Santé

Le Yémen appelle à l'aide contre l'augmentation du nombre de cas de COVID-19

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Un homme portant un masque de protection reçoit une aide humanitaire à Taez le 8 mai, pendant la pandémie du nouveau coronavirus. [Ahmad al-Basha/AFP]

Un homme portant un masque de protection reçoit une aide humanitaire à Taez le 8 mai, pendant la pandémie du nouveau coronavirus. [Ahmad al-Basha/AFP]

La Haute Commission d'urgence du Yémen pour la lutte contre le nouveau coronavirus (COVID-19) a annoncé dimanche 10 mai que le nombre de cas confirmés dans les zones du pays contrôlées par le gouvernement était passé à 51.

Huit de ces personnes sont mortes, et une s'est complètement rétablie.

Par ailleurs, deux infections, dont un décès, ont été enregistrées dans des régions du Yémen contrôlées par les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran.

Dans les zones contrôlées par le gouvernement, « 17 [nouveaux] cas confirmés de coronavirus ont été enregistrés : trois dans la vallée de l'Hadramaout, dix à Aden, deux à Lahj, dont un décès, et deux à Taez», a fait savoir la commission dans un communiqué.

Trois des cas enregistrés dans l'Hadramaout concernaient des voyageurs venus d'Aden, a déclaré à Al-Mashareq Abdoul Hadi al-Tamimi, gouverneur de cette région.

Ils sont isolés au centre de quarantaine de Seiyun, a-t-il précisé.

« Les équipes de surveillance du bureau de santé [de l'Hadramaout] ont suivi 39 contacts et imposé un confinement de deux semaines dans la zone où les cas ont été découverts par mesure de précaution, pour empêcher la propagation du virus», a fait savoir al-Tamimi.

Il a exhorté les habitants de l'Hadramaout à respecter les mesures de précaution et de distanciation sociale, les invitant à rester chez eux et à ne sortir qu'en cas de nécessité.

Dans la province de Taez, le comité d'urgence a annoncé deux nouveaux cas, ce qui porte à quatre le nombre total de cas dans la province, dont un décès.

Appel à l'aide internationale

Dimanche, l'Arabie saoudite a annoncé qu'elle accueillera le 2 juin une conférence des bailleurs de fonds pour aider le Yémen, a rapporté l'AFP.

Cette conférence se fera par internet en partenariat avec les Nations unies, selon la Saudi Press Agency.

Le royaume n'a pas indiqué quelle somme devait être récoltée lors de l'événement.

L'annonce saoudienne a été faite alors que le ministère yéménite des Droits de l'homme lançait de son côté un appel à l'aide humanitaire.

Il a appelé l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Centre King Salman pour le secours et l'aide humanitaire (KSrelief), le Croissant-Rouge émirien, la Société humanitaire koweïtienne et d'autres organisations internationales à prendre des mesures immédiates pour venir en aide aux Yéménites.

Le ministère a demandé de l'aide pour assurer des soins médicaux aux patients atteints de coronavirus, fournir des tests à grande échelle, équiper les travailleurs de santé en équipements de protection et apporter aux hôpitaux des fournitures médicales et des respirateurs.

« Le ministère suit avec une profonde inquiétude la propagation du COVID-19 à Aden et dans d'autres provinces du pays », a déclaré le ministère dans un communiqué, avertissant que le risque d'une épidémie catastrophique est élevé.

Nabil Abdoul Hafeez, vice-ministre des Droits de l'homme, a mis en garde contre une possible propagation rapide du coronavirus au Yémen, qui est mal équipé pour y faire face après des années de guerre avec les Houthis qui ont dévasté ses infrastructures sanitaires.

« La communauté internationale a la responsabilité d'aider le Yémen à faire face à cette pandémie », a-t-il affirmé, soulignant que même les systèmes de santé des pays développés ont eu du mal à gérer l'épidémie.

Services de santé et droits de l'homme

Le poste-frontière d'al-Wadia entre le Yémen et l'Arabie Saoudite a été rouvert samedi pour permettre aux Yéménites bloqués de revenir après la mise en place de mesures de quarantaine.

« Les Yéménites ont été autorisés à rentrer après que des logements nécessaires aient été fournis et que des mesures médicales et de sécurité préventives aient été mises en place », a rapporté Hani al-Amoudi, directeur du Bureau de la santé et de la population de la vallée de l'Hadramaout et du désert.

Ces mesures prévoient un isolement de quatorze jours dans un centre disposant « d'une équipe médicale, d'une unité de soins intermédiaires, du matériel de laboratoire et d'une section de radiologie », a-t-il déclaré.

L'OMS et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont quant à elles appelé les autorités yéménites à continuer d'accepter et soutenir les communautés vulnérables, y compris les migrants, comme elles le font depuis longtemps.

Dans une déclaration commune, les deux organisations ont noté que le premier mort du coronavirus à Sanaa était un réfugié somalien, et ont déclaré que les migrants sont stigmatisés en tant que transmetteurs de la maladie et soumis à un harcèlement et un traitement sévère.

Cela inclut « le refus d'accès aux services de santé, des restrictions de déplacement et des relocalisations forcées vers les zones de front et du désert, les laissant sans nourriture, sans eau et sans services essentiels », a précisé la déclaration.

Samedi, le comité d'urgence des Houthis a exhorté les habitants des zones sous leur contrôle à rester chez eux après que les deux premiers cas ont été enregistrés. Mais aucune mesure de précaution obligatoire n'a été prise.

L'analyste politique Faisal Ahmed a indiqué à Al-Mashareq que selon les médecins locaux, les cas enregistrés dans les zones contrôlées par les Houthis seraient beaucoup plus nombreux que ce qui est rapporté.

Cela explique l'appel des Houthis à rester à domicile, a-t-il précisé.

« Les autorités houthies ferment chaque jour davantage de quartiers de Sanaa après avoir transféré les cas suspects avec leurs familles vers des centres de quarantaine et de soins », a-t-il conclu .

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