l'agence de presse Fars]

Lors de cette rencontre du 3 octobre, à laquelle assistaient des milliers de commandants du CGRI, Khamenei a mis en garde de ne pas perdre une « vision transfrontalière ».

« Nous ne devrions pas nous satisfaire de notre territoire, et en nous limitant entre quatre murs, nous ignorons les menaces transfrontalières », a-t-il déclaré.

Dix jours plus tard, le 13 octobre, lors d'une cérémonie de remise de diplômes à l'académie Imam Hussain du CGRI à Téhéran, Khamenei a clairement fait savoir qu'il ne saurait se contenter des réalisations du CGRI à ce jour et qu'il attendait plus de lui.

Le CGRI devrait avoir « un matériel défensif, opérationnel et de renseignement [moderne], ainsi que des connaissances du cyberespace », a-t-il ajouté.

Cela lui permettrait d'être prêt au combat « sur le terrain, dans les airs, dans l'espace, sur les mers, aux frontières et à l'intérieur du pays », a-t-il poursuivi.

« Exporter la révolution »

La doctrine du CGRI est en grande partie fondée sur le principe de l'exportation de la révolution iranienne, ce qu'il a tenté de faire depuis 1979, a expliqué à Al-Mashareq Fathi al-Sayed, spécialiste des affaires iraniennes.

Les nouveaux appels lancés par Khamenei au CGRI pour qu'il étende le front de la résistance et soit prêt au combat ne fait que confirmer cette approche, a-t-il ajouté.

Mais ces déclarations plus explicites constituent « une évolution sérieuse dans le cours de la politique iranienne, qui tentait autant que possible de se cacher derrières des stratagèmes politiques pour échapper aux accusations », a souligné al-Sayed.

Cela étant dit, a-t-il poursuivi, l'agenda iranien a déjà été révélé au travers de ses agissements et du soutien apporté à ses intermédiaires en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen.

Lorsque les demandes que le CGRI mette fin à ses interventions régionales se font plus insistantes, il répond en étendant ses opérations, « à la fois directement et par le biais de ses intermédiaires dans la région », a expliqué le politologue Abdoul Nabi Bakkar à Al-Mashareq.

Ces dernières années, les milices appuyées par l'Iran ont attisé les tensions dans plusieurs pays de telle manière que cela bénéficie directement au CGRI, « pour soulager les pressions politiques ou pour étendre sa présence », a-t-il ajouté.

Bien que le CGRI affirme qu'il lutte contre le terrorisme, « les faits ont montré ces dernières années qu'il en est le principal sponsor », a poursuivi Bakkar.

Les milices qu'il supporte, à l'instar du Hezbollah libanais et du Kataib Hezbollah irakien, ainsi que les milices en Syrie et au Yémen, ont servi à « attiser les tensions dans la région et perpétuer les conflits sectaires intérieurs », a-t-il continué.

Une « obéissance aveugle » envers Khamenei

Le Wilayat al-Faqih « oblige tous ses partisans à afficher une obéissance aveugle au guide suprême », a expliqué le spécialiste militaire Abdel-Karim Ahmed à Al-Mashareq.

Cela signifie que Khamenei « tient les clés de toutes les décisions importantes relatives à la politique intérieure et étrangère », a-t-il averti, soulignant que ses décisions sont exécutoires, en particulier pour les hauts gradés du CGRI.

Ces commandants se contentent d'en peaufiner les détails et d'exécuter les ordres, a-t-il expliqué.

Au départ, a-t-il rappelé, ces ordres étaient exécutés par un groupe d'officiers du CGRI de la première heure et par le Hezbollah libanais, mais le CGRI a depuis étendu son influence par le biais de ses intermédiaires dans la région.

Le CGRI et ses affiliés ont semé la discorde et le chaos dans la région, a-t-il conclu, afin de propager l'idéologie du régime iranien et de financer ses diverses entreprises.

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