Éducation

Un programme pédagogique aide les jeunes syriens à résister à l'extrémisme

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Deux jeunes syriens, portant des vêtements dénonçant le terrorisme, participent au programme Éducation pour la paix et la résilience au Centre académique al-Ihsane du Liban. [Photo fournie par le Centre académique al-Ihsane]

Deux jeunes syriens, portant des vêtements dénonçant le terrorisme, participent au programme Éducation pour la paix et la résilience au Centre académique al-Ihsane du Liban. [Photo fournie par le Centre académique al-Ihsane]

Plus d'un millier d'enfants syriens au Liban et en Syrie ont récemment terminé un programme pilote cherchant à les immuniser contre l'idéologie et les efforts de recrutement de groupes comme « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL).

La Fondation Adyan, qui encourage les études interreligieuses et la solidarité spirituelle, a lancé le programme Éducation pour la paix et la résilience au Liban au cours de l'année scolaire 2015-2016, en collaboration avec des partenaires locaux.

Ce programme, incluant des enfants de camps de réfugiés âgés de 6 à 15 ans, a offert un soutien psychosocial et une éducation de paix, ainsi que le renforcement de la diversité religieuse à travers des activités hebdomadaires dans les écoles et les centres pédagogiques.

En juillet, la fondation a organisé un atelier pour évaluer le programme avec des éducateurs en Syrie et au Liban, lesquels ont conclu qu'il devrait se poursuivre au vu de son succès à influencer le raisonnement et le comportement des enfants.

Le Centre académique al-Ihsane, basé à Akkar, dans le nord du Liban, éduque 260 écoliers âgés de 4 à 15 ans, sous la supervision d'enseignants syriens.

« Depuis que nous avons le centre il y a trois ans avec le soutien de la Fondation Malak, nous avons géré de nombreux problèmes parmi les enfants, comme la violence, les préjugés, le renfermement et l'inquiétude quant à l'influence que les organisations terroristes peuvent avoir sur leurs pensées et leurs comportements », a expliqué le directeur pédagogique du centre, Abdoul Rahim Hassian.

Ce programme a été utile pour encourager une culture de dialogue et de tolérance, a-t-il déclaré à Al-Mashareq, notant qu'il a réussi à guider les écoliers vers le rejet de l'extrémisme et de la violence.

Le centre avait précédemment observé que beaucoup d'enfants « ne connaissaient pas ces questions et jugeaient mal les autres religions », a-t-il indiqué, ajoutant que « nous avons travaillé dur pour leur enseigner la diversité culturelle et religieuse et les rendre conscients des dangers de l'idéologie extrémiste ».

« Nos écoliers ont compris que les [kamikazes] et les terroristes sont des criminels envers eux et la religion, et ils savent désormais comment résister aux incitations des groupes terroristes et à leurs tentatives de les recruter et de leurs laver le cerveau », a-t-il indiqué.

Formation complète des enseignants

Avant de prendre part au programme, 47 éducateurs au Liban et en Syrie ont reçu une formation à travers 24 cours éducatifs interactifs, a expliqué à Al-Mashareq Samah al-Helwani, directrice du programme.

« Ce que les enseignants et les éducateurs venant de différents milieux ont appris, ils l'ont appliqué lors de l'année scolaire 2015-2016 dans les écoles et les centres pédagogiques qui reçoivent des écoliers syriens », a-t-elle indiqué.

Chaque semaine, environ 1 380 écoliers au Liban et à Damas, Alep, Homs et Tartous en Syrie ont bénéficié de cours d'une heure parlant de sécurité, de violence, de dialogue et de diversité culturelle, religieuse et sociale, a-t-elle déclaré.

« Notre programme vise à protéger les enfants et les rendre conscients des dangers qui les guettent, principalement la possibilité qu'ils puissent être influencés par des groupes terroristes cherchant à les éconduire », a-t-elle ajouté.

L'atelier d'évaluation du programme de juillet a mis en évidence le rôle vital que l'éducation peut jouer dans les populations touchées par un conflit, a-t-elle indiqué, ajoutant que des rapports envoyés par des éducateurs montrent que l'éducation est « un outil vraiment encourageant pour construire la paix et un futur prometteur pour les jeunes générations ».

Les formulaires d'évaluation remis à la fin de l'année scolaire indiquent que plus de 60 % des enfants ayant participé au programme déclarent désormais qu'ils ne rejoindront pas de groupes extrémistes, a indiqué al-Helwani.

De plus, les enfants qui disaient vouloir revenir en Syrie pour rejoindre des groupes armés disent maintenant qu'ils souhaitent vivre en paix et recevoir une éducation, a-t-elle rapporté.

Protéger les adolescents du lavage de cerveau

Rania Mansour, professeur de travail social et de développement à l'université libanaise, qui préside également le département de travail social de l'Université de commerce et des sciences, a indiqué qu'elle avait remarqué une nette amélioration dans le comportement des enfants syriens lorsqu'elle surveillait le programme.

« Ces enfants viennent d'un pays ayant une frontière commune avec plusieurs autres, et de communautés ayant des cultures et des traditions différentes, ce à quoi l'on peut ajouter les conflits armés qu'ils ont vécus ou dont ils ont entendu parler », a-t-elle déclaré.

Bien qu'ils montraient auparavant une tendance à l'utilisation de la violence pour résoudre les litiges, a-t-elle indiqué – même avec leurs propres parents –, ils utilisent désormais beaucoup plus des solutions pacifiques et le dialogue.

Le programme, qui cherche à aider les enfants syriens à préserver leur identité tout en apprenant à accepter les autres issus de cultures et de religions différentes, porte principalement sur l'immunisation des enfants contre le fait de rejoindre des groupes terroristes, a expliqué Mansour.

Il a porté sur des enfants déplacés et des réfugiés adolescents, a-t-elle déclaré, car c'est la tranche d'âge la plus susceptible d'avoir le cerveau lavé par des groupes comme l'EIIL.

En mettant l'accent sur la citoyenneté, en inculquant un sentiment d'appartenance et en apportant un soutien psychologique, le programme espère immuniser les enfants syriens déplacés contre les influences néfastes, a conclu Mansour.

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