Alors que le régime syrien et ses alliés lancent une offensive dans le sud de la Syrie, des responsables et des experts jordaniens mettent en garde contre une nouvelle vague de réfugiés cherchant à entrer dans le royaume depuis des zones proches de la frontière.
La Jordanie accueille déjà 1,3 million de réfugiés syriens, soit 20% de la population du royaume, et elle ne peut pas en accueillir d'autres, ont-ils affirmé à Al-Mashareq.
Les frappes aériennes et les combats dans le sud de la Syrie ont poussé au moins 45 000 personnes à fuir, a fait savoir l'ONU mardi 26 juin, après avoir prévenu que la reprise des hostilités pourrait mettre en danger 750 000 personnes.
Le déplacement actuel est le plus grand de la région à ce jour, la majorité des personnes fuyant depuis les zones est de la province syrienne de Daraa vers le sud et la frontière fermée avec la Jordanie, a rapporté l'AFP.
La récente escalade par le régime et ses alliés dans la province de Daraa « a mis fin à l'accord de cessez-le-feu dans le sud de la Syrie », a expliqué le général de division Adeeb al-Sarayreh, analyste en stratégie et officier à la retraite de l'armée jordanienne.
La majeure partie du sud-ouest de la Syrie fait partie de la zone de désescalade acceptée en juillet 2017 par les Etats-Unis, la Russie et la Jordanie.
« La Jordanie est actuellement engagée dans d'intenses discussions avec les parties concernées et la communauté internationale pour maintenir la zone de désescalade dans le sud de la Syrie et pour ne pas faire empirer davantage la situation », a-t-il déclaré.
La frontière jordanienne avec la Syrie s'étend sur plus de 320 kilomètres, a-t-il indiqué, ce qui « augmentera les difficultés de sécurité et les attentes de grandes vagues de réfugiés fuyant les bombardements ».
« D'autres mesures doivent être prises pour mettre fin à l'escalade, car elle n'est dans l'intérêt de personne », a affirmé al-Sarayreh.
La zone de désescalade avait facilité l'entrée de l'aide humanitaire pour les civils, a-t-il fait savoir, et la fin de l'accord poussera davantage de réfugiés vers le Liban.
« Nous ne pouvons pas accepter plus de réfugiés »
La Jordanie a continué de jouer un rôle humanitaire au cours des dernières années, a déclaré la ministre d'Etat aux Affaires médiatique Jumana Ghneimat.
« Nous ne pouvons pas accepter plus de réfugiés, car les chiffres actuels sont déjà très élevés et la pression est forte sur tous les secteurs », a-t-elle affirmé à Al-Mashareq.
La Jordanie « intensifie les contacts pour préserver la zone de désescalade », a-t-elle indiqué, notant que le royaume surveille de près ce qui se passe dans le sud de la Syrie afin de protéger ses intérêts et sa sécurité.
La crise des réfugiés et les défis régionaux ont mis beaucoup de pression sur l'économie jordanienne déjà éprouvée, a déclaré à Al-Mashareq l'économiste Hossam Ayesh.
Le royaume est confronté à une dette qui augmente et à la baisse de l'aide pour les réfugiés de la part des pays donateurs, a-t-il poursuivi.
La Jordanie a dû assumer un coût direct de près de 10 milliards de dollars pour accueillir les réfugiés syriens depuis le début du conflit en 2011, a rapporté Ayesh.
Ce chiffre comprend le coût de l'éducation, de la santé, de l'électricité, de l'eau, de l'assainissement, l'utilisation de l'infrastructure et des services municipaux, les matériaux et les biens subventionnés, les pertes de transport, le travail au noir, les coûts de sécurité et autres, a-t-il précisé.
« Le pays ne peut pas supporter d'autres fardeaux économiques et une pression supplémentaires sur ses services », a-t-il ajouté. « Si de nouveaux réfugiés du sud de la Syrie arrivent dans le royaume alors que les violences et les combats augmentent, la situation deviendra plus difficile. »