Les écoles al-Mahdi affiliées au Hezbollah au Liban ont récemment exigé que leurs élèves passent un examen sur la vie et les réussites de Qassem Soleimani, l'ancien commandant de la Force al-Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique (FQ-CGRI).
L'examen, passé le 10 février par les élèves du réseau d'écoles privées géré par le Hezbollah, comprenait un enregistrement audio qui vantait les soi-disant « vertus » de Soleimani auprès des élèves.
Soleimani, qui a trouvé la mort lors d'une frappe aérienne américaine à Bagdad début janvier, avait personnellement supervisé plus d'une vingtaine d'actes d'agression dans la région.
Il était directement responsable de la mort et des blessures de personnes innocentes, et d'avoir sapé la sécurité et la stabilité des pays de la région.
Les éducateurs libanais qui se sont entretenus avec Al-Mashareq ont qualifié cet examen du Hezbollah de dangereux lavage de cerveau, affirmant qu'il cherchait délibérément à endoctriner les enfants.
Le contrôle demandaient aux élèves de nommer le lieu de naissance de Soleimani, l'unité du CGRI dont il était responsable depuis 1988, le type de médailles du CGRI qui lui avaient été décernées par le Guide suprême de l'Iran Ali Khamenei, et la date de son décès.
L'examen demandait également aux élèves de nommer deux des attributs de Soleimani.
« Lavage de cerveau des enfants »
« J'ai été choqué d'apprendre que les écoles al-Mahdi faisaient passer à leurs élèves un examen sur Soleimani », a fait savoir à Al-Mashareq Zuhair Ezzedine, élève de sixième année âgé de 11 ans.
« C'est un terroriste qui a combattu au Yémen et en Syrie et a tué des innocents », a-t-il déclaré. « Il envoyait de l'argent et des armes au Hezbollah. »
« Des personnalités libanaises comme Fayrouz et Gibran Khalil Gibran sont censées être choisies comme sujets d'examen, pas Soleimani », a-t-il ajouté.
« Le parti lave le cerveau des enfants de mon âge. »
« Nous ne voulons pas être une génération qui appartient à l'Iran, mais au Liban », a-t-il déclaré. « C'est une honte que les élèves des écoles al-Mahdi soient soumis à ça, alors qu'ils devraient apprendre ce qui peut être utile pour leur avenir ».
Grâce à ses programmes scolaires, le Hezbollah « œuvre pour inculquer son idéologie aux élèves chiites dès leur plus jeune âge », a déclaré à Al-Mashareq Mona Fayyad, chercheuse universitaire et militante politique.
Le parti « a transformé ses écoles et ses husseiniyas en centres grâce auxquels il cherche à cimenter les rituels de la vie iranienne établis par le CGRI », a-t-elle indiqué.
Ces lieux « organisent des événements iraniens tout au long de l'année pour favoriser la vie sociale iranienne » au sein de la base du Hezbollah au Liban, « son environnement incubateur », a-t-elle ajouté.
Il faut noter que le Hezbollah « enseigne aux élèves dans ses écoles et ses troupes de scouts l'importance du martyre dès le plus jeune âge », a ajouté Fayyad. « Malheureusement, les parents sont conscients du danger que cela représente, mais gardent le silence. »
Propagation de la Wilayat al-Faqih
Le modèle éducatif présenté par le Hezbollah dans ses réseaux d'écoles al-Mahdi et al-Mustafa s'inscrit dans sa structure idéologique religieuse, a expliqué Ibrahim Hayder, rédacteur du journal An-Nahar spécialiste de l'éducation.
Le parti ne cache pas qu'il tente de construire une génération fidèle à la doctrine de la Wilayat al-Faqih (Tutelle du Juriste), qui appelle à l'allégeance à Khamenei, a-t-il déclaré à Al-Mashareq.
« Les écoles Al-Mahdi font partie des institutions éducatives et scoutes du parti et contribuent à une mobilisation éducative centrée sur la doctrine de la Wilayat al-Faqih et la propagation de sa culture », a-t-il rapporté.
Cette forte concentration sur l'Iran se fait « alors que ces écoles sont autorisées par l'État libanais et adhèrent au programme scolaire libanais », a-t-il poursuivi.
Les élèves des écoles al-Mahdi « apprennent le programme libanais obligatoire et suivent ensuite des programmes spéciaux qui mettent l'accent sur l'éducation religieuse partisane ».
Cette situation s'est développée à un point tel que le parti construit « une génération partisane organisée sous une administration totalitaire centralisée », a-t-il déclaré, où l'on enseigne aux élèves à ne pas dévier des buts, des objectifs et de l'autorité de l'Iran.
Une nouvelle génération de recrues
« Il n'est pas surprenant que le parti soumette les élèves des écoles al-Mahdi, qui comptent plus de 25 établissements au Liban, à un examen sur Qassem Soleimani », a déclaré Hayder.
En effet, « parler de lui fait partie de la mobilisation visant à leur faire renouveler leur fidélité à l'Iran et à suivre la voie tracée par Soleimani et le Hezbollah », a-t-il indiqué.
Il a expliqué que ces écoles, les scouts al-Mahdi et de nombreuses autres institutions liées au Hezbollah, « servent de réservoir qui approvisionne le parti en nouvelles générations » de recrues.
« Il n'est donc pas surprenant que ces écoles produisent par la suite des combattants pour le parti et des volontaires pour travailler sur ses projets au Liban et dans la région », a-t-il conclu.