Les États-Unis ont à nouveau imposé le 5 novembre des sanctions contre l'Iran destinées à contrecarrer l'influence dans la région du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) et la prolifération des milices et des institutions qui lui sont affiliées, ont expliqué des experts à Al-Mashareq.
Il s'agit des sanctions américaines les plus dures jamais imposées à l'Iran, a indiqué le Trésor américain le 4 novembre, et elles viseront des secteurs critiques de l'économie iranienne tels que l'énergie, le transport maritime, la construction navale et les secteurs financiers.
Elles désignent 50 banques iraniennes et leurs filiales étrangères et nationales, identifient plus de 400 cibles, y compris plus de 200 personnes et navires, dans les secteurs iraniens du transport maritime et de l'énergie, ainsi qu'une compagnie aérienne iranienne et plus de 65 de ses appareils.
« L'imposition par le Trésor d'une pression financière sans précédent sur l'Iran devrait indiquer clairement au régime iranien qu'il va être confronté à un isolement financier et une stagnation économique de plus en plus grande jusqu'à ce qu'il modifie radicalement son comportement déstabilisateur », a déclaré le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin.
« Les dirigeants iraniens doivent cesser de soutenir le terrorisme, mettre un terme à la prolifération des missiles balistiques, ne plus se livrer à des activités destructrices dans la région et renoncer immédiatement à leurs ambitions nucléaires s'ils souhaitent un allègement de ces sanctions », a-t-il ajouté.
« La pression maximale exercée par les États-Unis ne fera que se renforcer à ce stade », a-t-il poursuivi. « Nous souhaitons nous assurer que le régime iranien arrête d'envoyer ses réserves de change vers des investissements corrompus et les mains des terroristes. »
Bloquer les plans du CGRI
« Il fallait stopper et lutter contre les plans mis en œuvre par le CGRI », a affirmé à Al-Mashareq Sami Gheit, chercheur au Centre Al-Sharq d'études régionales et stratégiques.
Ces sanctions ont pour objectif de « saper l'économie iranienne, dans la mesure où elle injecte la plupart de ses liquidités dans les coffres du CGRI pour financer ses activités militaires et étendre son influence dans les pays de la région », a-t-il ajouté.
Gheit a poursuivi en indiquant que la période initiale des sanctions pourrait ne pas avoir d'impact direct sur l'expansion recherchée par le CGRI, mais que les résultats anticipés devraient commencer à se faire sentir au bout de quelques mois.
Ce manque de financement aura un impact sur ces milices « qui ont essentiellement pour base le financement, les salaires mensuels et les avantages en nature et financiers », a-t-il expliqué, plutôt que l'idéologie.
L'appareil logistique de ces milices sera également affaibli par les sanctions imposées aux compagnies aériennes qui transportent les miliciens et l'approvisionnement, a encore ajouté Gheit.
Briser les milices appuyées par l'Iran
Ces efforts pourraient transformer les milices appuyées par l'Iran en groupes de combattants « sans utilité réelle sur le terrain et pouvant facilement être démantelés », a ajouté Gheit.
La pression économique permettra de contenir l'influence de l'Iran, qui se base avant tout sur les institutions du CGRI positionnées dans la région qui recrutent des combattants et des partisans, a-t-il expliqué.
Le recrutement est assuré au moyen d'incitations et en « exploitant les situations financières difficiles que connaissent les civils, en particulier dans les zones de conflit », a-t-il ajouté.
Cela fut le cas en Irak et au Liban, et c'est désormais le cas en Syrie et au Yémen, par le truchement d'institutions telles que la fondation al-Shahid et Jihad al-Bina, a-t-il poursuivi.
La pression exercée sur les institutions financières et les envois d'argent en provenance et à destination d'Iran peut affaiblir ces institutions, a-t-il indiqué, car « elles ne peuvent fonctionner sans un soutien financier continu ».
Bien que le CGRI, les responsables politiques et les commandants militaires iraniens aient réagi à ces sanctions américaines en proférant des menaces, « ils finiront par reculer et commenceront à faire des concessions », a estimé le major général Talaat Moussa, officier en retraite de l'armée égyptienne.
« La première concession faite par les Iraniens sera d'arrêter de soutenir les milices déployées au Moyen-Orient, et de déployer des officiers, des éléments iraniens et des institutions affiliées », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.
Lutte contre l'activité du Hezbollah
« Certains groupes, comme le Hezbollah, peuvent certes être à moitié autofinancés par les institutions locales qu'ils ont mises en place », a indiqué à Al-Mashareq Sheyar Turko, chercheur spécialisé sur le CGRI et ses méthodes de financement.
Mais si cela est suffisant pour financer ses activités locales, ce n'est certainement pas suffisant pour des opérations transfrontalières « comme l'engagement du Hezbollah dans les guerres en Syrie et au Yémen », a-t-il précisé.
Dans ces cas, a-t-il souligné, « le CGRI apporte un soutien supplémentaire à la milice en échange de son déploiement dans ces deux pays ».
« Ce coup d'arrêt au financement contraindra la direction du CGRI et du Hezbollah à réduire les opérations extérieures de la milice et à se replier vers le Liban », a-t-il indiqué, ajoutant que cela s'applique également aux milices appuyées par l'Iran.
« Les milices non arabes comme les milices [afghanes] Fatemiyoun et [pakistanaises] Zainabiyoun seront réduites à néant une fois que ces sanctions prendront effet », a ajouté Turko.
Ce sont en effet essentiellement des groupes de mercenaires recrutés au moyen d'incitations financières et qui deviendront inefficaces lorsque les bureaux de recrutement opérant dans des pays comme l'Afghanistan, le Pakistan et l'Irak perdront leur financement, a-t-il affirmé.
Nécessaire suivi des sanctions
« L'imposition de sanctions, en particulier liées au pétrole et à la tentative d'en bloquer les exportations en provenance d'Iran, exige de nombreux efforts et un grand suivi », a expliqué Khairuddin Abdel-Metaal, spécialiste du droit international et professeur à l'Université Assiut.
Les tentatives pour contourner ces sanctions pourraient inclure le fait d'offrir des incitations comme la vente de grandes quantités à prix réduit, a-t-il ajouté.
Certains articles parus dans la presse laissent entendre que l'Iran pourrait être en train d'entreposer de grandes quantités de pétrole dans des tankers géants, qu'il redistribuerait ensuite, bien qu'en petites quantités, a-t-il expliqué.
« Si elles ont effectivement lieu, de telles mesures disposeraient d'une petite fenêtre de temps et ne pourraient être mises en œuvre que durant un temps limité avant de ne plus être envisageables », a-t-il déclaré.
Il est possible que l'Iran et le CGRI tentent d'utiliser les pays dans lesquels ils sont présents, comme la Syrie, l'Irak et le Liban pour y déplacer les marchandises de base qu'ils souhaitent exporter, a-t-il ajouté.
Ces marchandises, dont le pétrole et d'autres, seraient ensuite réexportées après que leurs certificats d'origine eurent été modifiés, a-t-il poursuivi.
« De tels projets ne feraient que dévoiler ceux qui collaborent avec le CGRI et facilitent de telles activités, ce qui étendrait encore la base de données de ceux qui feront l'objet de ces sanctions », a-t-il conclu.
Parce qu'il est au service des États-Unis, d'Israël et de l'EIIS.
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