Dans le cadre de ses efforts pour prévenir une nouvelle détérioration de la valeur du riyal yéménite, la Banque centrale du Yémen à Aden a mis en place un réseau unique de transfert d'argent.
Fin septembre, la banque a interdit les réseaux locaux de transfert d'argent, dans une démarche visant à décourager la spéculation qui contribue à une forte inflation.
L'une des raisons à la détérioration de la devise nationale est qu'il y a maintenant deux banques centrales au Yémen, une à Aden et une à Sanaa, a expliqué Moustafa Nasr, président du Centre des études et des médias économiques, à Al-Mashareq.
Ces deux entités, agissant respectivement pour le gouvernement yéménite légitime et les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran, imposent des décisions et des règlements dans leurs zones de contrôle respectives, a-t-il fait savoir.
Cela conduit à une situation où le taux de change entre le dollar et le riyal dans les zones contrôlées par le gouvernement est actuellement de plus de 800 riyals pour un dollar, alors que dans les zones contrôlées par les Houthis, il est de 605 riyals pour un dollar, a-t-il indiqué.
Nasr a déclaré que cette différence découle au moins en partie de la décision prise par les Houthis en janvier d'interdire l'utilisation de nouveaux billets de banque imprimés par la Banque centrale à Aden.
« Le gouvernement devrait adopter des politiques fiscales qui unifieraient la politique fiscale et monétaire et s'attaquer à la division et à la duplication du processus de prise de décisions financières et monétaires », a-t-il déclaré.
Les autres facteurs qui contribuent à la baisse de la valeur de la devise nationale du Yémen sont « les répercussions du coronavirus, les effets de la guerre et l'arrêt de la production », a précisé Nasr.
Ceux-ci ont contribué « d'une manière ou d'une autre à la détérioration progressive de la valeur de la devise sur le marché bancaire », a-t-il noté.
Réduire les irrégularités
Comme il l'a expliqué à Al-Mashareq, l'analyste politique Faisal Ahmed estime que les nouvelles mesures introduites par la Banque centrale à Aden « règlent partiellement le problème pour une courte période, surtout compte tenu du fait que le dépôt saoudien est presque épuisé ».
« Soutenir la valeur du riyal yéménite demande des mesures plus larges avec l'intervention des pays de la coalition [arabe], dirigée par l'Arabie saoudite, afin d'aider la banque par des dépôts en devises étrangères », a-t-il déclaré.
Les propositions pour augmenter la valeur du riyal incluent un retour à l'exportation de pétrole et de gaz « et l'activation de tous les secteurs productifs, qui sont une source importante de devises fortes pour l'économie nationale », a expliqué l'économiste Abdoul Aziz Thabet.
Il a déclaré à Al-Mashareq que la mise en place d'un réseau financier unique pour les transferts, placé sous la supervision et le contrôle de la Banque centrale d'Aden, réduira la spéculation et les autres irrégularités bancaires.
Il a noté que, par exemple, les frais de transfert d'argent diffèrent entre les zones contrôlées par le gouvernement et celles contrôlées par les Houthis.
Soutien international
Dans une déclaration commune publiée le 8 octobre, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont déclaré que les ambassadeurs des quatre pays s'étaient rencontrés en septembre pour examiner les chiffres de la trajectoire économique du Yémen.
Ils ont déclaré avoir « noté avec inquiétude l'épuisement des réserves de devises étrangères et l'augmentation correspondante du prix de la nourriture ».
« Le groupe est convenu de poursuivre un engagement et une collaboration techniques renouvelés avec le gouvernement yéménite afin d'atténuer les risques économiques à court terme liés à l'instabilité des devises et des prix », a fait savoir la déclaration.
« Il a également convenu de renforcer l'engagement technique et le dialogue, notamment avec les institutions financières internationales, pour soutenir le financement du commerce au Yémen ».
Le ministre yéménite de la Planification et de la Coopération internationale, Najib al-Awaj, a quant à lui demandé à la Banque mondiale d'apporter son soutien aux institutions financières affiliées au gouvernement.
Sa demande a été formulée dans un discours prononcé par conférence vidéo au début des réunions annuelles du Groupe de la Banque mondiale le 8 octobre.
Al-Awaj a souligné la détérioration de la situation économique, sanitaire et sociale au Yémen, notant que le segment de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté était désormais supérieur à 70 %.