Plusieurs responsables politiques libanais accusent le Hezbollah de bloquer la formation d'un nouveau gouvernement en créant de toute pièce une impasse en exigeant que six députés sunnites du bloc du 8-Mars y soient représentés.
Ces dernières années, le Liban a connu une forte division politique entre l'alliance du 14-Mars, opposée au régime syrien et à l'influence de l'Iran, et le bloc du 8-Mars, qui au contraire les soutient.
Le Premier ministre désigné Saad al-Hariri, de confession sunnite, a refusé d'accorder un ministère au bloc du 8-Mars qui aurait dû revenir à son alliance du 14-Mars.
Le 13 novembre, il a accusé le Hezbollah de ralentir la formation pourtant très attendue d'un gouvernement après cinq mois de difficultés, a rapporté l'AFP.
« Il est très regrettable que le Hezbollah se mette dans une position qui le rende responsable d'une entrave au gouvernement », a déploré al-Hariri lors d'une conférence de presse.
« J'ai fait mon devoir, et le gouvernement est prêt », a-t-il déclaré.
Le 24 mai, après les élections législatives, le président Michel Aoun a nommé al-Hariri à son troisième mandat de Premier ministre, et l'a chargé de former un cabinet, mais de nombreux débats ont ralenti le processus.
Entrave à la formation d'un gouvernement
« Il faut dire que la formation du gouvernement a rencontré un obstacle majeur », a affirmé al-Hariri. « Certains aiment l'appeler l'obstacle des six députés du 8-Mars, je considère pour ma part qu'il est bien plus étendu que cela. »
Dans une allocution télévisée du 10 novembre, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a déclaré qu'aucun gouvernement ne sera formé si les six députés du 8-Mars ne sont pas représentés.
« En toute franchise, je considère simplement cette décision de la direction du Hezbollah comme une tentative d'entraver la formation du gouvernement », a affirmé al-Hariri.
Il est devenu évident que le Hezbollah « œuvre pour empêcher la formation du gouvernement et paralyser la politique du Liban pour faire progresser les plans iraniens », a déclaré Moustapha Allouch, responsable du Courant du futur et ancien député de Tripoli.
« Nasrallah a fait savoir qu'il n'est pas pressé de former un gouvernement, et son insistance à obtenir un portefeuille ministériel pour six députés sunnites du 8-Mars n'est qu'un prétexte », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
Il veut en réalité « voir comment les sanctions des États-Unis vont être appliquées, puis décider s'il libère ou non le gouvernement », a-t-il expliqué.
Allouch a décrit le Hezbollah comme une « milice armée qui n'obéit pas à l'autorité de l'État libanais », ajoutant que les membres du parti suivent la doctrine de la Wilayat al-Faqih (la Tutelle du Juriste).
Cette doctrine appelle à une allégeance au leader suprême de l'Iran, Ali Khamenei.
Les forces politiques contre le Hezbollah
Après que de nouvelles sanctions américaines ont été imposées au Hezbollah et à l'Iran, Nasrallah a créé un nouveau problème, en demandant que les six députés du 8-Mars soient représentés dans le cabinet, a indiqué le politologue et auteur Elias al-Zoghbi.
« En fait, cela n'est qu'un prétexte », a-t-il déclaré à Al-Mashareq, précisant que le Hezbollah cherche à faire plier le gouvernement libanais à sa volonté ou à en empêcher la formation.
« Le Hezbollah a choisi d'entraver la création du gouvernement lorsqu'il a réalisé que gagner le contrôle total du Liban n'était pas faisable », a expliqué al-Zoghbi.
« Nasrallah a renvoyé le gouvernement dans une impasse, et ce dernier est désormais confronté à un grave dilemme et ne peut pas s'en libérer [...] à moins de limiter l'influence du Hezbollah », a-t-il poursuivi.
Ce n'est qu'une fois que l'Iran aura commencé à ressentir les « effets désastreux » des sanctions américaines que le Liban retrouvera « un niveau minimum de souveraineté et d'indépendance dans la prise de décision », a affirmé al-Zoghbi.
Ce serait là le premier signe du retrait de l'Iran dans la région, a-t-il ajouté.
Lorsqu'al-Hariri a voulu annoncer son nouveau cabinet, Nasrallah a demandé à la dernière minute l'intégration du bloc sunnite, a rapporté à Al-Mashareq le politologue Rashid Fayed, proche d'al-Hariri.
« Le discours de Nasrallah ralentit la naissance du gouvernement et le début de son mandat », a-t-il déploré.
La perturbation de la vie politique libanaise par le Hezbollah n'est pas conforme à la constitution et aux lois, à commencer par les armes que la milice détient sur le territoire, a-t-il déclaré.
La milice tente de « prendre le contrôle de la scène politique libanaise selon la stratégie iranienne, et non en raison d'un conflit interne », a conclu Fayed.
Mensonge et déception !
RépondreTout le monde sait dire n'importe quoi!
RépondreUn pays pourri avec toutes ses sectes.
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