Le Dar al-Fatwa libanais défend la coexistence

Le Dar al-Fatwa libanais travaille depuis quatre ans à élever le discours religieux, améliorer l'enseignement de la religion dans les écoles et encourager la coexistence et le civisme chez les jeunes musulmans.

S'appuyant sur ce travail, les grands muftis d'Égypte et de Jordanie et l'adjoint de l'al-Azhar se sont rendus à Beyrouth les 18 et 19 avril pour participer à une conférence explorant le rôle des institutions religieuses dans le renforcement de la paix et du dialogue.

Lors de cette conférence, organisée en collaboration avec la Fondation Berghof, une organisation non gouvernementale allemande, les participants ont échangé leur expertise et ont formé des comités de suivi afin de développer les programmes des écoles religieuses.

Les nouveaux programmes amélioreront le dialogue et la paix entre chrétiens et musulmans.

« Les intellectuels, les responsables politiques et les institutions religieuses arabes ont trois tâches principales », a expliqué Radwan al-Sayed, auteur, membre du conseil de la charia et conseiller du Grand mufti du Liban.

Ces tâches consistent à souligner le rôle de l'État, insister sur les principes pacifiques de la religion, et mettre en place des réformes pour corriger les perceptions négatives de l'Islam, a-t-il précisé à Al-Mashareq.

Les institutions religieuses de l'État peuvent jouer un rôle actif dans tous ces domaines, a-t-il affirmé.

« En raison des changements se produisant dans le monde et des divisions religieuses, il nous faut une approche réfléchie », a indiqué al-Sayed.

« En tant que travailleurs de ces institutions religieuses, et dans le cadre de notre réhabilitation émotionnelle, nous devons être porteurs d'un message pour aider la religion et nos communautés », a-t-il déclaré.

« Nous devons réhabiliter les institutions religieuses en développant les programmes d'éducation religieuse et en organisant le processus des fatwas », a-t-il ajouté.

Soutenir le Dar al-Fatwa

« Si vous suivez les événements en Syrie, en Irak et au Moyen-Orient [en général], vous pouvez voir une exploitation flagrante de la foi musulmane pour que tous les camps puissent justifier leurs actions et régler leurs comptes », a déclaré Feras Kheirallah, de la Fondation Berghof.

Une telle distorsion de l'Islam exige une position collective et des actions sérieuses de la part des musulmans et des institutions religieuses officielles afin de protéger la religion et de mettre fin à l'état de fragmentation qui met à mal la communauté musulmane, a-t-il expliqué.

« Les institutions religieuses officielles ont d'immenses responsabilités, car elles représentent l'Islam sur la scène locale et internationale », a-t-il affirmé.

« Dans cette perspective, nous travaillons avec le Dar al-Fatwa pour développer leurs plans, leurs stratégies et leurs outils, et nous investissons dans leurs équipes afin qu'elles soient capables de construire des ponts de dialogue et des canaux de communication avec des musulmans et autres », a-t-il fait savoir.

La Fondation Berghof a conclu un accord avec le Dar al-Fatwa en 2015 pour aider ses institutions et ses employés dans le but de restaurer la confiance entre les Libanais et les institutions religieuses.

En tant qu'institution religieuse officielle affiliée au gouvernement libanais, le Dar al-Fatwa supervise plus de 2 500 mosquées ainsi que le fond de la zakat, ainsi que plusieurs écoles et institutions d'enseignement supérieur.

Il supervise également les universités qui produisent les imams et les clercs.

« La rhétorique extrémiste dans la région prouve qu'il faut un Dar al-Fatwa fort pour apporter une image correcte de l'Islam », a affirmé Kheirallah, ajoutant que cela demande la mise à jour des programmes, la formation des imams et un soutien à la paix, au dialogue et à la coexistence.

« Nous avons travaillé avec le Dar al-Fatwa pour construire sa structure interne et celle des agences qui lui sont associées, et nous avons mené une étude sur l'enseignement religieux », a-t-il fait savoir, et nous avons commandé une étude sur les causes profondes de l'extrémisme.

Ces études ont pour but « de fournir des informations au Dar al-Fatwa pour servir de base pour la création de bonnes stratégies, comme la modernisation de la rhétorique religieuse dans les mosquées, et la modification des manuels scolaires religieux », a précisé Kheirallah.

Modernisation des manuels scolaires religieux

« En raison de son autorité sur les autres institutions religieuses officielles, le Dar al-Fatwa doit prendre l'initiative » pour superviser la réforme des programmes d'enseignement religieux, a affirmé Mohammed al-Nuqari, juge de la charia à Zahle, dans la vallée de la Bekaa.

Les manuels scolaires religieux publiés par le passé ne sont plus adaptés, et l'Islam doit désormais être enseigné avec une approche modernisée, a-t-il déclaré à Al-Mashareq.

Ces manuels doivent entrer dans le XXIe siècle, en « collaboration avec les universités locales et internationales affiliées avec les institutions pédagogiques islamiques supervisées par le Dar al-Fatwa, pour répondre à l'extrémisme », a-t-il expliqué.

Al-Nuqari a noté que la révision de l'éducation religieuse doit être mise en place pour « bâtir une nouvelle génération de prêcheur qui renforce le dialogue et donne des sermons modérés ».

Cela est essentiel pour « répondre à la rhétorique violente et extrémiste émergeant des mosquées ou de lieux qui ne sont pas reconnus par les institutions religieuses étatiques », a-t-il conclu.