Le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne ont accusé l'Iran de développer des missiles balistiques à capacité nucléaire dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, ce que le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif a réfuté sur un ton furibond jeudi 5 décembre.
Les ambassadeurs de ces trois pays auprès des Nations unies ont indiqué que les agissements de l'Iran « n'étaient pas conformes » à la résolution des Nations unies entérinant l'accord nucléaire de 2015 avec l'Iran.
Cette lettre fait référence à des photos partagées en avril sur les médias sociaux du vol d'essai d'une nouvelle version du missile balistique à moyenne portée Shabab-3 qui est « techniquement capable d'emporter une charge nucléaire ».
Ces puissances européennes ont également pointé trois autres lancements cette année, dont celui du Borkan-3, un nouveau missile balistique de moyenne portée testé le 2 août par les Houthis (Ansarallah) au Yémen épaulés par l'Iran.
Cette lettre, datée du 21 novembre, explique que ces vols ont été « les derniers en date d'une longue série de progrès de la technologie iranienne en matière de missiles balistiques ».
L'ambassadeur d'Iran auprès des Nations unies a répondu dans une lettre déclarant que les puissances européennes utilisaient des « sources peu fiables » et des « rapports osbolètes » pour avancer des arguments erronés.
« L'Iran est déterminé à poursuivre résolument ses activités liées aux missiles balistiques et aux véhicules de lancement spatiaux, qui sont tous deux ses droits inhérents au sens du droit international », a affirmé cette lettre.
Discussions effrénées à Vienne
Les signataires restants de l'accord nucléaire iranien de 2015 se disent toujours engagés dans cet accord après les discussions effrénées de vendredi à Vienne alors que Téhéran s'est engagé à continuer de ne pas respecter les limites de son programme nucléaire.
Des envoyés britannique, français, allemand, chinois, russe et iranien ont participé à cette réunion de trois heures, qui marque la première fois que les six parties se retrouvent sous ce format depuis juillet.
L'Iran a pris une série de mesures, notamment l'augmentation de son enrichissement d'uranium, en violation de l'accord de 2015, et une nouvelle augmentation de ce type est attendue début janvier.
Depuis le mois dernier, les membres européens ont commencé à soulever la possibilité de déclencher le « mécanisme de résolution des litiges » prévu dans cet accord, qui conduirait à la reprise des sanctions onusiennes contre l'Iran.
Malgré ce regain de tension, le chef de la délégation chinoise Cong Fu a déclaré aux journalistes à l'issu des entretiens que l'ensemble des parties restent engagées dans cet accord et que ce mécanisme de résolution des litiges n'avait pas été invoqué.
Selon les analystes, si les sanctions des Nations unies sont une nouvelles fois imposées et si cet accord s'effondre, l'Iran pourrait se retirer du Traité de non-prolifération des armes nucléaires.
Ali Vaez, membre du Groupe international de crise, a mis en garde sur le fait que le risque d'effondrement de l'accord augmentait alors que l'Iran « allait manquer de mesures faciles à inverser et ne prêtant pas à controverse ».
Le mécanisme de résolution de litiges prévu dans cet accord présente de nombreuses étapes, qui peuvent culminer par un vote du Conseil de sécurité des Nations unies sur le point de savoir si l'Iran pourrait encore être exonéré des sanctions prévues en vertu de cet accord.