Des candidats chiites de l'opposition aux élections parlementaires libanaises ont déclaré à Al-Mashareq qu'ils espèrent miser sur le mécontentement grandissant de la communauté envers le Hezbollah.
De nombreux électeurs dans des zones comme Baalbek-Hermel et le Sud Liban, les circonscriptions classiques du Hezbollah, tiennent le parti pour responsable du manque de développement et des manques qui en ont résulté, ont-ils indiqué.
Le Liban va organiser des élections parlementaires le 6 mai pour la première fois en neuf ans, conformément à la nouvelle législation électorale basée sur la représentation proportionnelle.
Emergence de l'opposition
De nombreuses figures chiites de l'opposition, dont d'anciens membres du Hezbollah, se présentent aux élections parlementaires.
Parmi eux se trouve Cheikh Abbas al-Jawhari, de Baalbek, qui est à la tête d'une liste électorale du district de Baalbek-Hermel, face à celle du Hezbollah.
« Le Hezbollah et son allié, Amal, dominent le processus de prise de décision de la secte », a-t-il rapporté à Al-Mashareq. « Cela a mené à l'unilatéralité des prises de décision, qui a causé de graves problèmes pour toute la secte. »
Aujourd'hui, il y a des « signes évidents » de ressentiment dans la communauté chiite, a-t-il affirmé, surtout dans la vallée de la Bekaa et dans le Sud Liban, à cause des services de mauvaise qualité et des manques généraux.
Ce ressentiment s'étend jusqu'à l'implication du Hezbollah à l'étranger et aux services qu'il fournit aux « fronts sur lesquels il est engagé », a ajouté al-Jawhari.
Beaucoup de chiites libanais considèrent le Hezbollah comme « un synonyme de carences », a-t-il fait savoir, et les élections à venir offrent à ces personnes la possibilité d'exprimer leur opinion.
Ils trouvent désormais auprès des candidats un groupe de chiites modérés, a-t-il indiqué.
« Les habitants de la région meurent de faim, et les jeunes se font tuer en Syrie sous prétexte de résistance », a déclaré Yaghi, originaire de Baalbek ayant demandé à utiliser un pseudonyme.
Le Hezbollah n'a pas réussi à mettre en œuvre de développement, car il n'a jamais prêté attention au problème, a-t-il expliqué à Al-Mashareq, ajoutant que « nous voulons vivre dans la dignité ».
Malaise grandissant
Le malaise des communautés chiites « s'est agrandi à cause de la détérioration des conditions économiques et sociales », et parce que le Hezbollah contrôle les biens publics et à cause de son sectarisme perçu, a rapporté le journaliste Ali al-Amin à Al-Mashareq.
« Les chiites du sud et de la Bekaa ne cachent pas leur opposition aux actions du Hezbollah, qui ont entraîné le Liban dans des problèmes avec d'autres pays », a-t-il déclaré. « Cela a mis en danger [la communauté chiite], et cela les met face à un avenir incertain. »
Plusieurs membres de la communauté expriment désormais leurs objections, indiquant que les candidats du Hezbollah au parlement « ne les représentent pas », a-t-il poursuivi.
Al-Amin est candidat au siège chiite à Bint Jbeil, sur la liste électorale Shaabna Heki (Notre peuple a parlé), avec trois autres candidats.
Cette liste électorale envoie un « message aux forces politiques du sud, pour dire qu'il existe un noyau politique d'opposition qui exprime les opinions et les souhaits d'une large portion de chiites », a-t-il fait savoir.
Beaucoup de jeunes dans les bastions traditionnels du Hezbollah « voient dans notre candidature et notre militantisme un exutoire pour eux, et certains expriment cela haut et fort, tandis que d'autres le font en silence », a ajouté al-Amin.
Mécontentement général
Le mécontentement général lié au déploiement du Hezbollah en Syrie est visible aux funérailles des combattants décédés, a indiqué le politologue Habib Challouq.
Certaines familles endeuillées font entendre leur colère et demandent la fin de l'hémorragie dans les rangs des jeunes chiites, a-t-il rapporté à Al-Mashareq.
Le rejet public des actions du Hezbollah au Liban et en dehors est désormais acceptable, a-t-il ajouté, « de nombreux candidats chiites s'empressant d'annoncer leur candidature aux élections ».
Ceux qui veulent être élus n'ont pas été découragés par la présence de candidats du Hezbollah et d'Amal « dans les différents districts électoraux », a-t-il rapporté.
Je veux juste dire à Ben Yaghi et à Ben al-Juhari que s'il n'y avait pas eu les souliers du Hezbollah et de la résistance, vous auriez été écrasés par les takfiris. Ils vous auraient aussi pris pour le djihad annikah!
Répondre1 COMMENTAIRE (S)