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Les Houthis mentent sur leurs capacités militaires, affirment des experts

Nabil Abdoullah al-Tamimi à Aden

Un Yéménite porte une mitrailleuse sur les épaules lors d'une réunion tribale le 21 septembre à Sanaa, ville tenue par les Houthis. [Mohammed Huwais/AFP]

Un Yéménite porte une mitrailleuse sur les épaules lors d'une réunion tribale le 21 septembre à Sanaa, ville tenue par les Houthis. [Mohammed Huwais/AFP]

L'affirmation des Houthis selon laquelle ils auraient mené les récentes attaques contre des installations pétrolières saoudiennes est manifestement fausse et constitue une grossière exagération des capacités de la milice, car elle n'a pas accès à la technologie militaire qui a été utilisée, ont déclaré des experts.

Quelques jours après les attaques, le général de brigade Yahya Saree, porte-parole des Houthis, a annoncé que la milice (Ansarallah) soutenue par l'Iran avait mené ces attaques à l'aide de drones à réaction et à hélices.

Ceux-ci ont été lancés à partir de trois lieux différents, a-t-il précisé, en fonction de la portée, de la trajectoire de vol et de la direction, différentes selon l'emplacement de l'objectif.

Saree a affirmé que les attaques avaient été menées avec des drones Qasef longue portée de troisième génération (Qasef-3), un drone Samad-3 et des drones à réaction.

Le colonel Turki al-Maliki, porte-parole du ministère saoudien de la Défense, a indiqué que les enquêtes sur les attaques contre les deux usines de production d'Aramco avaient révélé que 18 drones et sept missiles de croisière avaient été utilisés.

Al-Maliki a montré des photos et des restes des missiles utilisés pour l'attaque lors d'une conférence de presse le 18 septembre, où il a révélé que des drones Delta Wing de fabrication iranienne et des missiles de croisière à guidage de précision « Ya Ali » avaient été utilisés.

Les Houthis ne possèdent pas cette technologie

« Il est impossible pour les Houthis de posséder des drones à réaction, car ils sont fabriqués par des pays importants et vendus dans le cadre d'accords annoncés publiquement », a déclaré Abdoulsalam Mohammed, directeur du Centre Abaad d'études stratégiques.

Les drones utilisés lors des attaques saoudiennes sont des modèles ordinaires à hélices fonctionnant à l'essence ou à l'électricité, et non à réaction, a-t-il affirmé à Al-Mashareq.

L'exagération de Saree sur les capacités militaires des Houthis s'inscrit dans le cadre des efforts de la milice de se montrer sous son meilleur jour dans les médias, en coordination avec l'Iran, a déclaré Mohammed.

La fausse revendication de ces attaques par les Houthis avait pour but de faire pression sur l'Arabie saoudite afin qu'elle mette fin à la guerre qu'elle mène contre les Houthis en soutien au gouvernement yéménite, a expliqué à Al-Mashareq l'analyste politique Faisal Ahmed.

Mais la milice n'était pas en mesure de mener à bien ces attaques, a-t-il précisé.

Lancer des drones à partir de trois endroits différents et sur une cible précise à un moment précis, comme les Houthis prétendent l'avoir fait, « nécessite de meilleures capacités et un centre de commandement et de contrôle unique et très bien équipé », a indiqué Ahmed.

Ce type d'opération nécessite « une expertise militaire de haut niveau », a-t-il ajouté, soulignant que les Houthis n'auraient pas été en mesure de la mener à bien seuls.

Les drones à réaction sont encore une technologie militaire nouvelle, a-t-il noté, soulignant que selon les médias iraniens, l'Iran a lancé son premier véhicule de ce type il y a quelques mois à peine.

Comme il est impossible que l'Iran ait pu faire passer illégalement cette arme aux Houthis si vite, a-t-il précisé, cela « révèle au grand jour les mensonges des Houthis et l'implication directe de l'Iran dans ces attaques ».

Les capacités de Houthis « restent limitées »

Les Houthis revendiquent les attaques contre les installations pétrolières d'Abqaiq et de Khouraïs, ce qui révèle leur engagement « à faire tout ce que leur dicte l'Iran », a déclaré Nabil Abdoul Hafeez, vice-ministre yéménite des Droits de l'homme.

L'Iran est le principal soutien des Houthis, a-t-il expliqué à Al-Mashareq, et des experts militaires iraniens sont impliqués dans la supervision des opérations militaires des Houthis.

Mais les capacités des Houthis seuls restent limitées, a-t-il fait savoir, notant que l'intervention de l'Iran, en fournissant des armes et des experts, a renforcé les capacités de la milice afin de servir les intérêts du régime.

« L'Iran utilise les Houthis comme un outil pour mettre en œuvre son programme, qui vise à déstabiliser la région, créant parfois des incidents dans le Golfe ou attaquant des installations pétrolières économiques en Arabie saoudite », a-t-il conclu.

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