La Jordanie et le Fonds monétaire international (FMI) se sont récemment mis d'accord sur les conditions d'une ligne de crédit allant jusqu'à 700 millions de dollars, destinée à aider l'économie du royaume et à renforcer sa capacité à gérer les réfugiés syriens.
Le programme de Facilité élargie de crédit (FEC) s'étend sur trois ans, a précisé le ministre des Finances Omar Malhas à Al-Mashareq. Pendant cette période, le FMI versera les fonds convenus à la Banque centrale de Jordanie.
Une délégation du FMI se rendra dans le royaume en octobre pour procéder à une première analyse de performances de l'économie nationale, dans le cadre du nouveau programme de réforme financière et administrative conclu entre le pays et le FMI.
D'ici la fin de l'année, le FMI accordera entre 100 et 150 millions de dollars sur le montant total prévu par cet accord, a expliqué Malhas.
Le FMI a indiqué qu'il pourrait envisager d'augmenter cette somme à 900 millions de dollars à l'issue du premier examen économique.
Ce nouveau programme inclut un agenda de réformes structurelles destiné à encourager la création d'emplois, améliorer le climat des affaires, garantir la pérennité des secteurs de l'eau et de l'énergie, maintenir un secteur financier solide, faciliter l'accès au financement pour les petites entreprises, et améliorer la redevabilité et la gouvernance, a détaillé le ministre.
L'accord exige que la Jordanie réduise son taux de dette à 77,2 % de son produit intérieur brut (PIB) d'ici 2021, comparé à son niveau actuel de 94 %, a-t-il noté.
Les réformes que la Jordanie mettra en place dans le cadre de cet accord devraient transformer le déficit budgétaire en un excédent estimé à 183 milliards de dinars jordaniens (258 milliards de dollars) d'ici fin 2021, a-t-il ajouté.
Une situation difficile
Les pays participants à la conférence des bailleurs de fonds de Londres en février, intitulée « Soutien à la Syrie et sa région », ont stipulé que la Jordanie devait mettre en place un programme avec le FMI comme condition préalable d'accès à des subventions et des prêts bonifiés, a déclaré l'économiste jordanien Housam Ayesh.
Grâce à cet accord, « la Jordanie recevra une aide et des prêts pour un total de plusieurs milliards de dollars », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
« Les pays bailleurs de fonds se sont engagés à apporter une aide – après qu'un accord aura été trouvé – pour soutenir les efforts de la Jordanie dans la création d'emplois pour les Jordaniens et les Syriens, et pour améliorer l'éducation des enfants syriens en Jordanie », a-t-il précisé.
Une partie de cette aide ira à l'amélioration des conditions pour les communautés accueillant des réfugiés syriens dans toutes les provinces du royaume, a-t-il ajouté.
« Bien que certaines conditions [de l'accord] soient difficiles, elles doivent être remplies pour que la Jordanie puisse surmonter les pressions subies par son économie en raison de la situation régionale et du déclin du commerce résultant de la fermeture des frontières avec la Syrie et l'Irak au vu de la dissémination de groupes terroristes comme « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) », a déclaré Ayesh.
Pression sur les infrastructures
La Jordanie accueille environ 1,3 million de réfugiés syriens, a indiqué Ayesh, et près de 145 000 étudiants syriens fréquentent les écoles publiques du royaume, ce qui impose une pression énorme sur ses infrastructures.
Selon Mohammed Jabour, propriétaire d'une boutique de vêtements dans le gouvernorat de Mafraq où se situe le camp de réfugiés de Zaatari, le gouvernement jordanien devrait se concentrer sur la création d'opportunités pour les jeunes.
« J'espère que le gouvernement utilisera cette aide du FMI pour donner des possibilités aux jeunes Jordaniens et les aider à monter des projets générateurs de revenu », a-t-il déclaré.
« Nous avons ouvert nos maisons pour aider les réfugiés syriens, et le monde doit maintenant aider la Jordanie au vu de la situation économique difficile et du chômage », a-t-il ajouté.
Le taux de chômage en Jordanie est passé à 14,7 pour cent au second trimestre 2016, dont 12,9 pour cent d'hommes et 22,8 pour cent de femmes.
C'est 2,8 pour cent de plus qu'au deuxième trimestre 2015, selon les services jordaniens des statistiques.