Le gouvernement yéménite a exigé que les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran débloquent les stocks de blé fournis par le Programme alimentaire mondial (PAM) qu'ils détiennent dans la province d'al-Hodeidah, les accusant « d'aggraver les souffrances des Yéménites ».
Abdoul Raqeeb Fateh, ministre yéménite de l'Administration locale et directeur du Comité suprême d'aide humanitaire, a exhorté la coordinatrice humanitaire des Nations unies au Yémen Lise Grande à faire pression sur les Houthis pour qu'ils débloquent 51 000 tonnes de blé.
Le PAM a déclaré que son personnel s'étaient vu refuser l'accès à ces stocks de blé.
« Les stocks de blé retenus pourraient nourrir près de 3,7 millions de personnes dans le centre et le nord du Yémen pendant un mois », a indiqué Hervé Verhoosel, porte-parole du PAM.
« Les Houthis doivent débloquer immédiatement ces stocks et mettre fin aux opérations [de blocage] des opérations d'aide humanitaire », a déclaré Fateh aux médias locaux.
Les Houthis ont contribué à la détérioration de la situation humanitaire « en arrêtant des convois d'aide, en pillant l'aide humanitaire et en empêchant des organisations humanitaires locales et internationales d'agir », a-t-il précisé.
Fateh a encouragé les Nations unies et la communauté internationale à condamner ces blocages permanents des opérations d'aide, qui affectent directement la vie des Yéménites.
Détournement de l'aide humanitaire
Depuis le début de la guerre, les Houthis détournent l'aide destinée au peuple yéménite, a expliqué à Al-Mashareq le politologue Khaled Ahmed.
« Ils bloquent souvent cette aide, même celle apportée par des organisations humanitaires locales », a-t-il déploré, ajoutant que de tels actes « aggravent les souffrances des personnes dans le besoin ».
Quatre ans de guerre ont poussé le Yémen au bord d'une famine généralisée, a rapporté l'AFP dimanche 28 octobre.
La semaine dernière, les Nations unies ont mis en garde sur le fait que 14 millions de Yéménites courent un risque important de famine, alors que la guerre ne montre aucun signe de ralentissement.
Mark Lowcock, secrétaire général adjoint des Nations unies pour les affaires humanitaires, a estimé lundi que le danger de famine au Yémen était « bien plus grave que tout ce qu'ont pu voir les professionnels de ce domaine pendant leur carrière ».
L'ONU a appelé ce mois-ci à un cessez-le-feu humanitaire près des installations utilisées pour la distribution de l'aide alimentaire, mais aucun des camps n'a répondu à cet appel.
La faim est une conséquence de la guerre
Les Yéménites qui luttent pour survivre à ces conditions sont également confrontés à une économie effondrée, qui laisse les fonctionnaires et les enseignants sans salaire.
Le Fonds monétaire international prévoit que l'économie du pays connaîtra une contraction de 2,6 % en 2018, et l'inflation devrait atteindre 42 %.
La faim au Yémen est une conséquence directe de la guerre, a affirmé le PAM dans un rapport publié lundi.
La guerre a détruit les infrastructures, ravagé l'économie et empêché que l'aide humanitaire ne parvienne à ceux qui en ont le plus besoin, a-t-il fait savoir.
« L'envol des prix des denrées alimentaires a mis le prix d'un repas hors de portée de la plupart des gens ; un repas simple représente 36 % des revenus quotidiens d'un Yéménite moyen. Les violences se poursuivent et pourraient bientôt faire basculer la nation dans une véritable famine », a ajouté le rapport.
« Les familles luttent pour survivre. Les gens ont peu de revenus, voire aucun. De nombreux enfants ne sont pas scolarisés.La faim est visible partout. Dans de nombreux endroits, des femmes mendient sur les routes ; ce sont souvent des mères ayant un besoin désespéré d'argent pour nourrir leurs enfants. Et les enfants se meurent », a précisé le rapport.