Manifestations

Des partisans du Hezbollah s'en prennent à des manifestants pacifiques à Beyrouth

Nohad Topalian à Beyrouth

Le 29 octobre, un groupe de partisans du Hezbollah a attaqué un site de protestation sur le pont Ring Bridge de Beyrouth, frappant des manifestants et abattant leurs tentes. [Photo fournie par Jacques Gemayel]

Le 29 octobre, un groupe de partisans du Hezbollah a attaqué un site de protestation sur le pont Ring Bridge de Beyrouth, frappant des manifestants et abattant leurs tentes. [Photo fournie par Jacques Gemayel]

L'attaque du Hezbollah contre des manifestants pacifiques dans le centre de Beyrouth a révélé sa véritable nature, ont déclaré des militants libanais à Al-Mashareq, ajoutant que le comportement milicien de ses partisans montre qu'il compte sur la force pour régler ses différends.

Mardi 29 octobre, un groupe de partisans du Hezbollah s'en est pris à des manifestants sur le Ring Bridge de Beyrouth, détruisant les tentes qu'ils avaient installées afin de rouvrir le passage.

Les partisans du Hezbollah ont attaqué ces manifestants avec des bâtons, les ont battus et leur ont jeté des pierres, avant de prendre d'assaut la place des Martyrs et celle de Riad al-Solh, où ils ont détruit leurs tentes et les ont incendiées.

Des renforts de sécurité ont été envoyés pour séparer les manifestants et les assaillants, et pour protéger les manifestants pacifiques qui, une fois l'attaque interrompue, sont retournés sur la place, l'ont nettoyée et ont remonté les tentes.

Des partisans du Hezbollah ont attaqué le 29 octobre des manifestants pacifiques avec des bâtons et leur ont jeté des pierres. [Photo fournie par Jacques Gemayel]

Des partisans du Hezbollah ont attaqué le 29 octobre des manifestants pacifiques avec des bâtons et leur ont jeté des pierres. [Photo fournie par Jacques Gemayel]

Un groupe de balayeurs nettoie la place Riad al-Solh au matin du mercredi 30 octobre. Les tentes restantes montées par les manifestants sont visibles derrière eux. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Un groupe de balayeurs nettoie la place Riad al-Solh au matin du mercredi 30 octobre. Les tentes restantes montées par les manifestants sont visibles derrière eux. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

L'attaque du Hezbollah contre cette manifestation pacifique « montre son vrai visage, qu'il n'a jamais caché, et démontre clairement son ressentiment quant à la façon dont la situation évolue », a déclaré Ali al-Amin, figure de l'opposition chiite.

Cela montre aussi que la milice sent l'étau se resserrer sur d'elle, a-t-il poursuivi.

« Il n'est pas surprenant que le Hezbollah ait attaqué une manifestation pacifique et des personnes pacifiques qui revendiquent leurs droits », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.

« Tout ce qu'il a, c'est le pouvoir militaire, la seule chose qu'il sait faire », a-t-il déclaré, soulignant que son recours à la force contre une manifestation pacifique montre qu'il n'a pas d'autres moyens à sa disposition pour résoudre les désaccords et différends politiques.

« Nous voyons maintenant sa vraie nature », a-t-il affirmé.

Attaque « brutale » contre des manifestants

Le peuple libanais voit comment le Hezbollah se conduit depuis la crise politique de mai 2008, dont il est à l'origine, a déclaré à Al-Mashareq le militant politique Ali Rabah, soulignant que le Hezbollah « a montré ses armes à plusieurs reprises ».

« Nous étions sur la place des Martyrs lorsque nous avons commencé à recevoir des informations selon lesquelles des groupes du Hezbollah venaient ouvrir de force le Ring Bridge », a déclaré Rabah, donnant à Al-Mashareq un témoignage direct des actions du parti et de ses sympathisants.

Cette nouvelle a coïncidé avec l'arrivée « d'un jeune homme à moto, exigeant que les manifestantes quittent la place », a-t-il ajouté.

« Quelques instants plus tard, environ 200 jeunes armés de bâtons ont pris d'assaut la place et ont commencé à fracasser des voitures, à renverser des tentes et à battre les manifestants », a-t-il poursuivi, alors même que ceux-ci tentaient de les convaincre que la manifestation « était aussi pour eux ».

Rabah a qualifié la scène de « brutale », indiquant que « les partisans du Hezbollah ont agressé des manifestants pacifiques d'âges, de sectes et de groupes sociaux divers qui exprimaient leur douleur avec des hymnes nationaux et des réunions de dialogue à haut niveau ».

« Cette attaque brutale est une attaque contre une manifestation pacifique rassemblant [...] des membres des élites culturelles et politiques, des croyants et des athées, des laïcs, des libéraux et des gauchistes », a déclaré Rabah.

Nombre d'entre eux ont participé à des dialogues et des débats politiques respectueux.

Cette manifestation pacifique a poussé le Hezbollah à révéler son vrai visage en lançant des attaques, en détruisant des tentes et en semant le chaos, a-t-il ajouté, mais les manifestants ont depuis réparé les dégâts et continué.

« L'intimidation n'est plus possible »

L'agression contre ces manifestants pacifiques « confirme que [le Hezbollah] n'a pas changé depuis les événements du 7 mai 2008, où il a montré ses armes face à des citoyens sans défense », a déclaré la journaliste indépendante Sawsan Abou Zuhr.

« Mais son succès avec l'intimidation n'est plus possible aujourd'hui », a-t-elle affirmé à Al-Mashareq.

La mentalité du 7 mai a poussé le Hezbollah à lâcher ses partisans dans les rues de Beyrouth pour intimider les manifestants, a-t-elle expliqué.

Il l'a fait « une fois par le biais de bandes de motards, parfois en jetant des pierres sur des manifestants pacifiques, en détruisant des tentes et en battant des femmes qui manifestaient », a-t-elle rapporté.

Ces actions démontrent « une brutalité à laquelle nous nous sommes habitués depuis le 7 mai, alors cela ne nous surprend pas », a ajouté Abou Zuhr.

« L'un des acquis de la contestation, qui continue de s'amplifier avec une jeune génération qui affiche une conscience et une maturité incroyables, est qu'elle a mis le Hezbollah dans une situation difficile avec lui-même, avant qui que ce soit d'autre », a-t-elle poursuivi.

Dans les zones que le groupe pensait depuis des années être sous son contrôle, les gens se sont soudainement levés, au cri de « tous, ça veut dire tous », le slogan principal des manifestations, a-t-elle expliqué.

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