Lors d'une conférence de presse fin décembre, les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran ont annoncé avoir élargi leur liste de cibles en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis.
Selon l'annonce, faite le 29 décembre par le général et porte-parole des Houthis Yahya Saree, la milice a « élargi sa liste de cibles militaires offensives pour inclure neuf sites vitaux, six en Arabie saoudite et trois aux Émirats arabes unis ».
Cela montre que la milice poursuit les intérêts et le programme du régime iranien aux dépens du peuple yéménite, ont affirmé des analystes yéménites à Al-Mashareq.
Lorsque l'Iran a juré de se venger de la mort, le 3 janvier à Bagdad, de Qassem Soleimani, commandant de ma Force Qods du Corps des Gardiens de la révolution islamique (FQ-CGRI), la milice a déclaré qu'elle allait revoir ses opérations, en soutien à l'Iran.
Malgré cette démonstration de force, les analystes ont indiqué que les Houthis sont dans une position de faiblesse qui a été aggravée par la perte de Soleimani, lequel dirigeait les relations externes du CGRI, y compris avec les Houthis au Yémen..
« Les Houthis sont doués pour exagérer leurs capacités militaires », a déclaré à Al-Mashareq Abdoul Salam Mohammed, directeur du Centre Abaad d'études stratégiques.
En réalité, a-t-il noté, « leur situation sur le terrain est actuellement à son pire depuis qu'ils ont saisi les ressources de l'armée yéménite lors du coup d'État de 2014 ».
La milice a cherché à exagérer ses capacités militaires en revendiquant des attaques comme les frappes de septembre contre deux installations pétrolières saoudiennes, a-t-il indiqué, qu'elle est extrêmement peu susceptible d'avoir commis.
« Il ne peut être exclu que d'autres attaques aient été menées ou supervisées par les Iraniens que les Houthis sont incapables de mener à bien [seuls] », a-t-il noté.
L'Iran dirige les Houthis
L'annonce par les Houthis qu'ils ont établi de nouvelles cibles en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis « n'a rien à voir avec les intérêts des Houthis », a-t-il déclaré, et montre simplement que l'Iran dirige les actions de la milice.
« Les Houthis au Yémen reçoivent un entraînement et de l'armement du CGRI, ainsi ils ne prennent pas de décision, c'est l'Iran qui le fait », a expliqué Mohammed.
Les deux parties reconnaissent qu'une attaque contre l'Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis serait « très coûteuse », a-t-il dit, et que « lancer des attaques dans le Golfe pourrait conduire à une confrontation militaire avec les États-Unis que les deux pays évitent depuis longtemps ».
« Les Houthis placent l'intérêt de l'Iran au-dessus de tout », a affirmé l'analyste politique Faisal Ahmed à Al-Mashareq, quel que soit le préjudice causé au peuple yéménite.
À cause de la guerre, 24,1 millions de personnes, soit plus des deux tiers de la population du Yémen, a besoin d'aide humanitaire.
L'ampleur de leurs souffrances révèle « l'ampleur du désastre provoqué par la guerre et le coup d'État des Houthis contre le pouvoir et les institutions étatiques », a-t-il fait savoir.
Cependant, la mort de Soleimani va encore plus affaiblir les Houthis, car le général iranien supervisait les opérations de la milice, a ajouté Ahmed.
Message d'avertissement à l'Iran
L'annonce par les Houthis de l'établissement de nouvelles cibles militaires en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis fait partie d'une « guerre médiatique » que mène la milice, a expliqué l'analyste politique Waddah al-Jalil à Al-Mashareq.
« Les attaques de drones et de missiles des Houthis sont destinées à dissimuler l'échec de leurs combattants sur les fronts », a-t-il déclaré.
Avec la dégradation de leurs capacités militaires sur le terrain, la milice trouve dans les missiles balistiques et les drones de fabrication iranienne « un moyen plus efficace de lancer des menaces », a-t-il indiqué.
« La mise à mort de Soleimani a été un message d'avertissement [à l'Iran et à ses alliés] quant aux risques de leur imprudence », a déclaré al-Jalil, et peut être considéré comme un ordre direct de cesser toutes les actions par lesquelles l'Iran a tenté d'étendre son influence dans la région.