Criminalité et Justice

L'appel de l'Iran à poursuivre Trump pour la mort de Soleimani est « insensé », affirment les États-Unis

Ardeshir Kordestani

Le procureur de Téhéran Ali Alqasi-Mehr en octobre. [Photo de Mehr News]

Le procureur de Téhéran Ali Alqasi-Mehr en octobre. [Photo de Mehr News]

L'émission par le régime iranien d'un mandat d'arrêt contre le président américain Donald Trump en juin dernier pour la mort de Qassem Soleimani met l'accent sur l'implication directe et indirecte de l'Iran dans des attaques à l'étranger.

L'Iran a ensuite demandé l'aide d'Interpol pour faire appliquer ce mandat.

Ces actions montrent de manière très contrastée comment le gouvernement de Téhéran utilise depuis longtemps le terrorisme au Moyen-Orient et au-delà pour atteindre ses objectifs.

Avant que l'Iran n'accuse les États-Unis de terrorisme pour avoir tué Soleimani, un homme connu pour avoir organisé et équipé des groupes terroristes chiites dans tout le Moyen-Orient, il devrait expier son propre passé violent destiné à atteindre des objectifs politiques au détriment de la paix et de la sécurité de la région, a déclaré un observateur à Al-Mashareq.

Le 29 juin, le procureur de Téhéran, Ali Alqasi-Mehr, a annoncé que l'Iran avait émis un mandat d'arrêt contre « 36 personnes qui ont participé, ont été consultées ou ont ordonné » la mort de Soleimani.

Soleimani, le plus important responsable du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), était en charge de la branche étrangère du CGRI. Il a été tué en Irak le 3 janvier.

Le président américain « est en haut de la liste », et les efforts pour obtenir son arrestation « se poursuivront même après qu'il aura quitté ses fonctions », a fait savoir Alqasi-Mehr.

Les États-Unis ont rejeté cette initiative, Brian Hook, alors représentant spécial des États-Unis pour l'Iran a déclaré : « C'est un autre coup politique du régime iranien. Cela ne nous surprend pas et c'est le genre de propagande auquel je pense que nous sommes certainement habitués. »

Hook a déclaré que ce mandat d'arrêt « n'a rien à voir avec la sécurité nationale, la paix internationale ou la recherche de la stabilité [...]. Il s'agit d'un coup de propagande que personne ne prend au sérieux et qui donne l'impression que les Iraniens sont déraisonnables».

Interpol a indiqué dans un communiqué que sa constitution n'autorise « aucune intervention ou activité de nature politique », ajoutant qu'il ne prendrait pas en considération les demandes de cette nature.

Le passé violent de l'Iran à l'étranger

Le chercheur américain Amir Toumaj a expliqué à Al-Mashareq que le mandat et la demande d'aide à Interpol sont destinés à montrer que le régime iranien poursuit une action internationale en réponse à la mort de Soleimani. Or, a-t-il ajouté, « ils savaient que rien de sérieux n'en résulterait ».

Le régime iranien souligne le « meurtre injuste » de Soleimani. Dans le même temps, il est accusé d'avoir participé à l'attentat contre une caserne américaine au Liban en 1983 et d'avoir facilité l'attentat à la bombe contre les tours Khobar en Arabie saoudite en 1996.

Ahmad Vahidi, ancien ministre iranien de la Défense et commandant de la Force al-Qods du CGRI, était recherché par Interpol pour son implication dans l'attentat contre un centre communautaire en Argentine en 1994.

Plus récemment en Irak, des milices affiliées à l'Iran ont été accusées de dizaines d'attaques contre les États-Unis et d'autres missions internationales depuis janvier.

Ces attaques ont visé des forces américaines hébergées sur des bases irakiennes et leur ambassade dans la Zone verte de haute sécurité de Bagdad.

« Tactique d'isolement »

« Le régime iranien fait ce genre de coup de théâtre pour dire à son propre peuple 'regardez ce que nous faisons sur la scène internationale, regardez ce que nous pouvons accomplir' », a déclaré à Al-Mashareq un analyste de la marine iranienne à la retraite vivant aux États-Unis.

Cet effort de publicité est probablement en vain, a-t-il ajouté.

Il y a deux classes de personnes en Iran : les nantis et les démunis, a-t-il expliqué. Le premier groupe a des liens étroits avec le régime et est occupé à s'enrichir. Il ne se soucie pas de ce que l'Iran fait ou ne fait pas sur la scène internationale.

Le second groupe, celui des démunis, se trouve dans une situation si difficile qu'il ne se soucie pas non plus de la renommée internationale de la République islamique, a-t-il indiqué.

« Les dirigeants iraniens ne veulent pas négocier avec les États-Unis, et cette action (le mandat) en est une illustration », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

De telles tactiques de Téhéran servent à isoler encore davantage une République islamique déjà assiégée, a-t-il poursuivi.

Les puissances européennes hésitent déjà à prendre parti contre Washington dans toute querelle politique avec Téhéran, et elles auraient encore moins de raisons de le faire maintenant, a-t-il conclu, qualifiant ce mandat d'arrêt de « risible ».

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