Économie

L'Iran fait peut-être du trafic de pétrole vers la Syrie avec des navires libanais, indique un rapport

Nohad Topalian à Beyrouth

Vue aérienne du port de Beyrouth. Un récent rapport suggère que deux pétroliers libanais ont fait passer du pétrole iranien en contrebande vers la Syrie. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Vue aérienne du port de Beyrouth. Un récent rapport suggère que deux pétroliers libanais ont fait passer du pétrole iranien en contrebande vers la Syrie. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Les responsables libanais demandent au gouvernement de prendre des mesures pour faire respecter les sanctions américaines contre l'Iran, compte tenu d'un récent rapport qui suggère que deux pétroliers libanais ont fait passer clandestinement du pétrole iranien en Syrie.

Selon le site international de suivi de pétroliers TankerTrackers.com, les registres commerciaux libanais et les données de traçabilité des navires montrent que deux compagnies possédaient et exploitaient des pétroliers transportant secrètement du pétrole brut iranien par la Méditerranée vers la Syrie, a rapporté Asharq Al-Awsat le 14 août.

Le rapport a accusé les pétroliers Sandro et Jasmine d'éteindre leurs transpondeurs lorsqu'ils atteignaient la côte syrienne pour éviter d'être détectés en route vers leur destination.

Le Sandro a éteint son transpondeur près de Chypre, disparaissant ainsi de la carte maritime, a fait savoir le rapport, et le Jasmine a également disparu des radars en Méditerranée.

Selon un rapport publié le 11 août dans The National, l'Iran utilise régulièrement des « navires fantômes » - des pétroliers ayant éteint leurs transpondeurs pour cacher leurs mouvements - pour effectuer des transferts de pétrole de navire à navire.

Cela est fait pour échapper à la détection suite aux sanctions américaines contre l'Iran et la Syrie, a indiqué le rapport, ajoutant que selon TankerTrackers.com, environ 500 000 barils de pétrole brut ont été livrés par bateau au Sandro.

Sami Nader, directeur du Centre du Levant des affaires stratégiques, a appelé le gouvernement libanais à « mettre fin aux pratiques visant à contourner les sanctions américaines ».

Dans le même temps, le ministre libanais des Affaires sociales, Richard Kouyoumjian, a déclaré que le gouvernement « fait tout son possible pour mettre un terme à toute activité enfreignant les lois internationales et les sanctions américaines imposées à l'Iran ».

« Il ne fait aucun doute que les ministères et institutions compétents donnent suite au rapport sur les deux pétroliers, conformément à leur engagement de respecter les sanctions américaines contre l'Iran », a-t-il affirmé à Al-Mashareq.

« Nous ne cherchons pas à mettre en péril la souveraineté et l'économie du Liban par les actions de certaines personnes ou entreprises qui violent les sanctions », a-t-il indiqué.

Le Liban respectera le droit international

Si les pétroliers sont impliqués dans du trafic de pétrole iranien, les résultats de l'enquête seront « entrés avec tous les détails » dans la liste tenue par le Bureau du contrôle des avoirs étrangers du Trésor américain, a déclaré l'économiste Violette Ghazal al-Balaa.

Cela conduirait à leur exclusion internationale totale, a-t-elle expliqué à Al-Mashareq, ce qui les obligerait à « mener leurs activités sur le marché noir naissant ».

Les institutions et les individus qui contreviennent ou tentent de contrevenir aux sanctions américaines sont cependant « bien connus », a-t-elle ajouté, notant que les États-Unis suivent « toute activité suspecte dans la région liée au trafic de pétrole ».

« L'Iran résiste aux sanctions américaines, qui ont nui à son économie, et cherche à ouvrir des débouchés commerciaux en Europe et au Moyen-Orient, en utilisant le Hezbollah et ses institutions et hommes d'affaires affiliés comme couverture », a-t-elle déclaré.

Il cherche à tirer parti de leur accès au système économique mondial, a-t-elle ajouté.

Si les soupçons concernant les deux pétroliers s'avèrent justifiés, l'Iran sera en infraction des sanctions américaines, a déclaré l'avocat libanais Lucien Aoun à Al-Mashareq.

Les navires de commerce et de pêche dans les eaux territoriales sont soumis aux lois et traités internationaux et doivent en respecter les dispositions, y compris celles relatives à la contrebande d'armes.

« Le Liban s'est engagé à mettre en œuvre les lois en vigueur ratifiées par les États-Unis au niveau international », a-t-il fait savoir, ajoutant que les ressortissants et les institutions libanais n'ont pas le droit de faciliter le transport du pétrole en provenance d'Iran.

Le Liban « tient des registres officiels de tous les navires libanais ou étrangers qui ont accosté dans ses ports par le passé », a-t-il rapporté, et il les remettra si nécessaire, car il a accepté de se conformer aux sanctions américaines.

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