Des militants des droits de l'homme et des responsables yéménites ont condamné les Houthis (Ansarallah) soutenus par l'Iran pour leur utilisation continue de mines antipersonnel, interdites par le droit international.
Le Yémen est l'un des 164 États ayant signé la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, aussi appelée traité d'Ottawa, qui est en vigueur depuis 1999.
Mais les Houthis emploient encore ces engins interdits, qui peuvent tuer ou mutiler les civils qui marchent dessus par hasard.
En avril 2017, Human Rights Watch (HRW) a déclaré que l'utilisation par les Houthis des mines antipersonnel interdites au Yémen a fait de nombreuses victimes civiles et a empêché le retour en sécurité des civils déplacés par les combats.
HRW a appelé les Houthis à « cesser immédiatement l'utilisation de ces armes », qui ont été déployées dans au moins six gouvernorats depuis mars 2015, soulignant que les mines continuent de représenter une menace pour les civils longtemps après la fin d'un conflit.
Les mines posées par les Houthis ont handicapé de manière permanente 814 personnes, dont 374 ont dû être amputées, selon le ministre des droits de l'homme Mohammed Askar.
L'impact négatif des mines et les dégâts psychologiques, physiques et économiques qu'elles causent sont plus graves que ceux de la guerre en général, a expliqué à Al-Mashareq le militant des droits de l'homme Abdoul Rahman Berman.
« L'impact de la guerre sur la vie des gens persiste plusieurs années après la fin de la guerre, mais les mines antipersonnel continuent de faire agoniser leurs victimes pendant des décennies », a-t-il précisé.
« Le Yémen souffrira pendant de nombreuses années de l'utilisation de mines par les Houthis », a-t-il ajouté.
Les Houthis « posent des mines dans les régions où ils se trouvent » sans se soucier des dangers qu'elles représentent pour la population civile, a déclaré Berman. « Tout ce qui les intéresse, c'est de stopper la progression de l'armée nationale. »
« Destruction délibérée »
Les Houthis posent des mines dans un but de « destruction et de meurtre délibéré », a indiqué le politologue Waddah al-Jalil à Al-Mashareq.
La milice les pose dans les zones sous son contrôle où elle rencontre une résistance populaire, a-t-il fait savoir, « afin de riposter contre les populations de ces zones de résistance et de transformer leur avenir en destruction, dévastation et mort ».
La pose des mines empêche les gens de vivre normalement à l'avenir, « parce qu'ils vivront dans la peur des mines, et ces zones seront désertées, car personne n'osera y travailler, y vivre ou même y marcher », a-t-il expliqué.
Les Houthis posent des mines « sans dresser de cartes, alors s'ils sont contraints de se replier, l'emplacement des mines reste quasiment inconnu », a-t-il poursuivi.
Le droit humanitaire international appelle toutes les parties prenantes d'un confit armé à épargner les civils, a déclaré Ishraq al-Maqtari, porte-parole du Comité national pour l'enquête sur les violations des droits de l'homme.
« Ces obligations ont été affirmées par le traité d'Ottawa, qui a été ratifié par le Yémen, l'un des premiers pays à avoir affirmé son engagement à ne pas utiliser, stocker, transférer ou fabriquer des mines antipersonnel », a-t-elle déclaré à Al-Mashareq.
Le comité national enquête sur l'utilisation de mines au Yémen, a-t-elle ajouté, et il travaille pour répertorier toutes les victimes des mines et pour analyser les sites où des mines ont été posées afin d'identifier les coupables.
Ces actions « ont pour but de protéger les droits des victimes », a-t-elle déclaré.
Cela se fait par des efforts intensifs pour « enquêter sur les faits, bâtir une base de données nationale complète de toutes les victimes des mines, et la création de dossiers individuels pour chaque victime, détaillant toutes les informations et la responsabilité juridique », a ajouté al-Maqtari.