Élections

Les candidates libanaises ne sont pas découragées par le leader du Hezbollah

Nohad Topalian à Beyrouth

Une photo prise le 3 avril montre des posters de campagne pour les prochaines élections législatives au Liban dans le district de Tariq Jdideh, à Beyrouth. Parmi les candidats se trouvent quatre-vingt-six femmes, dont neuf chiites se présentant aux sièges du parlement. [Anwar Amro/AFP]

Une photo prise le 3 avril montre des posters de campagne pour les prochaines élections législatives au Liban dans le district de Tariq Jdideh, à Beyrouth. Parmi les candidats se trouvent quatre-vingt-six femmes, dont neuf chiites se présentant aux sièges du parlement. [Anwar Amro/AFP]

Les candidates chiites aux prochaines élections législatives au Liban dénoncent la déclaration du leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, selon laquelle son parti « n'a pas de femmes pour ce poste ».

Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, n'a présenté aucune candidate, Nasrallah déclarant clairement dans un discours télévisé le 4 janvier que les femmes ne sont pas les bienvenues dans l'arène politique.

Des candidates chiites ont fait savoir à Al-Mashareq que les déclarations de Nasrallah vont à l'encontre du droit qu'ont les femmes à participer à la vie publique, et qu'elles comptent de toute façon poursuivre leurs campagnes.

Sur les cent onze femmes s'étant initialement déclarées candidates aux élections du 6 mai, quatre-vingt-six sont toujours dans la course, sur un total de 597 candidats.

Neuf femmes chiites font partie des candidats.

Dans le second district électoral de Beyrouth, Salwa al-Khalil al-Amin se présente sur la liste Beirut al-Watan, Neamat Hicham Badreddine sur la liste Voix du peuple, et Lina Mohammad Ali Hamdan sur la liste Opposition beyrouthine.

Olfat Hamza al-Sabeh est candidate sur la liste de Sawa pour Baabda, et Ghada Assaad Assaf sur la liste des indépendants pour Baalbek-Hermel.

Dans le sud, à Tyr et dans les villages de Sidon, Lina Hassan al-Husseini se présente sur la liste Ensemble pour le changement, et Inaya Ezziddine sur la liste Loyauté et résistance d'Amal.

Abeer Ghaleb Ramadan est candidate dans le district de Marjayoun-Hasbaya sur la liste Nous pouvons amener le changement, et Rima Ali Hameed se présente sur la liste de la société civile Nous sommes tous ma patrie, à Bint Jbeil.

« J'ai les mêmes droits »

Al-Amin, candidate du second district et ancienne conseillère politique au ministère du Tourisme, a déclaré à Al-Mashareq que les déclarations de Nasrallah « ne [l']inquiètent pas ».

« En tant que musulmanes, et en particulier en tant que femmes chiites, nous occupons des postes dans l'administration publique » et dans les cercles académiques, culturels et politiques, a-t-elle indiqué.

« Pourquoi est-il interdit aux femmes partisanes de se présenter aux élections législatives alors qu'elles occupent des postes décisionnels », a-t-elle demandé. « Pourquoi sont-elles autorisées à être [membres] de partis, mais pas à être candidates [aux élections] ? »

« J'ai toujours cette question en tête en tant que citoyenne chiite », a-t-elle indiqué. « J'ai les mêmes droits que les autres, et personne ne peut me dire ce que je peux ou ne peux faire. »

« Il n'est pas juste de refuser aux femmes chiites le droit d'exercer leurs droits patriotiques et politiques ou leurs droits civiques, car la constitution libanaise a fait d'elles les égales [des hommes] en termes de droits et de devoirs », a-t-elle ajouté.

« En vertu de la loi, nous sommes tous égaux en droits, et par conséquent personne ne peut limiter le droit des femmes chiites à se présenter aux élections », a-t-elle affirmé.

« Une victoire pour les femmes chiites »

« La déclaration de Nasrallah m'a énormément provoquée et mise en colère », a fait savoir al-Sabeh, candidate aux élections et professeur de droit à l'université la Sagesse et à l'université américaine du Liban.

« En tant que femmes chiites, nous excellons et nous avons les compétences pour nous présenter [aux élections] et exercer notre droit démocratique », a-t-elle déclaré à Al-Mashareq.

« Il n'est pas facile pour moi, en tant que native de Burj al-Barajneh [dans le quartier de Dahieh à Beyrouth], d'être candidate »,a-t-elle rapporté. « C'est un défi pour moi en tant que femme indépendante dans une société patriarcale traditionnelle qui n'a pas donné de quota aux femmes. »

« Notre candidature est une étape très importante, et elle représente une victoire pour les femmes chiites et une réponse à ceux qui dénigrent leurs droits », a confié al-Sabeh.

« Les femmes chiites se présentent aux élections législatives parce qu'elles sont très compétentes, convaincues et croient en leur rôle constructif dans la société », a indiqué la militante chiite et professeur d'université Mona Fayad.

La déclaration de Nasrallah « est selon moi non seulement injuste envers les femmes chiites, mais est également contraire à l'islam véritable et positif, qui donne aux femmes tous leurs droits », a ajouté Fayad.

« De quel droit Nasrallah interdit-il aux femmes de se présenter ? », a-t-elle demandé.

« Malheureusement, il existe un segment de chiites qui sont otages de lui et de son parti, parce que leurs intérêts les y obligent, mais ils se libéreront de lui un jour », a-t-elle conclu.

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