Politique

La trêve commence et le Yémen ferme le point de passage en Arabie saoudite

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden et AFP

Des voitures de police et civiles traversent le poste frontière d'al-Wadia entre l'Arabie saoudite et le Yémen sur cette photo d'archive datée du 29 septembre 2003. Ce point de passage, qui relie la province de l'Hadramaout yéménite au royaume, a été fermé jusqu'à nouvel ordre. [Khaled Fazaa/AFP]

Des voitures de police et civiles traversent le poste frontière d'al-Wadia entre l'Arabie saoudite et le Yémen sur cette photo d'archive datée du 29 septembre 2003. Ce point de passage, qui relie la province de l'Hadramaout yéménite au royaume, a été fermé jusqu'à nouvel ordre. [Khaled Fazaa/AFP]

Une trêve déclarée par la coalition arabe est entrée en vigueur au Yémen jeudi 9 avril, et le Yémen a annoncé qu'il fermait son unique point de passage terrestre avec l'Arabie saoudite pour lutter contre la pandémie mondiale du nouveau coronavirus (COVID-19).

À la mi-mars, le gouvernement du Yémen a ordonné la fermeture partielle de tous les points de passage terrestres, maritimes et aériens aux voyageurs, mais les a laissés ouverts pour le transport commercial, les secours et l'aide humanitaire, sous réserve de tests.

Le 30 mars, la fermeture a été prolongée de deux semaines jusqu'à la mi-avril.

Le vice-Premier ministre yéménite et ministre des Transports par intérim Salem al-Khanbashi, a maintenant ordonné la fermeture complète du point de passage de Wadia jusqu'à nouvel ordre, dans un message envoyé à l'administration du poste frontière.

Cette fermeture est intervenue deux jours seulement après la suspension des travaux au poste frontière de Shahn avec Oman jusqu'à nouvel ordre, en attendant la préparation d'un centre de quarantaine et la mise à disposition d'équipes médicales spécialisées pour lutter contre le coronavirus.

Le directeur du poste frontière de Wadia, Moutliq al-Sairi, a émis une circulaire aux administrations civiles et militaires pour que le poste soit fermé jusqu'à nouvel ordre.

« Le Yémen n'a pas d'infections au coronavirus confirmées », a déclaré le vice-ministre de la Santé Ali al-Walidi à Al-Mashareq, mais le pays se prépare à une épidémie en coopération avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Le ministère de la Santé déploie des efforts très importants pour se préparer à la pandémie de coronavirus, en ouvrant des centres de tests et de quarantaine, en fournissant des fournitures et des kits de tests et en formant des équipes épidémiologiques », a-t-il fait savoir.

« Les autorités provinciales locales déploient des efforts dans le cadre d'activités de sensibilisation et mettent en œuvre un certain nombre de mesures de précaution, notamment en pulvérisant et en désinfectant les marchés et les lieux publics », a-t-il ajouté.

La coalition arabe déclare une trêve

La coalition arabe a mis en place jeudi un cessez-le-feu unilatéral au Yémen, disant espérer que cette initiative destinée à prévenir le coronavirus dans ce pays appauvri conduise à une solution politique plus large.

Les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran n'ont fait aucun commentaire sur la déclaration de la coalition d'une pause de deux semaines dans le conflit de cinq ans et qui a pris effet à 9 heures GMT.

Ce cessez-le-feu unilatéral fait suite à une escalade des combats entre les belligérants, malgré un appel des Nations unies à une cessation immédiate pour protéger les civils contre la pandémie.

« La coalition est déterminée [...] à soutenir les efforts visant à lutter contre la propagation de la pandémie de COVID-19 », a indiqué mercredi le porte-parole de la coalition arabe Turki al-Maliki, lors de l'annonce du cessez-le-feu.

La trêve de deux semaines, qui pourrait être prolongée, vise à créer « les conditions appropriées » pour une réunion sous l'égide des Nations unies entre les belligérants afin de parvenir à un « cessez-le-feu permanent » au Yémen, a ajouté al-Maliki.

La coalition arabe a déclaré être pleinement engagée en faveur d'un cessez-le-feu de deux semaines. Mais quand il lui a été demandé si elle répondrait si les Houthis persistaient dans leurs attaques pendant la trêve, un responsable saoudien a bien précisé qu'elle se réservait le droit de « défendre [son] peuple ».

L'envoyé spécial des Nations unies au Yémen Martin Griffiths s'est félicité de la trêve, appelant les belligérants à « cesser immédiatement toutes les hostilités avec le plus grand sens de l'urgence ».

Les Houthis doivent « faire preuve de bonne volonté »

Le prince Khalid ben Salmane, vice-ministre saoudien de la Défense, a appelé les Houthis à « faire preuve de bonne volonté » en engageant sérieusement le dialogue.

« Ce cessez-le-feu de deux semaines créera, espérons-le, un climat plus propice pour désamorcer les tensions et travailler avec (Griffiths) à un règlement politique durable », a déclaré le prince Khalid dans un message diffusé sur les réseaux sociaux.

Les Émirats arabes unis, allié clé de la coalition, ont applaudi la décision saoudienne, la qualifiant de « sage et responsable ».

« J'espère que les Houthis seront à la hauteur. La crise du COVID-19 éclipse tout : la communauté internationale doit intensifier ses efforts et travailler de concert pour protéger le peuple yéménite », a écrit sur Twitter Anouar Gargash, ministre d'État des Affaires étrangères des Émirats arabes unis.

« C'est une décision importante sur laquelle il faut s'appuyer, tant sur le plan humanitaire que politique », a-t-il ajouté.

Les Nations unies ont à plusieurs reprises appelé à une cessation immédiate des hostilités au Yémen afin d'éviter les conséquences potentiellement désastreuses de l'épidémie de coronavirus.

L'Arabie saoudite, le gouvernement yéménite et les Houthis avaient tous accueilli favorablement l'appel du Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres en faveur d'un « cessez-le-feu global immédiat » pour permettre d'éviter une catastrophe pour les personnes vulnérables dans les zones de conflit.

« Il est très important de voir si les Houthis vont arrêter leurs opérations militaires », a déclaré Fatima Abo Alasrar, chercheuse à l'Institut du Moyen-Orient.

« Ce sera la véritable épreuve de vérité d'un cessez-le-feu réussi, car les Houthis ont actuellement ouvert de multiples fronts de bataille qu'ils ne peuvent pas se permettre de fermer. »

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