Le gouvernement libanais prend des mesures préventives pour contrôler la propagation du nouveau coronavirus (COVID-19) au Liban, avec des procédures spéciales en place pour les camps de réfugiés syriens.
Alors que le virus mortel commençait à se propager dans le monde entier, le Premier ministre Hassan Diab a mis en place le 2 février un comité chargé de suivre les mesures préventives pour lutter contre l'épidémie.
Les mesures prises par la suite prévoyaient des restrictions de déplacement, la fermeture d'écoles et de restaurants, et la fermeture temporaire de tous les lieux de divertissement tels que les cinémas et les boîtes de nuit.
Le 15 mars, le président Michel Aoun a annoncé un « état d'urgence médicale », et le 21 mars le Premier ministre a appelé les citoyens à respecter un « couvre-feu auto-imposé ».
Ces restrictions s'appliquent également aux réfugiés syriens vivant au Liban, afin de protéger les résidents des camps et les communautés d'accueil.
Les municipalités, en coordination avec les organisations locales de la société civile, les responsables des camps et les organisations internationales, mettent en œuvre des mesures préventives, notamment des campagnes de sensibilisation et la désinfection des camps.
Le ministre de l'Intérieur et des Municipalités, Mohammed Fahmi, a demandé au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) de l'aider à mener des opérations de désinfection dans les camps de réfugiés.
Il a également demandé de l'aide pour la distribution de matériel de nettoyage et d'assainissement aux réfugiés, et que les médecins procèdent à des examens médicaux périodiques afin de lutter contre la propagation du virus.
Par ailleurs, le 22 mars, des équipes du Département de la sécurité nationale de la Direction générale de la sûreté générale (DGSG) ont mené des campagnes de désinfection dans 72 camps dans la vallée de la Bekaa, au Mont Liban, à Akkar et dans le Gouvernorat du Sud.
Campagnes de sensibilisation
Les autorités mettent en place des mesures pour contrer la propagation de COVID-19 dans la ville d'Arsal, où se trouve la plus grande concentration de camps de réfugiés syriens au Liban, avec plus de 70 000 réfugiés répartis dans 130 camps, selon Bassel al-Hujairi, le maire d'Arsal.
S'y ajoutent les quelque 1500 familles vivant dans des maisons.
« La municipalité applique les procédures strictes émises par le ministère de la Santé et le gouvernement et suit leurs directives, y compris l'achat de thermomètres et la désinfection de la ville, des camps de réfugiés et des tentes », a-t-il fait savoir à Al-Mashareq.
« Nous terminerons la désinfection de toutes les tentes une fois que nous aurons reçu [plus] de matériel désinfectant du HCR », a-t-il déclaré.
« Nous avons fermé les entrées d'Arsal et lancé des campagnes de sensibilisation à l'aide de haut-parleurs aux mesures à suivre, comme l'interdiction des rassemblements, l'hygiène et la stérilisation », a-t-il indiqué.
« Nous ne disposons pas des outils médicaux nécessaires pour traiter les infections, c'est pourquoi nous intensifions les mesures préventives avec l'aide de plusieurs bénévoles syriens », a déclaré al-Hujairi.
Le comité de la Voix des réfugiés syriens au Liban « mène des campagnes de sensibilisation quotidiennes dans les camps Arsal et distribue des instructions de prévention aux réfugiés sur les moyens de limiter la propagation du coronavirus », a déclaré Abou Ahmed Sabeea, un responsable du comité.
« À ce jour, la campagne a couvert 87 camps et il a été observé que tous les camps se conforment aux instructions du ministère de la Santé », a-t-il rapporté à Al-Mashareq.
Sabeea a lancé un appel au HCR et à d'autres organisations humanitaires locales et internationales pour « fournir du matériel de stérilisation, des détergents, du matériel de chauffage et de la nourriture aux réfugiés d'Arsal ».
Élaboration de plans d'urgence
Omar Abdoullah, responsable chez Sawa for Development and Aid, a déclaré que son organisation avait pris des mesures immédiates pour protéger la population réfugiée.
« Lorsque le gouvernement libanais a annoncé le premier cas d'infection au coronavirus le 21 février, l'organisation a élaboré un plan d'urgence de base pour limiter la propagation du virus », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.
Ce plan d'urgence prévoit l'envoi d'équipes formées par la Croix-Rouge sur la prévention de la propagation du coronavirus dans les camps de Bar Elias et de Saadnayel pour mener des ateliers de sensibilisation et distribuer des brochures éducatives, a-t-il expliqué.
Sawa a également « distribué des rations alimentaires, du matériel d'hygiène et de stérilisation dans les camps les plus nécessiteux de Bar Elias et Saadnayel afin d'empêcher les réfugiés de les quitter, et a appliqué la directive émise par le gouvernement libanais sur le rassemblement public et la distanciation sociale », a déclaré Abdoullah.
Sawa a élaboré des plans pour combattre le virus s'il arrive dans les camps, a-t-il indiqué.
« La première étape consiste à poursuivre la distribution de rations alimentaires et de matériel de stérilisation et d'hygiène puisque les réfugiés sont tenus de se mettre en quarantaine dans leurs tentes », a précisé Abdoullah.
Des zones d'isolement seront également mises en place pour traiter les cas d'infection potentiels.
Les organisations internationales se concentrent sur les réfugiés
La santé des réfugiés et de leurs communautés d'accueil « est l'une des priorités du HCR et le point central de ses efforts liés à la prévention et à la réponse à la pandémie de coronavirus », a déclaré Lisa Abou Khaled, chargée de l'information publique au HCR.
En coopération avec l'Organisation mondiale de la santé et l'UNICEF, le HCR « a lancé des campagnes de sensibilisation préventive sur l'hygiène à un stade précoce dans les lieux où les réfugiés se rendent pour recevoir des services, se rassembler et habiter », a-t-elle rapporté à Al-Mashareq.
Ils ont également sensibilisé aux moyens de demander un test.
Abou Khaled a expliqué que le HCR « diffuse toutes les informations à tous les réfugiés au Liban par le biais de SMS et de campagnes médiatiques et sociales, et a fermé les centres de services communautaires et d'accueil conformément aux directives du gouvernement sur la limitation des rassemblements ».