Le Hezbollah a récemment envoyé un nouveau groupe de combattants en Syrie pour renforcer les forces alliées et du régime dans la bataille pour Alep, et plus tard pour Idlib, dans ce qui semble être une tentative d'influencer l'issue du conflit en faveur du régime, ont déclaré des experts militaires.
Hassan Nasrallah, dirigeant du Hezbollah, a déclaré plusieurs fois que la bataille de la province d'Alep était le plus grand affrontement stratégique du conflit syrien.
« Nous avons pour responsabilité d'accroître notre présence à Alep, et c'est ce que nous allons faire », a-t-il indiqué le 24 juin, 40e journée de la commémoration de la mort du commandant militaire du Hezbollah Moustafa Badreddine, en Syrie.
« Nos nombres à Alep sont importants, et non petits », avait affirmé Nasrallah.
Des analystes s'étant entretenus avec Al-Mashareq ont indiqué que les régimes syrien et iranien espèrent tirer parti de la situation à Alep pour augmenter la participation des combattants du Hezbollah dans le conflit, et mettre fin à la guerre en leur faveur.
Ils ont aussi prévenu que la présence grandissante du Hezbollah en Syrie, en particulier dans la bataille pour Alep, déclencherait des luttes sectaires dans toute la région.
Guerre par procuration
Il a été signalé que le parti faisait déplacer 4 000 de ses combattants libanais d'al-Qosayr – où il a une base militaire de l'autre côté de la frontière près de la ville libanaise d'al-Hermel – vers d'autres destinations syriennes, a déclaré le général de brigade Naji Malaeb, analyste en sécurité et stratégie et ancien membre de l'armée libanaise.
Des combats ont lieu dans la ville et ses quartiers, a-t-il déclaré, ajoutant que le Hezbollah est habitué à ce genre d'affrontements de rues et qu'il s'y prépare en utilisant ses soldats libanais et syriens.
La dernière mobilisation de la milice à Alep est une tentative d'influencer la fin de la guerre syrienne en faveur du régime, a-t-il expliqué.
Le Hezbollah mène une guerre par procuration « pour le compte du régime syrien » et de son allié iranien, a-t-il affirmé, afin que ceux-ci n'aient pas l'air autant en faute vis-à-vis des restrictions de la Cour pénale internationale sur l'utilisation de violences excessives dans les conflits militaires.
Le groupe veut utiliser une violence excessive à Alep pour compenser les lourdes pertes subies par l'armée syrienne, a expliqué Malaeb.
« Le groupe mobilise ses combattants pour combattre sous la supervision du Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), mais ils ne parviendront pas à l'emporter », a-t-il ajouté.
Implication continue en Syrie
« Il va sans dire que le Hezbollah donne la priorité à la bataille d'Alep, et cela est évident dans les positions de [Nasrallah] », a déclaré à Al-Mashareq l'analyste politique Ali al-Amin.
Celles-ci comprennent la présence du parti sur le terrain, « qui a mené à un nombre important de combattants tués », a-t-il précisé.
Le but principal du Hezbollah est d'améliorer sa popularité et le moral de ses combattants après avoir connu de lourdes pertes au combat, ainsi que de préparer psychologiquement sa base populaire pour l'implication continue dans la guerre syrienne , a déclaré al-Amin.
Le parti a mis en évidence son « implication à grande échelle dans la confrontation en Syrie et en particulier à Alep », a-t-il dit, notant qu'il participe aux combats sous la supervision du CGRI.
Le Hezbollah a apporté de nouveaux combattants dans ses rangs, a-t-il déclaré, en raison des pertes subies à plusieurs endroits et de la mort de plusieurs commandants de haut rang.
« Pour cette raison, les nouveaux combattants représentent la force principale du groupe alors qu'il se prépare à la bataille pour Alep », a-t-il ajouté, notant que le parti cherche d'autres guerriers en raison de son « engagement à combattre en Syrie ».
Il n'existe pas de chiffres précis concernant le nombre de combattants dans les rangs du parti, a-t-il indiqué, car « le Hezbollah ne révèle jamais le nombre de ses soldats » ou de ses morts.
Le Hezbollah a renforcé sa préparation et son nombre car son commandement central a décidé qu'une intervention militaire à Alep est nécessaire, en raison de « son importance centrale », a indiqué l'analyste en stratégie et général de brigade Richard Dagher, ancien officier de l'armée libanaise.
Déclenchement des tensions sectaires
« Le Hezbollah et ses partisans essaient de profiter du temps supplémentaire dans cette bataille en s'occupant de ce qu'il reste à combattre dans les quartiers de l'est d'Alep », a-t-il déclaré à Al-Mashareq.
Cela n'est cependant pas facile, car ces quartiers sont étalés sur une zone étendue, a-t-il poursuivi, avec une population d'environ un demi-million de personnes, comprenant des groupes d'opposition modérés et extrémistes.
En raison de la nature du parti « comme milice plutôt que comme acteur officiel de l'Etat soumis aux règles de la guerre », a-t-il indiqué, le régime syrien et ses allés utilisent le Hezbollah pour leurs propres objectifs.
« Comme le Hezbollah ne se soucie plus de la position officielle du Liban contre son ingérence en Syrie au cours des quatre dernières années , son rôle dans la guerre en Syrie, surtout à Alep, déclenchera des conflits sectaires dans la région toute entière », a affirmé Dagher.
« Si le Hezbollah s'empare de l'est d'Alep, nous verrons des réactions en Syrie, au Liban et dans la région », a-t-il conclu.