Politique

Les maronites à Bkerki pour défendre l'Accord de Taëf

Nohad Topalian à Beyrouth

Des députés et leaders maronites libanais participent à une réunion consultative dans l'enceinte patriarcale de Bkerki le 16 janvier. [Photo fournie par le Patriarcat maronite]

Des députés et leaders maronites libanais participent à une réunion consultative dans l'enceinte patriarcale de Bkerki le 16 janvier. [Photo fournie par le Patriarcat maronite]

Des dirigeants maronites se sont réunis dans l'enceinte patriarcale de Bkerki le 16 janvier pour discuter des inquiétudes concernant les actions menées par le Hezbollah pour perturber l'accord de partage du pouvoir au Liban, et ainsi menacer son identité et sa stabilité.

Le Hezbollah a bloqué la formation d'un nouveau gouvernement et chercherait à établir une réunion constituante afin de soutenir une formule tripartite de partage du pouvoir.

En vertu de cette formule, qui selon les maronites saperait la coexistence entre chrétiens et musulmans, les chrétiens, les sunnites et les chiites partageraient le pouvoir selon un ratio de 1:1:1.

Dans le système actuel, mis en place par l'Accord de Taëf de 1989, lchrétiens et musulmans partagent le pouvoir selon un ratio de 1:1.

Pour le patriarche Bechara Boutros al-Rahi, la crise politique est liée « à la non-mise en œuvre de l'Accord de Taëf et de la constitution dans leurs stipulations et leur esprit ».

De ce fait, les institutions constitutionnelles « sont contrôlées par des sectes et non par l'État, ce qui les affaiblit et les laisse comme un navire au large battu par les vents », a-t-il décrit.

Al-Rahi a rapporté que des inquiétudes « se sont faites jour au sujet de ce qui est proposé en secret et publiquement pour un changement du système de gouvernance et de l'identité du Liban ».

Coexistence entre chrétiens et musulmans

Lors de la déclaration de clôture, les participants au rassemblement ont affirmé que la société et l'État libanais « se sont formés grâce à la profonde convergence civilisationnelle et humaine entre ses citoyens chrétiens et musulmans ».

Les participants ont défendu l'Accord de Taëf et les principes d'unité nationale, de coexistence et de gouvernance pluraliste basés sur un partenariat juste et équilibré.

Le moment où s'est déroulée cette réunion a été important, a affirmé le député libanais Maged Eddy Abillama, du groupe parlementaire République forte, « car il a eu lieu dans un contexte des vacance gouvernementale et de murmures en coulisses parlant de plans pour modifier la constitution ».

« Il y avait un consensus par les groupes politiques sur la nécessité de travailler pour consacrer l'identité du Liban et rejeter tout ce qui pourrait contribuer à la création de [nouvelles] normes », a-t-il fait savoir à Al-Mashareq.

« Cette réunion a permis d'affirmer les principes fondateurs nationaux de l'entité libanaise, à savoir l'État, la souveraineté et la constitution », a indiqué Abillama.

Menace envers l'identité libanaise

Le député libanais Elias Hankash a fait savoir à Al-Mashareq que la réunion « n'aurait pas eu lieu si le Patriarche al-Rahi n'avait pas ressenti une réelle menace contre l'identité du Liban ».

« En tant que parti, nous avions prévenu de l'existence d'un problème dépassant la crise de création d'un gouvernement », a-t-il rappelé.

« Nous sommes face à une crise concernant un système de gouvernance et d'ordre [politique] complètement déréglé, à tel point que nous avons atteint le stade où le navire libanais risque de couler », a-t-il déclaré.

Hankash a ajouté que les participants à la réunion « ont discuté en profondeur de la menace contre l'identité libanaise, au vu de l'existence de partis comme le Hezbollah, dont les actions sont dirigées par des ambitions étrangères », faisant référence au régime iranien.

L'ingérence de l'Iran dans les affaires internes du Liban, par le biais de son intermédiaire, le Hezbollah, fait partie d'un vieux projet visant à étendre l'influence de Téhéran dans la région, ont affirmé des politologues à Al-Mashareq.

Cela place le Liban dans une situation de vulnérabilité face aux troubles régionaux, a poursuivi Hankash, ajoutant que l'identité du Liban est elle aussi menacée par les actes du Hezbollah, dont les armes le placent au-dessus de l'État, des lois et de la constitution.

Le Hezbollah refuse de déposer les armes

Les participants à la réunion de Bkerki ont exposé leurs inquiétudes et ont affirmé leur adhésion à la constitution, à la coexistence et à l'Accord de Taëf, a fait savoir Denise Atallah, rédactrice en chef de lebanesequora.com.

« Les participants ont mis l'accent sur le besoin d'équilibre et d'intégration des pouvoirs gouvernementaux, et sur le respect de la formation du gouvernement, qui est confié exclusivement au président de la République et au Premier ministre désigné », a-t-elle indiqué à Al-Mashareq.

Dans son message de Noël, al-Rahi « a parlé explicitement [de la question] des armes illégales », a-t-elle rapporté, faisant référence au refus du Hezbollah de déposer les armes, en violation des conditions de l'Accord de Taëf.

L'expérience du Liban avec les armes illégales est une « expérience amère », a-t-elle indiqué. « Un État, sa structure et ses institutions ne peuvent exister tant qu'existe un État parallèle, quels qu'en soient les slogans. »

Le Hezbollah mène des guerres à l'étranger alors que les tensions politiques s'accroissent, a-t-elle ajouté, soulignant que les politiques et les programmes de la milice sapent la coexistence.

Le Hezbollah « place des obstacles à la création d'un gouvernement », conduisant ainsi le Liban dans l'impasse et mettant l'économie en danger, a-t-elle expliqué.

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1 COMMENTAIRE (S)

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Au nom de Dieu, vous connaissez la source du problème, mais vous n'avez pas le courage de le dire. Cela est dû au fait que les intérêts personnels prévalent sur toute autre chose, quoique la personne dise. Tous les libanais s'opposent aux armes illégales. Cependant, vous devez savoir, et vous savez vraiment, Dieu sait mieux, que l’ennemi créera des milliers d'organisations autres que le Hezbollah. Car la guerre est économique utilisant les moyens militaires. La sécurité et la prospérité économique du Liban signifie la mort à l'économie israélien en particulier le tourisme. C'est une ligne rouge pour l'ennemi. Je termine avec ces mots, espérant....

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