Réfugiés

Le Liban se penche sur la lassitude et la résilience des réfugiés et des communautés hôtes

Junaid Salman à Beyrouth

Des réfugiés syriens à l'arrière d'un camion dans la ville frontalière d'Arsal se dirigent vers la région syrienne de Qalamoun le 12 juillet 2017. Bien que le futur des réfugiés syriens se trouve dans leur patrie, le processus de retour pourrait prendre beaucoup de temps. [STRINGER/AFP]

Des réfugiés syriens à l'arrière d'un camion dans la ville frontalière d'Arsal se dirigent vers la région syrienne de Qalamoun le 12 juillet 2017. Bien que le futur des réfugiés syriens se trouve dans leur patrie, le processus de retour pourrait prendre beaucoup de temps. [STRINGER/AFP]

Alors que la guerre en Syrie dure maintenant depuis huit ans et que rien n'en laisse entrevoir la fin, les réfugiés et les communautés qui les accueillent, y compris au Liban, sont de plus en plus préoccupés par cette situation et par le fardeau économique qui l'accompagne.

Répondre à cet état de lassitude et rechercher des moyens de renforcer la résilience des réfugiés et de leurs hôtes ont été les thèmes de l'initiative AUB4Refugees de l'Université américaine de Beyrouth, organisée à Beyrouth du 27 au 28 novembre.

Ce forum a été mis en place par l'Institut Issam Fares pour les politiques publiques et les affaires internationales à l'Université américaine de Beyrouth.

Les participants ont notamment discuté des diverses façons de créer des moyens de subsistance solides et des perspectives d'avenir pour le retour sans danger et volontaire des réfugiés syriens.

Des experts participent à un forum de deux jours à l'Université américaine de Beyrouth pour aborder les questions de lassitude et de renforcement de la résilience chez les réfugiés syriens et au sein des communautés d'accueil. [Junaid Salman/Al-Mashareq]

Des experts participent à un forum de deux jours à l'Université américaine de Beyrouth pour aborder les questions de lassitude et de renforcement de la résilience chez les réfugiés syriens et au sein des communautés d'accueil. [Junaid Salman/Al-Mashareq]

Les Nations unies et la communauté internationale soutiennent la stabilité du Liban et restent déterminées à l'aider à faire face aux défis que représente l'arrivée de réfugiés, a affirmé Philippe Lazzarini, coordonnateur spécial adjoint des Nations unies pour le Liban.

Il a parlé de la « lassitude grandissante » de la société libanaise suite à la crise.

« C'est un miracle que le Liban ait réussi à porter un si lourd fardeau, causé par des défis économiques et sociaux venant du fait qu'il accueille 1,5 million de réfugiés », a-t-il déclaré.

Le Liban lutte contre un fort taux de chômage, a-t-il indiqué, ajoutant qu'un tiers des Libanais sont désormais considérés comme pauvres, alors que la majorité des réfugiés vivent sous le seuil de pauvreté.

Dans le même temps, a-t-il poursuivi, les institutions publiques libanaises sont incapables d'assurer leurs services.

Des études ont montré que la tension monte entre les réfugiés et leurs hôtes, avec qui ils entrent en compétition pour l'emploi et les services, a-t-il déclaré.

Bien que le futur des réfugiés se trouve in fine dans leur propre patrie, a-t-il expliqué, le processus de retour prendra certainement un long moment.

« La lassitude commence à se faire sentir »

Lazzarini a souligné le rôle des Nations unies dans le soutien à l'éducation, notant à Al Mashareq que plus de 220 000 élèves syriens ont été inscrits dans des écoles libanaises, et que l'organisation fournit de l'eau à des groupes de réfugiés dans les zones les plus pauvres du Liban.

Mireille Girard, représentante du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Liban, a salué la capacité du pays à supporter la pression continue sur le marché du travail et les institutions publiques.

Cependant, « la lassitude commence à se faire sentir dans les communautés d'accueil, et la plupart des réfugiés syriens expriment l'envie de rentrer chez eux », a-t-elle fait savoir.

Des milliers d'entre eux ont commencé à rentrer en Syrie avec l'aide de la Direction générale de la sûreté générale , a-t-elle ajouté, notant que ce processus sera « graduel et prendra beaucoup de temps ».

Girard a précisé qu'une évaluation menée par le HCR avait montré que 88 % des réfugiés empruntent de l'argent pour subvenir à leurs besoins essentiels et qu'ils ont été contraints de s'installer dans des logements encore plus abordables, car leur capacité à payer un loyer s'amenuise.

Deux tiers des réfugiés syriens vivent sous le seuil de pauvreté, survivant avec un revenu quotidien de 3 à 4 dollars, a-t-elle poursuivi.

Pendant ce temps, la concurrence entre les réfugiés et les Libanais pour les ressources et les services publics a augmenté les tensions entre eux, a-t-elle rapporté.

Pour répondre à ces problèmes, Girard a appelé à la création de nouveaux canaux de financement pour aider les réfugiés et les communautés d'accueil, et un changement dans la façon dont les programmes destinés à les gérer sont planifiés et développés.

« Pas d'excuse pour renvoyer les réfugiés »

Le Liban n'a pas signé la Convention relative au statut des réfugiés de 1951, et n'accorde donc pas aux Syriens le statut de réfugiés, a indiqué à Al-Mashareq Tarek Mitri, directeur de l'Institut Issam Fares pour les politiques publiques et les affaires internationales

Mais le Liban ne renvoie pas les gens là où ils pourraient être en danger, a-t-il ajouté, et donc « ne peut pas utiliser la lassitude et son incapacité à supporter leur fardeau comme une excuse pour déporter les réfugiés ».

Les institutions universitaires peuvent jouer un rôle important dans la présentation exacte des faits concernant la situation des réfugiés, a déclaré Mitri, car elles n'ont « aucun intérêt à exagérer ou déformer les faits, comme certains le font au Liban ».

« Les institutions académiques, par le biais des études et des recherches qu'elles mènent pour exposer la réalité, aident les législateurs à développer leurs plans et leurs programmes en leur fournissant des informations et des analyses précises », a-t-il déclaré.

Cela « prend en compte les droits de l'homme, ce qui contribue également à sensibiliser les Libanais sur la réalité de la situation », a-t-il ajouté.

Il a mis en garde contre la propagation de fausses informations quant au nombre de réfugiés et aux conséquences négatives de leur présence dans les communautés hôtes, concluant que cela ne fait qu'augmenter les tensions entre les réfugiés et les communautés qui les accueillent.

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