Le recrutement forcé d'enfants par les Houthis (Ansarallah) appuyés par l'Iran pour se battre dans la longue guerre que traverse le Yémen constitue une violation flagrante des droits de l'enfant, ont expliqué des responsables et des activistes à Al-Mashareq.
A l'occasion d'un entretien accordé le 14 février au quotidien Okaz, le ministre yéménite de l'Education Abdoullah Lamlas a fermement critiqué les Houthis pour forcer des élèves fréquentant les écoles sous leur contrôle à combattre dans les rangs de cette milice.
Ce faisant, les Houthis espèrent compenser les pertes subies sur le front, a-t-il expliqué, ajoutant que les combattants de la milice prennent les enfants dans leurs salles de classe et les envoient dans des camps d'entraînement paramilitaires.
Cette milice a recours à diverses tactiques pour recruter ou obliger les enfants à se battre, « notamment le recrutement dans les mosquées, les écoles et les camps [de déplacés] par le biais de ses représentants ou des familles qui lui sont fidèles », a ajouté le politologue Waddah al-Jalil.
Par ces canaux, les Houthis cherchent à tromper les enfants en leur faisant croire qu'ils défendent le pays, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.
Parmi les autres méthodes utilisées par les Houthis, « le rapt d'enfants dans leurs écoles, dans les rues et sur les marchés », a-t-il ajouté, ainsi que la coercition exercée contre les familles, par des menaces d'extorsion, pour qu'elles envoient leurs enfants au combat.
« Les familles acceptent par peur de faire l'objet de punitions brutales de la part des milices houthies », a-t-il poursuivi, citant un incident survenu en janvier dans la province de Hajjah au cours duquel un ancien d'une tribu a été abattu pour avoir refusé de leur remettre son fils.
« Conduire les enfants à la mort »
Le recrutement forcé d'enfants pour aller combattre constitue une violation des lois locales et internationales et des droits de l'enfant, en particulier de leur droit à la vie, à l'éducation et à la sécurité, a affirmé l'avocat et militant des droits de l'homme Abdoul Rahman Barman.
Recruter des enfants soldats « signifie les conduire à leur mort », a-t-il expliqué à Al-Mashareq, soulignant que la plupart de ces enfants envoyés au front « sont revenus comme cadavres ».
Les rues de Sanaa et des autres villes contrôlées par les Houthis sont remplies de photos d'enfants soldats morts en combattant dans cette guerre, a-t-il poursuivi.
« La conscription des enfants sous toutes ses formes et manifestations est condamnable », a expliqué le journaliste et politologue Khalid Nasser à Al-Mashareq.
Les enfants jetés au cœur des combats sont en réel danger de mort ou de graves dommages psychologiques « parce qu'ils ne sont pas préparés à se battre et que leurs âmes pures sont sacrifiées à des fins autoritaires », a-t-il ajouté.
Et de poursuivre : « Nul besoin de citer des exemples, les cimetières et les murs de la ville sont couverts des photos de ces enfants sacrifiés. »
Les chefs des Houthis ont récemment inauguré un cimetière à Dhammar « comme s'ils inauguraient un quelconque projet stratégique », a ajouté Nasser.
L'Iran complice dans le recrutement d'enfants
Envoyer des enfants combattre est un acte condamnable, a expliqué à Al-Mashareq Nadia Abdoullah, l'une des participantes à la Conférence sur le dialogue national.
« Ayant perdu nombre de ses combattants sur le front, la milice houthie commence à recourir au recrutement forcé d'enfants par la force des armes, une stratégie à laquelle est favorable l'Iran, qui apporte son soutien aux milices houthies », a-t-elle ajouté.
D'autres pointent également du doigt l'Iran, que Human Rights Watch avait accusé en novembre de recruter des enfants soldats pour combattre en Syrie.
« L'Iran possède une grande expérience dans le recrutement d'enfants », a souligné al-Jalil, rappelant que le pays avait déjà utilisé des enfants lors de la guerre contre l'Irak dans les années 1980, et a exporté cette pratique à ses affiliés, notamment aux Houthis du Yémen.
« Toutes les actions [des Houthis] sont menées sur la base de l'expertise et de conseils iraniens dans tous les secteurs, car les Houthis constituent le bras militaire, culturel et sectaire de l'Etat iranien au Yémen», a conclu Barman.