Les Houthis (Ansarallah), soutenus par l'Iran, n'ont pas eu leur pareil en matière d'infractions aux droits de l'homme et de pose de mines en 2018, a déclaré à Al-Mashareq un responsable de la Commission nationale d'enquête sur les non-respects des droits de l'homme.
Cette commission a surveillé, documenté et enquêté 5072 cas de non-respect des droits de l'homme dans plusieurs provinces du Yémen en 2018.
Ses conclusions ont été annoncées dans un rapport publié le 10 décembre, coïncidant avec la Journée internationale des droits de l'homme.
Elle a effectué plus de huit visites de terrain dans les provinces de Marib, de l'Hadramaout, d'al-Daleh, de Taiz et d'al-Jawf, et a répété sa demande à tous les belligérants de respecter les principes du droit humanitaire international et des droits de l'homme.
Elle a identifié 1762 cas de civils pris pour cible par toutes les parties du conflit, causant la mort de 704 personnes et en blessant 1058 autres, dont 196 femmes et 413 enfants, a rapporté la porte-parole de la commission Ishraq al-Maqtari.
Elle a par ailleurs enquêté sur « 132 cas d'explosions de mines antipersonnel et de véhicules, dans lesquelles 137 victimes ont trouvé la mort, dont 33 enfants et 13 femmes », a-t-elle déclaré à Al-Mashareq.
Cette commission a documenté 78 cas d'exécutions extrajudiciaires, 107 cas de recrutement d'enfants, quatre incidents d'attaque de personnel médical, 21 attentats à la bombe contre des maisons, et neuf cas d'attaque et de destruction d'objets culturels et historiques, a-t-elle indiqué.
Violations sans précédent
Les violations des Houthis en termes de recrutement d'enfants et de pose de mines ont été « sans précédent », a déclaré al-Maqtari.
« Les Houthis ont commis les pires atteintes aux droits de l'homme par la diversité des violations qui leur sont attribuées », a-t-elle ajouté.
« La commission a également enquêté sur les violations au droit à la vie commises par des groupes comme al-Qaïda dans les provinces d'Abyan, d'Aden et de l'Hadramaout en 2018 ayant mené au meurtre [des victimes] », a-t-elle poursuivi.
Le travail de surveillance et de documentation de la commission « couvre toutes les provinces yéménites et toutes les violations perpétrées par toutes les parties, sans exception », a fait savoir al-Maqtari.
Le mécanisme utilisé pour atteindre les victimes est « divers et comporte de multiples facettes, afin de garantir la diversité des canaux d'informations et [la possibilité] de vérifier les informations », a-t-elle indiqué.
La commission a mené des enquêtes sur le terrain, dans le cadre de visites sur le site des incidents, a-t-elle expliqué. Elle a ainsi pu collecter et examiner des informations, écouter des témoignages de victimes et de témoins, et analyser l'environnement et d'autres facteurs.
« Les visites de terrain sont conduites par des chercheurs et des observateurs présents dans toutes les provinces pour faciliter le processus pour les victimes, leurs familles et les témoins », a-t-elle poursuivi.
Des violations inspirées par le CGRI
Les mines posées par les Houthis dans les zones qu'ils contrôlent proviennent du stock national de mines, ou étaient des mines camouflées fabriquées avec le soutien, l'expertise et la formation des Iraniens, a fait savoir à Al-Mashareq l'avocat et militant Abdoul Rahman Barman.
Des bombes camouflées en pierres, qui ressemblent aux engins trouvés en Irak et au Liban et liés par analyse scientifique à l'Iran, ont tué de nombreux civils yéménites, déclenchant l'indignation publique.
« Nous entendons quotidiennement parler de l'explosion d'une mine ici ou là ayant blessé plusieurs personnes », a déclaré Barman.
« Les Houthis se sont emparés du stock national de mines du Yémen », a-t-il rapporté, ajoutant qu'ils ont aussi été formés à « fabriquer des mines qui se fondent dans l'environnement naturel ».
En ce qui concerne les crimes de recrutement d'enfants, a indiqué Barman, « les Houthis recrutement délibérément des enfants », car il est « facile de les influencer et de leur laver le cerveau ».
Un fort pourcentage des conscrits sont des enfants de 10 à 12 ans, selon de nombreuses plaintes déposées auprès de la commission, a-t-il déclaré, précisant qu'il est possible de voir des enfants occupant les postes de contrôle des Houthis et sur des photos de combattants houthis morts au combat.
Les Houthis recrutent des enfants soldats pour grossir leurs rangs, et ont recours à l'enlèvement d'enfants dans les écoles, au lavage de cerveau, et au chantage avec leurs parents.
Les atrocités commises par les Houthis sont inspirées par l'Iran, car ce sont les mêmes que celles commises par le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI).
Le CGRI a été accusé d'envoyer des enfants immigrés afghans et réfugiés se battre en Syrie dans la brigade Fatemiyoun.
Il a aussi créé en 2010 les premières unités de scouts du pays, avec l'aide d'instructeurs venus du Liban et d'Iran.
Crimes de guerre
« Poser des mines est un crime de guerre et un crime contre l'humanité, parce que cela touche essentiellement des innocents », a indiqué le politologue Waddah al-Jalil à Al-Mashareq.
Les Houthis prennent pour cible des innocents avec des mines antipersonnel, a-t-il expliqué, ajoutant qu'ils posent des mines dans des régions qu'ils contrôlent et qui sont sur le point d'être libérées.
Ils cherchent à infliger des pertes en posant leurs mines de manière aléatoire et sans cartes, aggravant encore la situation et la tragédie que traverse le peuple yéménite, a-t-il souligné.
La raison pour laquelle les Houthis n'ont pas d'égal dans leur obstination à violer les droits de l'homme est qu'ils sont « une milice, et non pas une armée régulière répondant à un État », a affirmé le politologue Khalid Ahmed à Al-Mashareq.
Les États savent qu'ils seront tenus pour responsables de toute infraction aux lois internationales et locales et aux chartes, a-t-il ajouté.
En revanche, les milices opèrent dans l'ombre, et les Houthis en particulier « ne respectent aucune loi et se fichent des conventions et des accords internationaux », a-t-il indiqué.