Bien que les institutions d'éducation religieuse au Liban puissent jouer un rôle important dans la lutte contre l'idéologie extrémiste, elles doivent être réglementées par l'État pour garantir qu'elles favorisent une culture de modération culturelle, ont indiqué des universitaires à Al-Mashareq.
Les programmes des institutions d'éducation religieuse doivent être soumis à la supervision de l'État pour garantir qu'elles ne sont pas exploitées à des fins politiques ou utilisées comme incubateurs d'extrémisme, ont-ils affirmé.
« Ces institutions ont un rôle majeur à jouer dans la lutte contre l'idéologie extrémiste et pour enseigner un islam modéré », a expliqué Mohammad Amin Farchoukh, doyen du Collège d'études islamiques de l'université de Makassed à Beyrouth.
Le Collège d'études islamiques « suit la voie de la modération et de l'ouverture », a-t-il fait savoir à Al-Mashareq, et adhère aux principes de la Déclaration de Beyrouth sur les libertés religieuses, ainsi que la Déclaration de l'al-Azhar sur la citoyenneté et la coexistence.
Chacune de ces doctrines appelle à la modération, a-t-il rapporté, et doit être intégrée dans les programmes de toutes les institutions d'éducation religieuse du Liban.
La culture de la modération
Farchoukh, qui organise régulièrement des sessions de dialogue sur le rôle des institutions d'éducation religieuse dans la lutte contre l'idéologie radicale, a déclaré que l'université de Makassed « encourage la modération et la liberté à travers ses enseignements ».
« Bien que nous adoptions la modération dans nos programmes afin de répondre aux défis de l'extrémisme dans la pensée islamique, certaines institutions d'éducation religieuse au Liban suivent une approche radicale », a-t-il mis en garde.
Les enseignants et les manuels scolaires de ces institutions doivent être surveillés pour garantir que les étudiants y apprennent la culture de la modération, a-t-il déclaré.
Certaines institutions jouent un rôle majeur dans la réponse aux défis de la pensée radicale et s'efforcent de conduire leurs étudiants vers un discours ouvert, a rapporté Mohammed al-Nuqari, professeur à la faculté de droit de l'université Saint-Joseph
« Mais il existe également des universités et des institutions d'éducation religieuse agréées qui dispensent une éducation religieuse extrémiste aux étudiants et aux imams », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
L'État a donc l'importante responsabilité de revoir la façon dont il accorde des licences à de telles institutions d'enseignement, a-t-il poursuivi.
Une régulation de l'État est nécessaire
« Les institutions religieuses, les écoles et les institutions d'éducation religieuse peuvent jouer un rôle positif et de soutien pour limiter et endiguer l'extrémisme », a affirmé Hassan al-Qutb, directeur du Centre de recherche et de conseil libanais.
Mais si ces institutions ne sont pas soumises à une réglementation, elles pourraient devenir des « agents de subversion et de destruction », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.
La prolifération des instituts et des séminaires religieux pose un problème, a-t-il ajouté, car il est difficile de réguler, examiner ou surveiller leurs programmes ou l'idéologie qu'ils promeuvent.
Il n'existe pas de données officielles sur le nombre de ces instituts au Liban, a indiqué al-Qutb, mais il a estimé que des centaines d'instituts et de séminaires religieux répartis dans tout le Liban assurent une éducation religieuse sans surveillance.
« Il n'y a pas de véritable autorité officielle et responsable qui soit en mesure d'examiner les programmes et de réguler le rythme de leur enseignement et de leur conseil », a-t-il fait remarquer.
Mais pour garantir que les institutions d'éducation religieuse sont utilisées pour promouvoir la paix plutôt que pour enflammer les tensions, elles « doivent être réglementées », a-t-il affirmé, et les licences de celles qui n'adhèrent pas aux programmes officiels doivent être révoquées.