Dans le cadre d'une campagne en cours visant les facilitateurs financiers du Hezbollah, le Trésor des États-Unis a désigné mercredi 24 avril deux individus et trois entreprises agissant comme conduits dans des opérations visant à contourner les sanctions.
Les deux personnes sanctionnées par le Bureau de contrôle des actifs étrangers (OFAC) du Trésor sont le Belge Wael Bazzi et le Libanais Hassan Tabaja.
Bazzi a été désigné pour ses actions menées pour le compte de son père, Mohammad Bazzi, un financier du Hezbollah. Tabaja a, lui, été désigné pour ses actions menées pour le compte de son frère, Adham Tabaja, financier et membre du Hezbollah.
Les trois entreprises sanctionnées sont Voltra Transcor Energy BVBA et OFFISCOOP NV, toutes deux basées en Belgique, et BSQRD Ltd., établie au Royaume-Uni, qui sont détenues et contrôlées par Wael Bazzi.
Ces individus et ces sociétés ont été désignés par le décret présidentiel 13224, qui vise les terroristes et ceux qui apportent un soutien aux terroristes ou aux actes de terrorisme, a précisé le Trésor.
« Le Trésor poursuit sans relâche les facilitateurs financiers du Hezbollah en démantelant deux des plus importants réseaux financiers du Hezbollah », a déclaré Sigal Mandelker, sous-secrétaire du Trésor pour le terrorisme et les renseignements financiers.
« Tant que le Hezbollah continuera d'essayer de cacher ses activités sous le couvert d'entreprises d'apparence légitime, nous continuerons à prendre des mesures contre les personnes qui dissimulent les transferts d'argent, y compris les proches des terroristes désignés », a rapporté Mandelker.
Cette mesure fait partie des efforts continus « pour perturber toutes les possibilités de soutien financier dont dépend le Hezbollah », a-t-elle expliqué.
Elle fait suite à l'annonce par le département d'État américain d'une récompense de 10 millions de dollars en échange d'informations menant à la perturbation des mécanismes financiers du Hezbollah.
Un réseau de blanchiment d'argent sur liste noire
En début de mois, le Trésor avait inscrit sur sa liste noire un réseau libanais accusé d'avoir blanchi des millions de dollars pour des « barons de la drogue » et d'avoir aidé à financer le Hezbollah.
Le 11 avril, le Trésor a fait savoir qu'il ajoutait le Libanais Kassem Chams à sa liste noire, ainsi que deux organisations liées : « l'Organisation Chams de blanchiment d'argent » et Chams Exchange, une entreprise de services monétaires au Liban.
La désignation et l'imposition de sanctions américaines contre Chams Exchange ne sont pas surprenantes, a confié une source militaire libanaise à Al-Mashareq.
« Kassem Chams est à la tête d'une grande entreprise de change à Chtaura qui opère sur la ligne Beyrouth-Bekaa-Syrie en échangeant des devises syriennes », a indiqué cette source, qui a demandé à conserver l'anonymat par mesure de sécurité.
Avant le début de la guerre en Syrie, a-t-il poursuivi, Chams Exchange était l'entreprise principale que les Syriens utilisaient pour changer des devises syriennes en dollars américains.
La plupart de ses clients étaient des expatriés syriens qui échangeaient des dollars contre des livres syriennes avant d'arriver dans leur pays, a-t-il fait savoir, « tandis que les commerçants syriens lui achetaient des dollars pour effectuer leurs transactions dans cette devise ».
Chams « fait partie intégrante de l'appareil financier qui lui a permis d'accumuler une grande quantité de devises syriennes pour commercer et pour en vendre aux expatriés syriens, le taux de change pour le dollar en Syrie ayant un plafond défini, alors qu'il vendait des dollars à un prix fixé par lui », a expliqué la source.
Suivi des finances du Hezbollah
Le Trésor américain « continue de suivre les sources de financement du Hezbollah pour les assécher, et il n'y aura aucune tolérance », a affirmé l'expert en sécurité libanais Naji Malaeb.
L'intensification des mesures financières contre le Hezbollah « ne cessera pas », a-t-il déclaré à Al-Mashareq, ajoutant que le Hezbollah « ressent la pression ».
Les sanctions sont « très sérieuses », a-t-il indiqué, pointant le récent accord impliquant la banque italienne UniCredit, contrainte de payer 1,3 milliard de dollars après que le gouvernement américain l'eut accusée d'avoir enfreint aux sanctions contre l'Iran et d'autres pays.
« Il devrait y avoir d'autres désignations d'individus et d'entreprises proches de la milice et impliqués dans le trafic de drogue et le blanchiment d'argent dans le but de générer des fonds pour la milice », a fait savoir Malaeb.
La Banque centrale du Liban (BDL) travaille en étroite collaboration avec le Trésor américain en ce qui concerne les sanctions imposées aux canaux financiers du Hezbollah, a indiqué l'économiste Violette Ghazal al-Balaa à Al-Mashareq.
Cette coopération comprend « une communication ouverte entre la BDL et le Trésor américain pour des consultations sur des cas d'individus et d'organisations soupçonnés d'être impliqués dans des activités financières interdites », a-t-elle déclaré.
Comme exemple de la coopération entre les deux groupes, a-t-elle ajouté, le Trésor américain peut soumettre une demande au Liban pour qu'il enquête sur des irrégularités dans les activités d'individus ou d'établissements soupçonnés d'être impliqués dans le financement du Hezbollah.
La BDL transmet ensuite la demande d'enquête à sa Commission spéciale d'enquête (CSE), qui lève la confidentialité sur les comptes visés et informe le Trésor américain des résultats, a expliqué al-Balaa.
Limiter les ambitions expansionnistes de l'Iran
Les sanctions américaines « font partie des mesures de plus en plus sévères visant à assécher les sources de financement pour l'Iran et ses groupes armés », a indiqué Naufal Daou, l'un des fondateurs de l'Assemblée pour la souveraineté libanaise.
Cette Assemblée pour la souveraineté est un mouvement populaire fondé fin 2018 qui cherche à contrer l'influence du Hezbollah au Liban.
« Le rôle du Hezbollah ne se limite plus à exécuter les plans militaires, économiques et sécuritaires de l'Iran », a déclaré Daou à Al-Mashareq ; la milice aide également l'Iran à avoir ce qu'il ne peut obtenir lui-même par le biais des ressortissants libanais pro-Hezbollah présents à l'étranger.
Ceux-ci comprennent des hommes d'affaires importants, et d'autres personnes servant de couverture au Hezbollah et facilitant ses opérations de sécurité, commerciales et financières, a-t-il précisé.
« Les sanctions américaines sont une guerre réelle et intégrée dont le but est d'épuiser l'Iran et ses alliés, y compris le Hezbollah, et de forcer Téhéran à rapatrier ses [forces] militaires et de sécurité sur son territoire », a conclu Daou.
La colonisation dépend maintenant de vos stylos.
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