La France a adopté une position plus dure à l'égard de l'Iran après les attaques contre des installations pétrolières saoudiennes le 14 septembre qui pourraient priver l'Iran d'un médiateur influent en Europe, a déclaré lundi 23 septembre un expert politique saoudien.
Lors d'une conversation téléphonique le 18 septembre, le président français Emmanuel Macron a déclaré au prince héritier saoudien Mohammed ben Salman qu'il « condamnait fermement » les attaques et assurait le prince Mohammed de la « solidarité avec l'Arabie saoudite » de la France.
Macron a confirmé que la France envoie des experts en Arabie saoudite pour participer à des enquêtes visant à jeter la lumière sur l'origine et la nature des attaques.
La déclaration n'a pas donné d'autres détails sur la nature de l'enquête ou sur qui est selon la France responsable des attaques.
Les Houthis (Ansarallah) du Yémen avaient initialement revendiqué les attaques contre les installations pétrolières d'Aramco d'Abqaiq et Khurais, mais cela a été globalement discrédité, les États-Unis, l'Arabie Saoudite et d'autres pays imputant les attaques à l'Iran.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré jeudi que la revendication des Houthis pour ces attaques contre deux installations pétrolières saoudiennes « manque de crédibilité ».
Le Drian a mis en doute la capacité des Houthis à mener une attaque de cette ampleur à partir du Yémen. « Mais étant donné qu'il y a une enquête internationale, attendons les résultats », a-t-il précisé.
« Contexte nouveau »
Macron, qui cherchait à désamorcer l'impasse sur le programme nucléaire iranien, a obtenu l'assurance du président américain Donald Trump lors du sommet du G7 du mois dernier qu'il était prêt à rencontrer le président iranien Hassan Rohani.
Mais la France a fait entendre jeudi une note pessimiste sur les perspectives de pourparlers directs entre Trump et Rohani sur la crise nucléaire, indiquant que les récentes attaques contre des installations pétrolières saoudiennes avaient créé un « contexte nouveau ».
Les attaques contre les installations pétrolières saoudiennes ont provoqué une nouvelle escalade des tensions.
« Il reste encore beaucoup de choses à régler avant de voir comment créer les conditions permettant aux États-Unis et à l'Iran d'entrer dans une négociation », a déclaré un responsable présidentiel français qui a demandé à ne pas être nommé.
« L'attaque (contre des installations pétrolières saoudiennes) crée un contexte nouveau », a déclaré le responsable, ajoutant que Macron rencontrera Trump à New York et pourrait aussi rencontrer Rohani.
Lors de son vol à destination de New York dimanche soir, Macron a admis aux journalistes que les attaques contre les installations pétrolières saoudiennes avaient aggravé l'instabilité au Moyen-Orient.
« Les chances d'une rencontre ont-elles augmenté avec ces attaques ? Non, nous devons être clairs, nous pouvons voir que les choses deviennent tendues », a-t-il déclaré.
Mais il espérait toujours une percée dans le différend entre l'Iran et les États-Unis, se disant optimiste quant à la possibilité que « quelque chose arrive ».
Position durcie
La France avait cherché à désamorcer la crise après que l'Iran a rompu l'accord nucléaire, mais adopte une position durcie envers la République islamique compte tenu des récents événements, a expliqué à Al-Mashareq Saleh Al-Khathlan, professeur de sciences politiques à l'université du roi Saoud.
La position politique française a été d'essayer de maintenir les voies de communication avec l'Iran ouvertes pour désamorcer la crise et l'empêcher d'atteindre le point de non-retour, a-t-il ajouté.
« Mais après l'attaque contre les installations pétrolières saoudiennes d'Aramco, la France a pris un ton plus dur, plus proche des positions saoudienne et américaine », a-t-il noté.
La France n'a pas encore imputé les attaques à qui que ce soit, mais a souligné qu'elle utilisera ses propres moyens de renseignement pour déterminer l'origine et le point de lancement des missiles utilisés contre les deux installations pétrolières, a-t-il précisé.
Al-Khathlan a déclaré que la position française reflétait la très forte relation franco-saoudienne et a noté que sa position plus dure à l'égard de l'Iran affaiblirait la position de ce dernier.