Alors que le conflit syrien va bientôt entrer dans sa septième année, le Liban a lancé un nouvel appel à la communauté internationale pour l'aider à porter le fardeau des déplacements syriens et des projets de développement financier dans les communautés d'accueil.
Au cours d'une réunion organisée le 19 janvier au Grand Sérail, le Premier ministre Saad Hariri, la coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban Sigrid Kaag et le coordinateur résident et humanitaire de l'ONU Philippe Lazzarini ont lancé le Plan de réponse à la crise du Liban (PRCL) 2017-2020, qui rassemble plus de 104 partenaires pour aider 2,8 millions de personnes vulnérables vivant au Liban.
Ce plan conjoint entre le gouvernement libanais et ses partenaires nationaux et internationaux a pour but d'obtenir un financement à hauteur de 2,8 milliards de dollars pour l'année 2017.
Cette aide fournira un soutien humanitaire critique immédiat et une protection pour 1,9 million de réfugiés et de Libanais vulnérables et apportera des services de base à 2,2 millions de personnes, ainsi que des investissements dans l'infrastructure, l'économie et les institutions publiques.
Au cours des trois années à venir, le Liban a besoin « d'au moins 8 à 10 milliards de dollars de nouveaux investissements en infrastructures, pour mettre à niveau celles déjà existantes, investir dans de nouveaux projets et compenser les détériorations qui ont eu lieu en raison de la présence d'un million et demi de Syriens », a déclaré Hariri lors du lancement.
Les besoins dépassent le montant demandé
Moein al-Merehbi, ministre d'État aux Affaires des réfugiés a indiqué que ce plan est une « feuille de route pour le Liban jusqu'en 2020, dans lequel il détaille une partie de ses besoins pour les réfugiés, mais pas l'intégralité ».
Le montant annuel nécessaire estimé pour répondre à la crise des réfugiés « dépasse les 3,5 milliards de dollars requis pour fournir les produits quotidiens essentiels et pour entretenir les infrastructures dans les zones accueillant les déplacés », a-t-il fait savoir à Al-Mashareq.
Les zones d'accueil, comme Akkar, la vallée de la Bekaa et Arsal manquent d'infrastructures, y compris un système d'égouts fonctionnel et de l'eau, et souffrent d'une mauvaise alimentation en électricité et d'un manque d'écoles et d'hôpitaux, a-t-il précisé.
« Les infrastructures sont partagées par plus d'un million de Libanais vivant sous le seuil de pauvreté, et plus d'un million et demi de réfugiés », a-t-il ajouté.
Al-Merehbi a expliqué que le montant demandé « contribue à une modeste part » du montant réel nécessaire pour réhabiliter ces infrastructures et créer des emplois pour les travailleurs libanais et syriens.
La population libanaise (4,5 millions de personnes) porte le fardeau d'un million et demi de réfugiés, la plupart syriens, a-t-il rapporté.
« Nous avons besoin du soutien de la communauté internationale pour empêcher une nouvelle [vague de] déplacements syriens vers d'autres pays, comme nous l'avons vu récemment », a-t-il poursuivi.
Coopération entre les ministères
Le ministère des Affaires des réfugiés coopère avec les ministères de l'Éducation, de la Santé, du Travail, des Affaires sociales et de l'Intérieur pour établir un document sur la façon dont le gouvernement s'occupera de la crise des réfugiés, a indiqué al-Merehbi.
Il regroupera toutes les idées, les rapports et les recommandations et les enverra au comité ministériel chargé de gérer la crise, a-t-il expliqué.
Après avoir discuté des propositions, le gouvernement établira une stratégie qui sera soumise à l'approbation du Conseil des ministres, et qui servira de fondation pour une future coordination entre le Liban et d'autres pays.
Le plan de réponse pour 2017 « concerne environ 2,8 millions de personnes, parmi lesquelles 1 million vivent sous le seuil de pauvreté, 1,5 million sont des réfugiés syriens » et environ 300 000 sont Palestiniens, a indiqué à Al-Mashareq le ministre des Affaires sociales Pierre Bou Assi.
Le ministère met en œuvre une grande partie de ce plan, a-t-il fait savoir, notant que le ministère travaille sur la crise des réfugiés depuis le début et « en coopérant directement avec toutes les organisations internationales et les ministères concernés grâce à nos centres dans tout le Liban et près des centres de réfugiés ».
Le besoin le plus pressant est de fournir une aide aux communautés d'accueil qui vivent sous le seuil de pauvreté et subissent la majorité de la crise, a-t-il déclaré, et de réhabiliter les infrastructures dans les zones de déplacement densément peuplées.
Le plan de réponse vise à fournir une aide de base, de la nourriture, des logements, de la stabilité sociale, de l'éducation et de la santé et à investir dans les infrastructures, comme l'eau, l'énergie et les eaux usées, a-t-il expliqué.
Bou Assi a indiqué que « 251 zones dans tout le Liban sont considérées comme les plus vulnérables et accueillent 87 % des réfugiés, alors que 67 % des habitants de ces régions sont les plus pauvres ».
Le Liban a subi un total de 13,1 milliards de dollars de pertes depuis 2012, dont 5,6 milliards pour la seule année 2015, en raison des déplacés syriens, selon des estimations de la Banque mondiale.
De plus, la croissance économique a baissé, passant de 8 % dans les années précédant la guerre syrienne à 1 % après le début de celle-ci.
Besoins grandissants
Selon Lisa Abou Khaled, agent assistante d'information publique au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le plan présenté annuellement par le Liban « est développé en partenariat avec des organisations gouvernementales et non gouvernementales pour répondre aux besoins des réfugiés et des citoyens libanais affectés par eux ».
Le plan de cette année demandait un financement de 2,8 milliards de dollars, en augmentation de 13 % par rapport à l'année dernière, a-t-elle précisé à Al-Mashareq.
« Cinquante-neuf pour cent de cette somme seront alloués à l'aide humanitaire pour les réfugiés, et 41 % aux projets de développement visant à améliorer les infrastructures, l'économie et les institutions publiques afin d'aider les communautés locales », a-t-elle détaillé.
Le montant demandé « correspond aux besoins grandissants des réfugiés et des communautés d'accueil », a-t-elle affirmé.
Près de la moitié d'entre eux se trouve sous le seuil de pauvreté extrême, « mais seulement 25 % d'entre eux obtiennent de l'aide en argent liquide », a-t-elle ajouté.
L'appel au financement a pour but d'équiper le Liban pour répondre aux besoins des réfugiés et de renforcer son économie, a-t-elle résumé.
Il est vrai que pourvoir aux nécessités d'une vie décente pour les réfugiés est une question humanitaire et nécessaire, d'autant plus que les réfugiés sont confrontés à d'énormes pressions psychologiques et sociales. Cependant, les pays d'accueil et les entités de soutien doivent prendre conscience des dangers sociaux et économiques du déplacement et de ses effets sur la sécurité nationale de l'Etat. Outre la dimension humanitaire de la crise, le gouvernement doit maintenir et même consolider sa sécurité sociale, économique et politique, d'autant plus que la crise des réfugiés provoquera un changement rapide du tissu social des communautés d'accueil. Le gouvernement libanais et ceux qui sont au pouvoir ont-ils la volonté politique de faire face à ces dangers?
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Merci
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