Des législateurs, des experts et des érudits religieux de toute la région se sont réunis à Beyrouth au début du mois pour travailler sur un livre blanc qui souligne le rôle de la citoyenneté pour la préservation du pluralisme social et religieux face à l'extrémisme.
Une réunion le 8 septembre à l'Institut de la gestion de la citoyenneté et de la diversité de la Fondation Adyan a rassemblé 23 législateurs, experts, universitaires et érudits religieux venus de pays comme l'Égypte, la Jordanie, l'Irak et la Tunisie.
Les participants ont abordé le rôle de la citoyenneté pour la préservation des libertés et du pluralisme religieux, et ont souligné le besoin de clarifier un discours religieux dans les mosquées et les églises qui rejette le rejet des autres en tant que « takfiristes »
Cette réunion, intitulée « Liberté religieuse et citoyenneté inclusive dans le monde arabe », a cherché à développer un langage commun entre les pensées religieuses, civiles et politiques et à formuler un livre conjoint pouvant être utilisé pour créer une feuille de route pour préserver la diversité face à l'extrémisme.
« Il existe un besoin d'aborder les sujets de la liberté religieuse et de la liberté de conscience selon les perspectives des droits de l'Homme, de la philosophie et de la religion et de l'élaboration d'un langage commun et une méthodologie de pensée commune pour contrer la diffusion des idées extrémistes et obscurantistes », a déclaré Nayla Tabbara, directrice de la fondation.
Ce besoin est apparu « à un moment marqué par des atteintes généralisées contre les libertés et droits de groupe et individuels, allant jusqu'à l'esclavage et le génocide », a-t-elle indiqué à Al-Mashareq.
La propagation de l'idéologie extrémiste utilisée par des groupes comme « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) menace la capacité des gens à comprendre les droits de l'Homme et le droit à la différence, a-t-elle affirmé.
Construire sur des valeurs positives
Les participants ont affirmé l'importance de bâtir sur l'héritage des droits de l'Homme, religieux et philosophique en ce qui concerne la liberté religieuse, et sur les précédentes politiques et initiatives sur le sujet, a indiqué Tabbara.
Les participants ont également « souligné le besoin de travailler à la cristallisation d'un langage commun résultant d'un dialogue entre la pensée religieuse et la pensée civile et des droits de l'Homme », a-t-elle expliqué.
« Nous produirons un livre blanc sur la liberté religieuse et la citoyenneté qui favorise la diversité dans le monde arabe, pour lancer un langage commun qui servira de base sur laquelle on peut construire », a ajouté Tabbara.
Cela sera fait à travers la sensibilisation publique et l'éducation religieuse, a-t-elle expliqué, et par le travail des droits de l'Homme sur les politiques et l'activation des lois qui garantissent la liberté de croyance.
« Le point de départ pour le langage commun et le livre conjoint est la citoyenneté qui favorise la diversité comme cadre essentiel et le seul capable de satisfaire tout le monde de façon égale et d'apprécier la diversité face à l'extrémisme », a-t-elle déclaré.
Contrer le discours haineux
Le discours haineux doit être contré à plusieurs niveaux, a affirmé Ziad al-Sayegh, coordinateur du projet de citoyenneté de l'Institut de la gestion de la citoyenneté et de la diversité.
Ceci comprend la critique constructive des textes religieux qui ont été manipulés pour accuser d'autres personnes d'êtres des non-croyants et des apostats « au point de les éliminer », a-t-il indiqué à Al-Mashareq.
Le discours religieux a également besoin d'être mis à jour, a-t-il poursuivi, pour mettre l'accent sur les éléments qui acceptent et respectent la diversité et affirment « la valeur des humains et leur dignité et leur liberté, quelle que soit leur appartenance religieuse ».
De plus, a-t-il indiqué, l'éducation doit souligner l'égalité de citoyenneté et promouvoir le fait de comprendre que les différences sont source de richesse culturelle ; et des lois protégeant la liberté religieuse et garantissant le respect de la diversité doivent être adoptées.
Afin de contrer l'idéologie propagée par les groupes extrémistes, a-t-il déclaré, les législateurs doivent ratifier et mettre en place des conventions, accords et traités internationaux sur la liberté de religion et la citoyenneté qui favorisent la diversité.
Ils doivent également mettre à jour les constitutions et les lois s'opposant au discours haineux, et bâtir un cadre démocratique cohérent qui affirme la participation des minorités dans la prise de décision, a-t-il affirmé.
Protéger la liberté de religion
De même, a ajouté al-Sayegh, les chefs religieux doivent mettre en exergue « des valeurs spirituelles et humaines qui soutiennent la liberté de religion et reconnaissent la diversité ».
« La citoyenneté rend égaux tous les citoyens, quelle que soit leur foi et leurs croyances, et protège les libertés individuelles et publiques, en particulier la liberté religieuse », a déclaré Mohammed al-Sammak, membre du Comité national de dialogue islam-chrétienté, travaillant comme conseiller du Grand mufti du Liban.
C'est la seule chose qui puisse « sauver les peuples du monde arabe des griffes de la sédition et leur permettra de jouer leur rôle dans la progression de la civilisation humaine vers la paix, le progrès et la prospérité » a-t-il affirmé à Al-Mashareq.
« La liberté de religion est justifiée par toute une série de principes, le plus important étant la préservation de la dignité humaine, quelle que soit la religion, et la liberté de croyance, qui est également consacrée dans le verset coranique "Il n'y a pas de contrainte dans la religion" », a-t-il indiqué, insistant sur le fait que « les principes islamiques rejettent l'extrémisme ».