Réfugiés

Les médias souhaitent désamorcer les tensions entre Syriens et Libanais

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Le ministre de l'Information Melhem Riachi et la Coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban Sigrid Kaag participent le 3 août au lancement d'une campagne médiatique pour apaiser les tensions entre réfugiés syriens et communautés d'accueil libanaises. [Photo fournie par les services du ministre de l'Information]

Le ministre de l'Information Melhem Riachi et la Coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban Sigrid Kaag participent le 3 août au lancement d'une campagne médiatique pour apaiser les tensions entre réfugiés syriens et communautés d'accueil libanaises. [Photo fournie par les services du ministre de l'Information]

La première phase d'une nouvelle campagne médiatique visant à apaiser les tensions entre les réfugiés syriens et les communautés libanaises qui les accueillent a commencé début août.

Cette campagne comporte deux objectifs, a déclaré le ministre de l'Information Melhem Riachi lors du lancement le 3 août.

« Il faut que les Libanais disent aux Syriens qu'ils ne seront pas chassés du Liban et qu'aucune haine ne sera incitée envers eux, et il faut que les Syriens disent aux Libanais qu'ils retourneront dans leur pays d'origine », a-t-il indiqué.

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et plusieurs pays donateurs s'associent à la campagne, qui est intitulée « Je reviendrai dans mon pays et vous y inviterai ».

Dans un discours prononcé à l'occasion du lancement de cette campagne, la Coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban Sigrid Kaag a déclaré que le moment était venu « de répondre aux problèmes de tolérance, de cohésion sociale et de dialogue ».

Elle a souligné le besoin de se concentrer sur la question « jusqu'à ce que les conditions soient propices au retour volontaire, digne et en sécurité des réfugiés dans leur pays ».

Désamorcer les tensions

La campagne aidera à préparer le terrain pour le retour sécurisé et en bon ordre des réfugiés, avec « de l'amour et de la gratitude pour un bon voisinage », a fait savoir Ghassan Abou Chakra, conseiller du ministre de l'Information.

« Le Liban accueille plus d'un million et demi de réfugiés syriens, plus d'un quart de sa population », a-t-il rapporté à Al-Mashareq. « Cela pose d'importants défis économiques, sociaux, politiques et de sécurité au Liban. »

« Aujourd'hui, le Liban se prépare à accueillir une nouvelle vague de réfugiés à cause du prolongement de la guerre en Syrie », a-t-il expliqué. « Chaque augmentation de leur nombre et chaque retard dans leur retour chez eux contribuent à faire monter la tension ».

Conscient de la gravité de la situation, a-t-il poursuivi, le ministère de l'Information « a jugé nécessaire de relever tous les défis et d'atténuer leurs répercussions négatives », et a décidé de lancer une campagne médiatique.

La campagne est destinée à « promouvoir la compréhension et la tolérance, favoriser l'empathie et réfuter les fausses informations qui font naître l'inquiétude dans les communautés hôtes du Liban », a-t-il ajouté.

En plus d'éduquer le public sur le rôle du HCR dans la fourniture d'aide et de soutien aux réfugiés et aux communautés d'accueil, la campagne abordera la question des droits et des devoirs des réfugiés et des communautés hôtes, a-t-il précisé.

Elle cherchera à souligner « la bonté, la générosité et l'humanité du Liban, avérés par le fait que le pays accueille un si grand nombre de réfugiés », a déclaré Abou Chakra.

Accroître l'empathie

Le but principal est « d'accroître l'empathie pour les réfugiés et affirmer que les organisations et la communauté internationales ne travaillent absolument pas à intégrer, nationaliser ou installer les réfugiés au Liban », a-t-il indiqué.

Cela sera fait en mettant en évidence le désir des réfugiés de revenir rapidement et en sécurité dans leurs foyers dès que la sécurité et la paix auront été rétablies, a-t-il poursuivi, et en insistant sur le fait que leur présence est « seulement temporaire ».

Abou Chakra a déclaré que la campagne avait été lancée dans les médias audiovisuels, la presse écrite et sur les réseaux sociaux, et qu'elle comprendrait des conférences et des présentations, des expositions, des ateliers de formation et des concours de vidéos et de posters dans les universités.

Cette campagne devrait coûter 350 000 dollars.

La première phase, qui durera six mois, portera principalement sur les relations entre les communautés hôtes libanaises et les réfugiés syriens, et les phases suivantes présenteront le Liban comme un pays de dialogue et de cohabitation.

« Le HCR prépare cette campagne depuis quelque temps déjà, mais il constate qu'elle est encore plus nécessaire maintenant qu'auparavant, au vu de la montée de l'animosité envers les réfugiés dans les médias, sur les réseaux sociaux et parmi la population », a déclaré à Al-Mashareq Lisa Abou, responsable adjointe de la communication et de l'information publique du HCR.

Mouvement de réseaux sociaux

La campagne vise à désamorcer les tensions, à maintenir un espace protecteur pour les réfugiés, à endiguer la xénophobie, à favoriser l'empathie, à sensibiliser les gens, à mobiliser le soutien et à montrer la dimension humanitaire de leurs souffrances, a décrit Abou Khaled.

Cela se fera en suscitant un mouvement sur les réseaux sociaux qui vantera l'hospitalité libanaise, avec « des personnalités publiques bien connues, dont des journalistes, des célébrités, des responsables politiques et des acteurs », a-t-elle ajouté.

« Nous espérons que cette campagne persuadera ceux qui s'opposent à la présence [des réfugiés] d'en apprendre plus à leur sujet et de partager leurs sentiments pour développer plus d'empathie et les apprécier davantage, et qu'elle montrera le côté humanitaire de cette situation », a-t-elle déclaré.

Le Libanais Milad Yammine, coiffeur à Mazraat Yachouh dans le district de Metn, a salué cette campagne, affirmant qu'elle est « nécessaire vu l'hostilité récente entre les Libanais et les réfugiés syriens ».

« Ce n'est pas de leur faute s'ils sont venus au Liban. Des circonstances tragiques les ont forcés à fuir la mort et le carnage », a-t-il ajouté.

« Certains Libanais ont un problème avec eux, mais cela ne devrait pas se transmettre à toute la communauté », a-t-il indiqué. « Un coiffeur syrien travaille pour moi, et il est courtois et poli. Il ne me cause aucun souci. Il fait très bien son travail et je l'apprécie. »

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