La torture des prisonniers par les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran viole les conventions internationales et entraîne de grandes souffrances aux familles de ceux tués de la sorte, ont indiqué les responsables yéménites à Al-Mashareq.
Le gouvernement du Yémen a accusé les Houthis de torturer jusqu'à la mort plus de 200 prisonniers et personnes enlevées, y compris certains qui ont été enlevés de leurs maisons et lieux de travail.
La délégation du gouvernement impliquée dans les négociations pour l'échange de prisonniers avec les Houthis a remis à l'envoyé spécial de l'ONU au Yémen une liste de 158 victimes qu'ils disaient avaient été tués sous la torture par les Houthis jusqu'au mois de décembre 2019.
« Les Houthis ont tué plus de 200 prisonniers et personnes enlevées sous la torture dans leurs prisons», a affirmé le ministre adjoint pour les droits de l'homme Nabil Abdul Hafeez.
La Convention de l'ONU contre la torture et le Pacte international sur les droits civils et politiques font allusion à « quiconque ordonne, s'engage, couvre ou participe à la torture», a-t-il expliqué à Al-Mashareq.
Aux termes des Conventions de Genève, poursuit Abdoul Hafeez, la torture et le meurtre de prisonniers sont classées comme des « crimes de guerre qui sont imprescriptibles ».
« Ainsi, les auteurs peuvent être jugés localement ou à la cour criminelle internationale, qui accepte même les cas introduits pas des individus», a-t-il fait savoir.
Les Houthis se sont engagés dans la torture des prisonniers pour « semer la peur et la terreur » dans la communauté et au sein des forces yéménites, a-t-il dit.
Le gouvernement œuvre pour assurer que justice soit rendue aux familles des victimes en « préparant des dossiers d'actions légales qui seront renvoyés soit au judiciaire national ou international » en coopération avec les organisations affiliées à l'ONU, a-t-il souligné.
Enquêtes du gouvernement
Le gouvernement enquête sur les cas de mort sous la torture par les Houthis, a signalé le ministre adjoint pour les droits de l'homme à Al-Mashareq.
Les cas de prisonniers et victimes de disparition forcée morts sous la torture dans les prisons Houthis seront examinés à travers le Groupe de l'ONU d'experts éminents internationaux et nationaux sur le Yémen et l'équipe de sanctions du Conseil de sécurité, a-t-il affirmé.
« Cela permettra de tenir les auteurs responsables de leurs actes et les introduire en justice pour recevoir leur punition juste», a ajouté Fadhail.
Il a appelé la communauté internationale et l'ONU à s'efforcer, en négociations avec les Houthis, à « mettre fin au meurtre des personnes enlevées et prisonniers ».
Près de 90% des prisonniers tués sous la torture dans les prisons Houthis étaient des civils et des personnes enlevées de leurs maisons et lieux de travail, a indiqué le militant des droits de l'homme et avocat Abdul Rahman Berman à Al-Mashareq.
Les dernières victimes étaient des soldats de l'armée yéménite, a-t-il fait savoir.
Les victimes de disparition forcée exposées au 'plus grand risque'
Les victimes de disparition forcée sont « exposées au plus grand risque d'être torturées jusqu'à la mort, car leur destin est inconnu et il n'est pas connu par quelle partie, ou dans quelle prison elles sont détenues», a-t-il précisé.
Cela signifie que les auteurs sont « hors de portée de la loi », a-t-il dit.
« Les conséquences désastreuses sont supportées par les familles des personnes enlevées et victimes de disparition forcée, en particulier lorsqu'elles meurent sous la torture», poursuit-il.
Berman a souligné le rôle du gouvernement est de préparer les dossier d'actions légales pour chaque cas de meurtre sous la torture comme « le premier pas pour introduire ces criminels devant la justice ».
Ces dossiers d'actions légales seront soumis au judiciaire, a-t-il dit.
Séparément, les États-Unis ont annoncé mardi qu'ils soutiennent la communauté juive du Yémen dans son appel à une libération immédiate et inconditionnelle de Levi Salem Musa Marhabi d'une prison de Sanaa.
« Marhabi a été détenu à tort par la milice Houthi pendant quatre ans, en dépit d'un arrêt du tribunal ordonnant sa libération en septembre 2019», a signalé le département d'État dans un communiqué.
« Marhabi est un membre d'une communauté en constante diminution de juifs yéménites, qui étaient une partie importante du tissu social diversifié du Yémen pendant des milliers d'année. Nous appelons les Houthis à respecter la liberté de religion, arrêter de s'en prendre à la population juive yéménite et [le] libérer immédiatement», a-t-il précisé.