La première mission spatiale arabe vers Mars, équipée de sondes pour étudier l’atmosphère de la Planète rouge, est conçue pour inspirer la jeunesse de la région et ouvrir la voie à des avancées scientifiques, ont déclaré des responsables mardi 9 juin.
La sonde autonome Al-Amal (Espoir en arabe) doit décoller du centre spatial japonais le 15 juillet, et les préparatifs sont entrés dans leur phase finale.
Ce projet est le prochain pas de géant pour les Émirats, dont les gratte-ciel colossaux et les méga-projets ont déjà positionné le pays sur la scène mondiale.
Les Émirats ont envoyé leur premier astronaute dans l’espace l’année dernière et ils prévoient également de construire une « Cité de la science » pour reproduire les conditions de Mars, où ils espèrent construire une colonie humaine d’ici 2117.
Omran Sharaf, le chef de projet de la mission, a déclaré qu’en dehors des objectifs scientifiques ambitieux, cette mission était destinée à récréer l’âge d'or des réussites culturelles et scientifiques de la région.
« Les Émirats arabes unis ont voulu envoyer un message fort à la jeunesse arabe et lui rappeler le passé, lorsque nous étions des générateurs de savoir », a-t-il déclaré à l’AFP.
« Des gens d’origines et de religions différentes coexistaient et partageaient une identité similaire », a-t-il affirmé à propos du monde arabe, où de nombreux pays sont aujourd'hui déchirés par des conflits sectaires et des crises économiques.
« Mettez vos différences de côté, concentrez-vous sur la construction de la région, vous avez une histoire riche et vous pouvez faire beaucoup plus. »
Fenêtre étroite
Sarah al-Amiri, cheffe de projet adjointe de la mission, a déclaré qu’il était impératif que le projet ait un impact scientifique à long terme.
« Ce n’est pas une mission de courte durée, mais un projet qui se poursuit au fil des ans et qui donne de précieuses découvertes scientifiques, que ce soit par des chercheurs aux Émirats arabes unis ou dans le reste du monde », a-t-elle déclaré à l’AFP.
Elle a ajouté que la sonde fournira une image complète de la dynamique météorologique de l’atmosphère martienne grâce à l’utilisation de trois instruments scientifiques.
Le premier est un spectromètre infrarouge pour mesurer la basse atmosphère de la planète et analyser sa structure thermique.
Le deuxième est un imageur haute résolution qui fournira des informations sur l’ozone, et le troisième est un spectromètre ultraviolet pour mesurer les niveaux d’oxygène et d’hydrogène à une distance allant jusqu’à 43 000 kilomètres de la surface.
Ces trois outils permettront aux chercheurs d’observer la Planète rouge « à toute heure du jour et d’observer Mars pendant ces différentes heures », a fait savoir al-Amiri.
« Ce que nous voulons mieux comprendre, et cela est important pour la dynamique planétaire dans son ensemble, ce sont les raisons de la perte de l’atmosphère et si le système météorologique sur Mars a réellement un impact sur la perte d’hydrogène et d’oxygène », a-t-elle expliqué, faisant référence aux deux composants qui constituent l’eau.
Sharaf a indiqué que le ravitaillement de la sonde devait commencer la semaine prochaine.
Elle devrait être lancée le 15 juillet depuis le centre spatial japonais de Tanegashima et revenir sur Terre en février 2021, en fonction de nombreuses variables, dont la météo.
« Si nous ratons la fenêtre de lancement, qui se situe entre la mi-juillet et le début du mois d’août, nous devrons alors attendre deux ans pour une autre fenêtre », a indiqué Sharaf.
Mais les espoirs sont grands que la mission se déroulera comme prévu et ne sera pas déraillée par la pandémie de coronavirus (COVID-19).