Santé

Le Yémen au bord de la famine en pleine guerre et crise du COVID-19

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Un médecin examine un enfant yéménite souffrant de malnutrition le 5 juillet dans un centre de traitement de la province de Hajjah, dans le nord du Yémen. [Essa Ahmed/AFP]

Un médecin examine un enfant yéménite souffrant de malnutrition le 5 juillet dans un centre de traitement de la province de Hajjah, dans le nord du Yémen. [Essa Ahmed/AFP]

Lise Grande, coordinatrice humanitaire des Nations unies, a prévenu mercredi 8 juillet que le Yémen est une fois de plus au bord de la famine, car les fonds des donateurs qui ont permis d’éviter la catastrophe il y a 18 mois se sont taris.

La guerre en cours et la pandémie du nouveau coronavirus (COVID-19) ont déclenché de nouvelles vagues de déplacements et la hausse des prix des produits alimentaires.

Le Yémen est déjà en proie à ce que les Nations unies qualifient de pire crise humanitaire au monde, avec des dizaines de milliers de morts, environ quatre millions de personnes déplacées par la guerre et 80 % de ses 29 millions d’habitants dépendant de l’aide pour survivre.

Dans un entretien accordé à l’AFP depuis Sanaa, Grande a déclaré que des programmes essentiels fournissant des services d’assainissement, des soins de santé et de la nourriture fermaient déjà à cause du manque de liquidités, et la situation économique semble « effroyablement similaire ».

Une grave pénurie de carburant, pour laquelle les Houthis (Ansarallah) soutenus par l’Iran et le gouvernement s’accusent mutuellement, menace maintenant le fonctionnement du réseau électrique, l’approvisionnement en eau et les infrastructures essentielles comme les hôpitaux.

« Les navires ne sont pas autorisés à faire entrer des produits de première nécessité, la monnaie perd de sa valeur très rapidement. La banque centrale n’a plus d’argent. Le prix du panier alimentaire de base [...] a augmenté de 30 % rien qu’au cours des dernières semaines », a-t-elle poursuivi.

Augmentation des prix des produits alimentaires

Fin juin, le coût du « panier alimentaire minimum », ce dont une famille moyenne a besoin pour survivre pendant un mois, avait augmenté de 35 % dans certaines régions, selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Dans le même temps, le pouvoir d’achat du riyal yéménite a baissé.

Le panier alimentaire comprend de la farine de blé, des haricots, de l’huile de cuisine, du sel et du sucre, ainsi que du savon pour les mains, du détergent pour le linge, des serviettes hygiéniques et de l’eau.

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le coût du panier alimentaire a augmenté de 36 % à Sanaa, 12 % à Lahj, 10 % à Taez et 10 % à Socotra, la pandémie ayant eu un effet sur les prix au Yémen et sur le coût des aliments importés.

La FAO a déclaré qu’elle s’attend à ce que les prix des denrées alimentaires continuent à augmenter jusqu’en septembre au moins, principalement en raison de la dépréciation continue de la monnaie.

« La hausse du prix du panier alimentaire au Yémen est le résultat de cinq années de guerre », a déclaré Moustafa Nasr, président du Centre des études et des médias économiques, à Al-Mashareq.

Le pouvoir d’achat du riyal yéménite a chuté dans un contexte de « crise des produits dérivés du pétrole et d’autres difficultés économiques amenées par la guerre », a-t-il affirmé.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 100 000 personnes ont été déplacées au Yémen depuis le début de l’année du fait des combats et de l’épidémie de coronavirus.

Impact du conflit

Les combattants ont agi « sans respecter le droit humanitaire international qui exhorte les belligérants à protéger les civils et à fournir les services nécessaires », a déclaré l’avocate et militante des droits de l’homme Huda al-Sarari.

Le conflit ne justifie pas « l’échec et la négligence des acteurs du conflit à remplir leurs obligations envers les citoyens dans les zones sous leur contrôle, en particulier avec la pandémie de COVID-19 », a-t-elle indiqué à Al-Mashareq.

Le Yémen n’a pas la capacité de mettre en œuvre les mesures sanitaires nécessaires pour lutter contre le virus, a-t-elle fait savoir, qui est l’une des causes des déplacements dans certaines régions.

La vague massive de déplacements « reflète l’impact du conflit et des affrontements militaires, ainsi que de l’épidémie de coronavirus », a déclaré le vice-ministre des Droits de l’homme Nabil Abdoul Hafeez à Al-Mashareq.

« Le nombre de personnes déplacées internes (DI) est d’environ quatre millions, un chiffre énorme qui nécessite le redoublement des efforts de la part des organisations des Nations unies pour les aider et alléger leurs souffrances », a-t-il déclaré.

Un effort parallèle pour favoriser la paix est également nécessaire, a-t-il ajouté.

L’une des tragédies humaines de la guerre est l’ampleur des déplacements au Yémen, a déclaré Nasr.

Aider les populations déplacées doit être « une priorité pour toutes les parties » compte tenu du coût élevé de la vie et du nombre croissant de personnes déplacées, a-t-il conclu.

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