Des dizaines de personnes ont été blessées au cours de la nuit dans des affrontements entre les forces de sécurité et des partisans des groupes libanais Hezbollah et Amal, a rapporté la défense civile mardi 17 décembre.
C'était le dernier incident de violence dans les manifestations largement pacifiques depuis le 17 octobre contre une classe politique considérée incompétente et corrompu.
Le mouvement de protestation a poussé le premier ministre à démissionner le 29 octobre, mais les parties politiques du pays profondément divisés ne sont pas parvenu à s'accorder sur un successeur.
Peu avant minuit lundi, de jeunes partisans du Hezbollah et Amal ont tenté d'attaquer le principal camp de manifestants antigouvernementaux au centre de Beyrouth.
Les jeunes hommes en colère sont arrivés à pied et sur des scooters, et ont été apparemment provoqués par une vidéo publiée sur internet et considérée offensive aux chiites.
Ils jetaient des pierres et engins explosifs contre la police anti-émeutes qui tentaient de les empêcher d'entrer à la place principale largement vide.
Les attaquants ont incendié plusieurs voitures. Les forces de sécurité ont répondu avec le gaz lacrymogène et un canon à eau.
La défense civile a précisé que 23 personnes ont été transportées à l'hôpital, alors que 43 ont reçus les premiers soins sur place. Il n'a pas été immédiatement clair de quel côté étaient les blessés.
Dans la ville de Sidon au sud, de jeunes manifestants ont attaqué aussi un camp des manifestants pendant la nuit détruisant plusieurs tentes.
Ce n'était pas la première fois que les partisans du Hezbollah attaquent les manifestants pacifiques au Liban.
Mardi 29 octobre, un groupe de partisans du Hezbollah a attaqué un site de manifestants sur le Pont Ring à Beyrouth, agressant les manifestants avec des bâtons, les frappant et leur jetant des pierres, avant d'envahir les places des Martyrs et Riad al-Solh, où ils ont détruit et brûlé les tentes.
L'académicien libanais Imad Salamey a indiqué que les affrontements de la nuit du lundi pourraient être une tentative pour saper les manifestations.
« Attiser la discorde sectaire est l'une des manières utilisées par ceux dans le pouvoir pour diviser les libanais et affaiblir le mouvement de la rue», a-t-il souligné.
Mais « la crise économique actuelle reflète une crise totale du régime qui ne peut pas être résolue ou abordée avec les mouvements sectaires », a mis en garde le professeur à l'Université Américaine au Liban.
Économie en chute
L'économie du Liban glisse vers l'effondrement, après des années d'impasse politique exacerbée par l'éruption de la guerre civile dans la Syrie voisine en 2011.
La Banque mondiale projette qu'elle se contractera par plus de 0,2% cette année. Elle a mis en garde que la pauvreté pourrait monter d'un tiers à la moitié de la population si l'impasse n'est pas résolue.
Salamey a précisé que la solidarité entre libanais a augmenté seulement « après que les gens ont commencé à perdre leurs emplois et sociétés et étaient incapables de tirer l'argent des banques ».
« La crise économique a brisé la barrière de la peur, ou du moins les barrières entre les différentes sectes religieuses», a-t-il précisé.
La communauté internationale a exhorté le Liban a accélérer la formation d'un nouveau gouvernement pour mettre en œuvre les réformes économiques nécessaires pour débloquer des milliards de dollars d'aide étrangère.