Sécurité

L'Iran poursuit son programme malgré la crise sanitaire

Sultan al-Barei à Riyad

L'un des missiles tirés en territoire saoudien par les Houthis fin mars avait été intercepté et ses débris étaient tombés au sol, sans faire de dégâts. [Photo fournie par la Saudi Press Agency]

L'un des missiles tirés en territoire saoudien par les Houthis fin mars avait été intercepté et ses débris étaient tombés au sol, sans faire de dégâts. [Photo fournie par la Saudi Press Agency]

Le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) met à profit la pandémie du nouveau coronavirus (COVID-19) pour étendre son influence dans la région et attiser les tensions sectaires, ont expliqué des spécialistes de l'Iran à Al-Mashareq.

Le CGRI alimente les troubles en promouvant des théories du complot totalement fausses sur les origines du virus, et en alimentant les tensions sectaires quant à la nécessaire fermeture des sites religieux, en particulier ceux situés en Arabie saoudite, ont-ils indiqué.

Aviver les flammes du conflit sectaire fait partie du mode opératoire du CGRI depuis l'arrivée du régime actuel au pouvoir, a expliqué Hossein Shayan, un natif de Téhéran, à Al-Mashareq.

Désormais les commandants du CGRI en Iran et les dirigeants des milices affiliées dans la région propagent une nouvelle théorie du complot concernant le coronavirus, « impliquant que les pays occidentaux, en particulier les États-Unis, en sont à l'origine », a-t-il indiqué.

Mohammed al-Houthi, le président du Comité révolutionnaire suprême autoproclamé des Houthis, s'est fait l'écho de ce complot sans fondement, a-t-il ajouté, et a également qualifié la fermeture des sites religieux en Arabie saoudite de « péché horrible ».

Cela est une tentative flagrante « d'attiser les tensions sectaires et religieuses », a-t-il poursuivi.

Campagne de désinformation

Au Liban, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a « repris cette campagne de désinformation tout en continuant en même temps sa propre campagne d'incitation à la haine contre certains pays arabes, en particulier les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite », a ajouté Shayan.

« Au lieu de porter son attention sur la détérioration de la situation intérieure, notamment la situation sanitaire, le commandant de la Force al-Qods du CGRI, le général Esmail Qaani, s'est rendu en Irak et en Syrie et y a rencontré les leaders de ses affiliés », a indiqué Shayan.

Qaani se trouvait à Bagdad le 30 mars, où il aurait rencontré de hauts responsables irakiens pour leur faire part du rejet par l'Iran de la nomination d'al-Zurfi au poste de Premier ministre.

Al-Zurfi a depuis terminé sa tentative de former un gouvernement, mais depuis sa nomination officielle, des médias proches du CGRI se sont mobilisés pour le détruire, l'accusant d'être un allié proche des États-Unis et un ennemi de l'ingérence iranienne en Irak.

Qaani a effectué ces visites « sans égard aux risques associés aux importants rassemblements que provoquent ces visites ni aux tensions, en particulier en Irak », a-t-il expliqué.

Cette insistance à aller voir ses intermédiaires dans la région, même dans le contexte de l'actuelle crise sanitaire, indique que « les actuels leaders du CGRI ne s'intéressent à rien d'autre qu'aux intérêts liés à l'extension [de leur mainmise] sur la région et à l'exploitation de la moindre opportunité », a-t-il ajouté.

Aucune cessation des hostilités

Au Yémen, les Houthis (Ansarallah) appuyés par l'Iran ont tiré parti de l'inquiétude mondiale relative à la pandémie du coronavirus pour tirer des missiles vers l'Arabie saoudite, a affirmé l'expert militaire Wael Abdoul-Mouttalib à Al-Mashareq.

La milice a même lancé plusieurs attaques en territoire saoudien, non loin de la frontière avec le Yémen, a-t-il indiqué.

Les Houthis ont profité de l'accord de cessez-le-feu de la coalition arabe pour continuer à viser des villes saoudiennes et la navigation maritime, ont indiqué des observateurs.

Cela signifie que des armes iraniennes continuent d'affluer au Yémen pour servir les objectifs de l'Iran et ses plans d'expansion dans la région, ont-ils poursuivi.

Abdoul-Mouttalib a ajouté qu'il n'excluait pas la possibilité de voir les milices pro-iraniennes en Irak et en Syrie opérer « un redéploiement massif », en profitant de la situation pour chercher à s'étendre dans de nouvelles zones.

Les précurseurs de ce plan commencent déjà à apparaître sur le terrain, a-t-il continué, « en parlant de fausses campagnes militaires basées sur des prétentions infondées relatives à la résurgence de 'l'État islamique en Irak et en Syrie' (EIIS) ».

Agiter les tensions dans la région

« Le CGRI n'aura pas attendu longtemps avant de commencer à exploiter la crise liée à la pandémie du coronavirus pour [...] agiter les tensions dans la région », a expliqué Fathi al-Sayed, spécialiste en affaires iraniennes au Centre al-Sharq d'études régionales et stratégiques.

Les médias iraniens ont pour leur part saisi le sort des citoyens bahreïniens provisoirement coincés en Iran pour affirmer que Bahreïn ne se souciait pas de ses ressortissants et les abandonnait seuls face à la pandémie de coronavirus, a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

La plupart étaient venus en Iran pour des séjours religieux via un autre pays, bien qu'il apparaisse que certains n'avaient pas divulgué que leur destination finale était l'Iran, a-t-il précisé.

« L'Iran et ses médias affirment que ces appels lancés par ces ressortissants bahreïniens à leur gouvernement ne sont pas entendus », a-t-il ajouté.

Or, les autorités de Bahreïn n'ont pas hésité à fournir assistance à leurs ressortissants à l'étranger, a-t-il précisé, et ont déjà commencé à les évacuer.

Bahreïn a également attribué des allocations journalières pour les aider avec leurs dépenses dans l'attente d'un rapatriement, a-t-il conclu.

Aimez-vous cet article?

0 COMMENTAIRE (S)

Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500